Bon baisers des limbes

Je regardai Jenny, qui avait envie de répondre à son père qu’un T-Rex, c’était aussi un dinosaure, et qu’elle avait dit ça pour dédramatiser, sur le ton de la boutade. Mais elle avait compris que ce n’était pas le moment. Aussi, elle ne fit aucun sarcasme et resta tranquille Puis Mary parla de Gallifrey, était t’il possible que les limbes n’existent encore que parce que cette planète subsistait, et que j’avais eu tout faux en pensant qu’elles étaient cachées dans un autre espace-temps que la planète originelle des seigneurs du temps.
Mais, Mary avait raison sur un point, ce n’était pas le moment de s’interroger là-dessus. Mais, à mon retour, je l’interrogerai sur les visions que j’avais eues plus tôt, et sur le vieil homme qui contemplait Arkadia, celui qui accompagnait mon docteur, et récitait le serment du docteur avec lui, et l’autre, au gros menton.
Puis, Mary proposa de se séparer, elle avait raison, à mon sens. On couvrirait plus de terrain, et serait plus discrets en encore plus petits groupes. Je regardai Jenny, et je vis qu’elle faisait inconsciemment un pas vers son père. Je me souvenais qu’avec Mary, c’était assez difficile pour elle.

R : Je pense que je vais aller avec Mary, ainsi, on aura la possibilité de suivre nos positions avec les tournevis soniques, et comme ça, tu pourras surveiller que ta fille ne laisse pas les limbes en champ de ruines, enfin, plus qu’elles ne le sont déjà. Je n’aurai pas ma petite pile pour me recharger, il va falloir que je fasse gaffe à ne pas brûler d’énergie. Et sinon, le nord, c’est de quel côté ? J’ai pas prévu de boussole !

Je savais bien que mon sonique me l’aurait dit, mais j’avais envie de plaisanter, de ne pas laisser la morosité s’installer dans le groupe, c’était aussi ce dont se nourrissaient les limbes, tristesse et désespoir.
Je me tournai vers la dame du temps, et laissai le docteur avec sa fille, ça serait une bonne chose de les laisser à l’aventure tous les deux, elle en avais sans doute besoin, et lui aussi, je présumais.

Nous partîmes en direction du nord de la plaine, je me sentais tellement revigorée par ce baiser que j’étais prête à tout traverser d’une traite, si ça pouvait me permettre de retrouver plus vite mon docteur.
La partie nord du labyrinthe ressemblait à une grande muraille de cristal, complètement lisse.

M : Oh, ça faisait longtemps que je n’en n’avais pas vu, un mur d'asbzentium, ce matériau est environ quatre cents fois plus dur que le diamant, nous n’arriverons pas à l’ébrécher, ce n’est pas possible, quant à le traverser, il nous faudrait plusieurs millions d’années.

Nous continuâmes de longer ce mur infranchissable, et finîmes par atteindre une sorte de poterne. Je sortis mon sonique m’empressai de scanner l’intérieur en quête d’informations. Apparemment, ça donnait sur un passage souterrain, peut être destiné à la maintenance, ou pire, à l’évacuation. Mais nous n’avions pas le choix. Je pointai mon sonique, et forçai la serrure et la porte s’ouvrit, dans un terrible grincement qui brisa le silence de ces lieux, donnant accès à une échelle qui descendait dans les profondeurs. Une odeur nauséabonde s’échappa lors de cette ouverture, une odeur de renfermé, mais également de mort. Décidément, les lieux n’étaient pas accueillants. J’essayai de prendre les choses avec humour, et stoïcisme

J : J’espère que nous avons le cœur bien accroché… C’est pour la bonne cause.

Je m’avançai et saisis l’échelle, puis descendis un nombre incalculable de barreaux. J’avais l’impression que la descente de s’arrêterait jamais. Puis, je finis par toucher le sol, en me disant avec tristesse que ce qu’on avait descendu, il faudrait certainement le remonter plus tard…
Je regardai autour de moi, et, j’allais utiliser la fonction lumineuse de mon sonique, lorsque Mary m’arrêta, et me chuchota.

M : Surtout, pas de lumière, les créatures qui vivent là dedans seraient attirées par elles. Et un minimum de bruit aussi. Je vais utiliser mes sens de dame du temps pour nous guider, et créer une forme d’illusion autour de vous pour que vous ayez l’impression de voir. Oh non, c’est pire que je ne le craignais, Rassilon, qu’as-tu fait ?

L’illusion de Mary me donna l’impression d’une sorte de couloir illuminé. Quand je dis un couloir, je devrais plutôt parler d’un conduit d’égouts, avec un flux d’eau dégoûtante qui coulait en son milieu. Ce qui expliquait l’odeur pestilentielle. Mais, le pire, était l’espèce de matière visqueuse qui recouvrait les murs, et qui semblait organique, voire vivante.

M : Surtout, ne t’approche pas de ces murs, ce sont de très vieux Daleks, qui ont été abandonnés dans ces égouts, mais, comme ils ne meurent pas de vieillesse, ils pourrissent lentement le long de ces murs. Une fin horrible, même pour eux. Certains doivent végéter ici depuis des millénaires.

Je les regardais avec un mélange de fascination, et de pitié, lorsque Mary me saisit le poignet, et m’entraina plus en avant dans ces égouts.

Nous avancions dans les égouts, lentement, à l’affut du moindre bruit, de signes d’hostilité. Mais, rien ne semblait vivant dans cet environnement. Sans doute que, même mourants, les Dalek avaient exterminé toutes les créatures qui étaient passées à portée. Rassilon les avait certainement mis ici pour ça, pour décourager ceux qui auraient trouvé cette issue.
Toujours grâce à l’illusion de Mary, j’avançai assez sereinement, regrettant de ne pas avoir pris de meilleures chaussures. Finalement, nous parvînmes à une grande salle dans laquelle se trouvait une échelle qui montait.
Nous grimpâmes cette échelle qui, malheureusement grinçait, ce qui attira l’attention des Dalek, qui commencèrent à se mouvoir lentement dans notre direction. Même si elles n’étaient pas en mesure de s’exprimer, il n’était pas difficile d’imaginer ce à quoi ces créatures pensaient. Leur naturel exterminateur prenait le dessus. J’escaladai l’interminable échelle le plus rapidement possible, et je finis par atteindre le sommet, après une montée qui me sembla durer une éternité. Pour en arriver à une grille verrouillée.
Je saisis mon tournevis, et m’attelai à forcer le verrou. Les créatures étaient encore loin, c’était assez rassurant. Mary les ralentissait avec des illusions aussi, mais, les bruits de mon tournevis les interpellaient. Finalement, la grille sauta, et je pus m’extraire de ces égouts, puis je tendis la main à Mary pour l’aider à sortir.

M : Je suis bien contente de sortir de là, même si le plus difficile reste devant nous. Maintenant que nous sommes entrées dans le labyrinthe des limbes, on peut s’attendre à tout.

Je me demandais si nous allions trouver une opposition, et, de quel style. Normalement, là dedans, il n’aurait rien dû y avoir de dangereux, Rassilon, à ce que j’avais compris, laissait ses victimes mourir lentement, et à petit feu, avec toute la cruauté dont il était capable.
Je pensais à mon docteur, et à ma Jenny, et j’espérais qu’eux aussi serait arrivés à entrer sans trop de difficultés.
Un bruit me fit sursauter, un de ces vieux Dalek tentait de s'extirper de la bouche d’où nous venions de nous extraire. Mary sortit rapidement de son sac, une bouteille d’alcool et un briquet, ce qui lui permis d’enflammer la créature, qui gémit, et tomba au bas de l’échelle, et enflamma possiblement les autres créatures environnantes.
Je regardai autour de nous, nous nous trouvions dans une sorte de petite tonnelle d’apparence sinistre, car formée d’ossements. Et la porte de celle-ci donnait sur une allée de mauvaise augure, car pavée de crânes.
Je compris ce que voulait dire le docteur, au sujet de la nature des limbes, une sensation de froid me mordit à l’intérieur, et je sentis comme si mon énergie était lentement grignotée. Il ne me faudrait pas rester longtemps dans cet environnement sinon, ça pourrait m’être fatal. Mais, pour le moment, cet effet était suffisamment lent pour me laisser le temps de voir venir.
Je regardai Mary, et m’avançai sur le chemin pavé de crânes, en me demandant ce qu’il allait bien pouvoir nous arriver, et, ce faisant, je mis mon tournevis en mode émission de signal pour que mon docteur puisse nous repérer le moins difficilement possible.

Nous marchâmes le long de cette allée, craignant que ces crânes se mettent à nous dévorer, selon mon tournevis, il n’y avait pas de danger, mais j’ignorais si les données étaient fiables, dans cet environnement. Finalement, nous en arrivâmes au bout, pour trouver une intersection. Quelle direction prendre pour retrouver Serenity ? Je me tournai vers Mary, pour avoir son avis. Elle regarda autour d’elle, puis pris sa décision.
M : Si je regarde autour de moi, à perte de vue, je ne remarque rien. Mais, je sais qu’on est tournées vers le sud, en traversant la façade nord. Si le docteur et Jenny ont traversé, ils doivent venir du sud. Je propose qu’on se dirige dans cette direction, pour aller à leur rencontre, et ça nous fera approcher de l’entrée du labyrinthe.

Je n’avais pas de meilleure idée, alors, j’acquiesçai, et nous primes le chemin en face de nous. Mon tournevis ne détectait pas de signe de vie, rien à proximité, pas de trace de mon docteur, et pas de trace non plus de Sérénity. Après quelques mètres, un autre bruit étrange parvint à nos oreilles. Une créature rodait dans l’allée, un truc qui ressemblait vaguement à un détraqueur, je me glissai dans son dos, et la scannai. Puis, je revins vers Mary.

R : Une créature synthétique, encore une créature de Rassilon. Apparemment, elle se déplace très lentement, et serait mortelle au toucher. On va éviter de s’en approcher.

Finalement, Mary décida que nous ne devions pas perdre de temps, et on pris une autre allée. Celle-ci nous amena à une autre intersection. Sur la gauche, se trouvait une sorte de place, avec un arbuste planté au milieu. Nous nous rendîmes sur cette esplanade, je regardai le baliveau, étonnée qu’une plante puisse pousser en ces lieux.
La place semblait quand même plus accueillante que le reste du labyrinthe que nous avions rencontré. J’espérai que les amis nous rejoindraient vite en ces lieux. Pour le moment, je laissai une trace de notre passage, en gravant sur le mur la date et l’heure de notre passage, et la direction de notre arrivée et notre destination.

On resta un petit moment, avec Mary, sur la placette, à se prendre un thé, en espérant que le docteur et Jenny finissent par nous rattraper. Même si c’était assez faible, cette collation me redonna un petit peu d’énergie, je me dis que j’avais de quoi manger dans mon sac, si je me sentais faible. Toujours pas de détection du docteur sur le sonique.

Le ciel se voila subitement, et je vis Mary pâlir.

M : Elles sont là, et elles s’activent. On les appelle les sentinelles, elles sont là pour apporter de la terreur aux condamnés, mais également à s’assurer que des visiteurs imprévus tels que nous ne perturbent pas le mauvais déroulement de cet enfer. Il faut qu’on se cache.

Je regardai autour de nous, mais rien ne permettait de se cacher à proximité, nous filâmes dans une allée voisine, en écoutant bien ce qu’il se passait autour. Une créature semblable au spectre encapuchonné de tout à l’heure passa sur la place, et avança pour faire le tour de la place. Mary me saisit le bras, et m’emmena vers l’allée d’où venait la créature.

M : Elle va venir dans l’allée où nous sommes, alors qu’elle a déjà vérifié cet endroit, on peut disparaitre en se cachant dans son sillage.

Quelques secondes plus tard, la créature disparut dans l’allée où nous étions quelques minutes auparavant. Mary avait eu raison. Mais d’autres pouvaient arriver. Nous avançâmes dans l’allée suivante, lentement, en faisant très attention au moindre bruit, à être les plus silencieuses possibles, et, à l’intersection suivante, un bruit sur notre gauche, nous incita à partir à droite. Je pris le temps de laisser une rapide marque sur le mur, j’espérais que le docteur tombe dessus. Un autre bruit nous parvint, et nous nous dépêchâmes de continuer notre route dans l’allée, je me demandai combien il pouvait y en avoir de chemins, d’allées et d’autres passages dans ce labyrinthe.

Encore un nouveau croisement, on prit tout droit, d’instinct, je m‘arrêtai encore, tout en restant très attentive, pour laisser un message sur le mur.
J’espérais que cette période de patrouille ne dure pas trop longtemps, mais je me faisais guère d’illusions, ça risquait de prendre un petit moment.
Sentant mon désarroi, Mary posa sa main sur mon épaule.

Mon énergie avait quand même bien baissé de niveau, je me sentais comme fiévreuse, et j’avais l’impression que des jours s’étaient écoulés, mais c’était difficile à dire, dans ce dédale, il était difficile d’avoir le moindre repère temporel. Mais, le ciel venait de se dégager, les sentinelles avaient du repartir d’où elles venaient.
Une nouvelle intersection nous amena dans une zone différente, qui ressemblait plus à ce que j’avais vu dans ma vision. Je me souvins du parcours que j’avais vu faire à Serenity, même si ça ne nous mènerait certainement pas à elle, elle avait certainement bougé, c’était déjà un départ. En plus, mon tournevis détectait des signes de vie, j’espérais que ce n’étaient pas des leurres ou des fausses pistes dues à cet environnement étrange.
Puis, soudain, mon tournevis bipa, celui du docteur n’était pas très loin. J’avais presque envie de crier son nom, tellement j’étais impatiente de le retrouver, mais je ne savais pas si je criais, qui répondrait. De nombreuses créatures, comme ces sentinelles étaient synthétiques, et non enregistrées dans le tournevis. Il était possible que je ne les détecte pas.
Je signalai à Mary que le docteur nous suivait de peu, et, nous nous mîmes d’accord pour l’attendre. Alors, nous nous asseyames et sortîmes une collation de nos sacs. Petit thé sympa en territoire hostile, pour la seconde fois depuis que nous étions là.
Quand le docteur allait nous rejoindre, il risquait d’être surpris en nous voyant dans cette position, mais il fallait bien recharger les batteries. Et alléger le sac aussi.

R : Je suis certaine que Serenity est quelque part par là bas, j’ai détecté des signes de vie, reste à espérer qu’on la retrouve rapidement.

Je souris, je sentais qu’on touchait au but. Depuis le temps que j’attendais le moment de réparer cette injustice, et je sentais que Mary avait l’air assez impatiente de la revoir, elle aussi, après tous ces siècles.

R : En attendant que le docteur arrive, j’ai une petite question, si on trouve d’autres personnes, dans ces limbes, que devra t’on faire ? Les sauver, ou les abandonner ici ?

Je savais que la décision reviendrait au docteur, mais, j’avais l’envie de connaitre l’avis de Mary aussi, moi, je n’avais aucune idée, j’ignorais si il y avait des criminels dans cet endroit, ou si ce n’étaient que des gens qui n’avaient eu que le tort de déplaire à ce monstre qu’était Rassilon.

On était en train de ranger le pique nique, lorsque mon tournevis bipa, je regardai le message, et me figeai une seconde ! Non, pas ma Jenny ! Je laissai tout en plan, et me précipitai dans la direction du signal. J’ignorais ce qu’il avait pu se passer, et je m’inquiétais beaucoup. Tout le reste m’était sorti de la tête, et je tapai un sprint, suivie par Mary qui m’implorait de l’attendre.
Finalement, au détour d’un chemin, je les aperçus, et, je me précipitai dans leur direction, ma petite Jenny était allongée au sol, et ça me figea le cœur. Je finis par arriver à leur hauteur, et je m’accroupis auprès d’elle. Elle était faible, et je vis que son bras avait viré au bleu. Mais pourquoi ne se régénérait t’elle pas ? Je la soupçonnai être victime d’un poison anti seigneurs du temps, encore un joli coup de vache de ce sale Rassilon. J’aurais aimé lui passer dessus avec un rouleau compresseur, à celui là.
Je voyais l’aiguille empoisonnée dans son bras, il me paraissait logique d’arriver à l’extraire sans la casser. Je regrettais de ne pas avoir de formation médicale, ni de vraie trousse à pharmacie. Et, cette fois ci, taper dessus ne servirait à rien.

R : Désolée, ma belle, je vais devoir faire comme j’ai vu au cinéma.

Je dénouai mon lacet, et m’en servis pour faire un solide garrot autour de son bras. Ainsi, le poison ne se propagerait pas plus dans le reste de son organisme, puis, je pratiquai une entaille au niveau de l’aiguille, la plus profonde possible, et enlevai doucement cette horreur. Et j’aspirai le venin, comme je pouvais, tout en recouvrant le bras avec le médigel qu’il me restait. J’en passai tout le stock, mais c’était pour la bonne cause. Et, tant pis, j’étais prête à tout pour mon amie, et je commençai à lui donner un peu de mon énergie pour l’aider à se soigner, même si je savais qu’ici, ça pourrait me coûter cher d’en manquer, plus tard.

Le docteur m’arrêta, et je le regardai, rassurée. Jenny reprenait doucement une coloration normale, et, bientôt, elle serait à nouveau en mesure de faire tourner son père en bourrique.
Un mois ? Tant que ça ?

M : Il doit y avoir des poches temporelles ici, qui courbent le temps, et le fait passer de manière plus ou moins rapide, il va falloir y faire attention aussi, à ces courbures, si nous ne voulons pas passer un siècle ici. Surtout que je ne suis pas certaine que les jeunes tiennent aussi longtemps.

Elle nous regarda avec son air un peu hautain que je détestait tant, mais, je ne relevai pas, cette fois ci. Je me remis debout, plutôt, et aidai Jenny à faire de même, elle était encore faiblarde, aussi, je l’aidai à se mouvoir en direction de la seconde partie du labyrinthe que j’avais remarquée plus tôt.

M : Vous avez eu un piège de ronces, des buissons de Judée, je suppose, un poison mortel, nous, nous avons dû passer par des égouts puants, qui servaient accessoirement de décharges à vieux Dalek. Pas très agréable non plus.

R : Je crois que je ferai une mauvaise critique de cet endroit sur Trip Advisor.

J : De quoi tu te plains ? C’est carrément ce qui était décrit sur la brochure !

On se mit à s’esclaffer toutes les deux, encore un bon moment de complicité entre nous. Puis, nous reprîmes notre route. Je me sentais assez en forme pour la soutenir un moment, en tout cas, le temps que son organisme de dame du temps finisse de chasser le poison de son corps. Je la sentais encore tremblante, signe que sa réaction immunitaire était en cours.
Mais ça n’allait pas être pratique de marcher avec un seul lacet, et je me demandai si je ne serais pas gagnante de continuer pieds nus. Ou pas, je ne savais pas trop sur quoi je risquais de marcher.
Puis nous arrivâmes dans la partie nuageuse et brumeuse où j’avais remarqué des signes de vie un peu plus tôt. Est-ce que les prisonniers se cachaient dans cette brume pour devenir moins visibles aux yeux des gardiens ?

Jenny avait l’air de bien se remettre, et finit par se libérer de mon soutien, le médigel avait permis qu’elle se remette bien correctement, sans avoir besoin de brûler trop d’énergie, et son visage reprenait des couleurs.
Puis, le docteur nous parla des pièges qui nous attendaient. Et, étrangement, ça eut l’air de la motiver encore plus. Peut être que son expérience de soldate, et ses qualités allaient pouvoir lui permettre d’impressionner son père. Et, je la vis se diriger tranquillement vers la zone incriminée.
Moi, je maudissais Rassilon pour avoir mis une telle intelligence au service de causes aussi maléfiques. Qui sait ce qu’il aurait pu faire s’il avait voulu se comporter en docteur. Et une pensée me revint en tête, Mary avait dit qu’il était possible que Gallifrey soit encore existante, ce qui voulait dire que ce monstre pourrait être en vie. Et que se passerait t’il si nous devions l’affronter ? Allez, Rose arrête de gamberger, et suis le mouvement, Jenny va s’impatienter. Et puis, il n’y a que deux heures pour avancer là dedans, et trouver un abri en hauteur.
Jenny sortit un espèce de bâton de son sac, et se mit à avancer en tapotant le sol, telle une malvoyante, une bonne idée, nous ignorions ce qu’il y avait sous cette brume au sol, et si nous ne risquions pas de tomber sur un trou, garni de pointes empoisonnées, évidemment.

J : Ecoutez bien mes directives, et soyez prêts à réagir au moindre ordre.

Et, quelques secondes plus tard, elle nous cria de nous baisser, ce que je fis instantanément, et sentis un coup de vent passer au dessus de ma tête.

J : Un shuriken géant pour commencer, monsieur Rassilon a de l’idée, j’aimerais bien le rencontrer, lui, autour de son cercueil ou je me serais fait une joie de l’enfermer !

Puis, elle repris sa route, je la sentais dans son élément, en zone hostile, face à des armes qu’elle paraissait connaitre, mais je voyais qu’elle ne prenait néanmoins aucune menace à la légère, et ne se laissait pas griser. Elle voulait prouver qu’elle était capable de tenir tête à Rassilon et ses pièges, et qu’elle était digne de l’élite des seigneurs du temps. Et c’était là que je compris pourquoi elle s’entendait aussi bien avec des créatures comme Venom, qui était, lui aussi une créature issue d’expérimentations, et non conçu naturellement, et avait besoin, au fond, de prouver plus que les autres, son appartenance à sa race. Pour moi, Jenny n’avait pas à prouver qu’elle était digne des seigneurs du temps, c’étaient les seigneurs du temps qui n’étaient pas dignes de Jenny !

Enfermer les gens pendant des millénaires, dans cet enfer, et des personnes innocentes, qui plus était, j’enrageais. Je savais bien que j’étais trop sensible, mais, ça allait à l’encontre de mes valeurs, tout ça.
Je faisais très attention à Jenny, qui assurait vraiment comme une déesse, elle prenait le temps de déclencher les pièges pour les esquiver, et les désarmer de la sorte. Au moins, le temps que ça se recharge. Lance flammes, épieux, lames volantes, rien ne semblait en mesure de la gêner, ni même de la ralentir, je l’entendais par moment grommeler contre son peuple, contre ce dirigeant qui avait créé ça. Elle aussi, ses gènes de docteur hurlaient contre cette hérésie, au fond, j’en avais de la peine pour elle, moi, je n’avais pas de lien avec de Rassilon, et pas ce fardeau à porter, mais elle, si jeune, devoir découvrir son peuple, ses racines à travers ça. Au fond, je me disais que c’était comme si j’avais du découvrir l’humanité au travers des combats de gladiateurs, du Bloody Sunday ou des massacres au Tibet. Heureusement que, de part son père, elle avait l’exemple de ce que son peuple pouvait avoir de meilleur.
Nous avions de la fumée jusqu’à la taille lorsque Jenny leva le bras pour nous faire signe de nous arrêter.

J : Il va falloir faire une pause, je distingue un endroit surélevé et aéré là bas, on va s’en approcher, et s’y mettre à l’abri, le temps que cette fumée retombe. Et je remarque que papa a encore voulu faire le franc tireur et partir de son côté. On ne le changera pas.

Mary sourit, amusée par la remarque, moi, je m’inquiétai quand même un peu, il n’avait pas prévenu. Je lui envoyai un message sur le sonique pour savoir où il était, et me remis à suivre Jenny, qui nous emmena à l’abri qu’elle avait remarqué. Elle avait bien fait d’anticiper parce que cette fumée était d’une densité importante, et freinait bien nos mouvements, en plus de pièges a éviter. Et, au moment d’arriver à notre refuge, nous en avions presque aux épaules.

Une fois dans cet endroit, je m’époussetai, et envoyai un message à mon époux pour le rassurer en l’informant que nous étions à l’abri.

R : j’ai eu des aventures gratinées avec le docteur, mais celle là est en haut du panier, c’est aussi la première fois que je vis quelque chose autant en rapport avec son peuple.

Jenny était dans ses pensées, en regardant la brume qui tardait à redescendre, elle aurait aimé en savoir plus sur le côté noir des seigneurs du temps, sur Rassilon aussi, mais, elle n’osait pas poser la question à Mary, elle avait peur de rouvrir de vieilles blessures.

Jenny s’assit sur le tabouret.
J : Merci Tatie, je me pose beaucoup de questions sur ce Rassilon, sur qui il était en réalité, partout où je vais, j’entends des gens qui ont souffert à cause de lui, à cause des gens qu’il a trahis, des guerres qu’il a créées. Et, pour moi, au fond, il représente la partie la plus sombre qu’il puisse y avoir dans ce qu’on est.

Mary la regarda, et lui répondit.
M : SI tu as peur de devenir comme lui, ne crains rien, cet être était tout ton opposé. A l’origine, il y avait trois êtres, forgés dans la guerre. Ils travaillèrent sur des armes complexes et très destructrices. On ignore beaucoup de choses, car ces infos sont antérieures à notre civilisation, on sait juste que cette arme a été créée par un seigneur du temps nommé Oméga. Et celui-ci mourut peu de temps après, à ce qu’on dit. Certains pensent que Rassilon l’aurait tué pour lui voler cette technologie, mais, personne ne peut l’affirmer, et le troisième, celui qu’on appelle « l’autre », on ignore tout de lui, il aurait disparu à cette époque. Mais cette « arme » était le moyen de voyager dans le temps. C’est en s’appuyant là-dessus qu’il fonda la civilisation Gallifreyenne, dont il se proclama monarque. Puis, il se laissa petit à petit griser par le pouvoir, et, finit par se prendre pour un dieu, il n’hésitait pas à tuer ses conseillers, si ceux-ci s’opposaient à lui, et, lorsque les sœurs de Karn annoncèrent une prophétie sur un mystérieux hybride qui mettrait sa civilisation à terre, il en devint fou. Et se mit à lancer des attaques sur tout ce qu’il voyait comme n’étant pas pur. Et, sa dernière folie, ce fut d’aller titiller les Dalek, qui étaient des hybrides bio-mécaniques, et lança la guerre du temps. Et, finalement, il fut pulvérisé, à ce qu’on croit, par une arme absolue des seigneurs du temps, qu’on appelle le moment, un hybride de technologie des seigneurs du temps, et de vortex temporel. Rassilon était un être mauvais, pourri jusqu’à la moelle, et, il a causé du tort à tout le monde, que ce soient ceux qui ont fini ici, comme ceux qui l’ont côtoyé. Tu as vu que même son propre fils a préféré finir sa vie en tant qu’humain, plutôt que de continuer à vivre dans l’opulence à ses côtés. Il était tellement impitoyable, et disposait de la maitrise des énergies régénératrices, que personne n’osait le contredire ou l’affronter. On dit aussi que les anges pleureurs sont sa création, et que c’est le châtiment de personnes qui l’ont défié. Voilà pour ce que je sais de lui, un homme cruel, sadique et vicieux.

Alors que Mary racontait cette histoire, j’entendis un bruit qui me déplut, et je me levai pour jeter un œil dehors, une ombre géante et menaçante rodait un peu plus loin. J’espérai que le docteur ne s’était pas éloigné pour faire diversion, et attirer cette créature loin de nous.
Je ne pouvais rien faire de plus, de toute façons, la brume mortelle était encore à un niveau trop haut pour sortir.
Je revins m’assoir.

Le brouillard redescendit, et nous commençâmes à repartir. J’envoyai un message au docteur pour savoir s’il fallait qu’on l’attende ou si nous continuions sans lui. Mais il ne répondit pas, alors, Mary choisit de ne pas perdre de temps, et elle s’engagea derrière Jenny. Retrouver son amie semblait devenu prioritaire sur tout, pour Mary, maintenant qu’elle sentait qu’elle n’était pas loin de la retrouver.
Jenny reprit la tête du groupe, et recommença à chasser les pièges. Et nous avancions toujours lentement dans la zone de brume, en évitant les armes qui volaient. Des piques surgirent du sol, et Jenny en profita pour en briser quelques unes. Puis, elle se baissa, et en ramassa une sur le sol. Et, subitement, d’un habile geste, elle projeta cette lance, et je vis une créature monstrueuse s’effondrer depuis le toit d’une structure. J’en restai coite, comment avait t’elle fait pour distinguer la créature, et l’abattre avec une telle précision ? Une véritable soldate.

J : J’ai l’impression que ces gardiens, ce ne sont que des machines, en réalité. Si Rassilon était un ingénieur militaire, à l’origine, ça se comprend.

Je sentais une froide colère dans le ton de sa voix. Mais ça ne dura pas, elle se retourna, et nous regarda avec un sourire.

J : Si c’est le cas, papa s’en est sans doute rendu compte, et va nettoyer la zone. Je ne serais même pas étonnée que d’ici un petit moment, cette brume disparaisse, parce qu’il aura trouvé le moyen de la virer.

Jenny ramassa un autre épieu, et se remit en route, elle continuait à tâter le chemin devant elle avec une immense précaution, et un grand savoir faire. On aurait pensé qu’elle avait passé des années dans les limbes, et qu’elle connaissait la zone sur le bout des doigts. Je détectai des signes de vie un peu plus loin, mais nous n’arriverions pas à atteindre leur position avant le prochain cycle. Et, nous repérâmes un nouvel abri, vers lequel nous nous rendîmes. C’était juste, mais nous y arrivâmes saines et sauves.

Toujours aucune nouvelle du docteur, et je commençai à m’inquiéter. Mais je devais lui faire confiance, on rentrerait à cinq, comme promis. Le cycle de brume continuait à être pénible, et nous regardions cette étendue nuageuse qui nous narguait là devant. Si près des traces de vies que je détectais, et pourtant si loin, si inaccessibles, pour le moment.

R : J’espère que tu as raison, Jenny, et que notre docteur va mettre un terme à ce système de cycles empoisonnés. Ainsi, nous aurons quand même moins de mal à avancer, et à la retrouver.

J : En espérant que le paternel ne bloque pas le mécanisme en position haute, il en est capable.

On se regarda, et on éclata de rire rapidement accompagnées de Mary, ce qui nous permis de passer le temps de ce cycle plus rapidement, et la brume descendit alors que Mary nous racontait des anecdotes amusantes sur l’enfance de son neveu, qui l’auraient sans doute mis bien mal à l’aise s’il avait été là. Je regardais nerveusement mon tournevis, mais je n’avais aucune nouvelle, et je m’inquiétais quand même. J’aurais bien senti s’il lui était arrivé quelque chose, mais, il n’empêchait que les lieux étaient faits pour ne pas être rassurants.

M : Ne t’inquiète pas, mon neveu a de la ressource, c’est celui de la famille pour lequel je ne m’inquièterai jamais. Il se sortira toujours de tous les pétrins possibles. Et ce ne sont pas les limbes qui vont avoir sa tête.

Je la regardai, et la remerciai. La brume recommençait à baisser, et jenny nous fit signe de s’avancer. Elle saisit sa lance, et repartit dans sa routine de frappe sur le sol.

J : Heureusement que j’ai eu l’idée de prendre cette lance, si j’avais sorti mon canon Dalek de mon sac, j’ignore ce qu’il aurait pu attirer. Et il y a plein de joujous sympas, et surtout discrets, par ici.

Elle avait récupéré plusieurs de ces grand shurikens, et je ne savais même pas comment. Nous progressâmes lentement, mais je me demandais comment les seigneurs du temps que je détectais dans cet endroit avaient pu aller aussi loin malgré ces pièges et le reste, sans Jenny, ni sonique. A moins qu’à l’époque de Gallifrey, la topographie des lieux aie été différente.
Puis, nous aperçûmes le refuge où j’avais détecté des signes vitaux, et nous nous en approchâmes avec espoir. Serenity était t’elle là ? Ou quelqu’un pourrait t’il nous y renseigner à son sujet ?