Bon baisers des limbes

Ma question le surprit, mais pour moi, c’était normal, il avait le droit de bricoler de temps en temps sans m’avoir dans les jambes. Mais j’appréciai sa réponse, qui était bien faite pour me rassurer, et me montrer qu’il ne me cachait rien.

R : Je sais, mon chou, mais tu as le droit, d’avoir envie de te retrouver un peu seul, parfois, surtout que je pense que ce moment avec Jenny n’a pas forcément été avare de sensations fortes.  Et, au moins, cette fois ci, elle est entrée dans ta chambre, habillée.

Je lui souris de façon taquine. Puis, il me raconta ce qu’il s’était passé entre eux, et je fis mine d’être soulagée, pour couvrir une certaine espionne qui m’avait déjà renseignée, même si je n’étais pas dupe que son neveu devait se douter qu’elle avait écouté à la porte.
Jenny m’avait vraiment fait de la peine, je n’aurais jamais pensé qu’elle souffrait autant, sous ses airs de guerrière invincible qu’elle s’est donné.  Je me demandais bien ce qu’était la surprise, petite curieuse que j’étais. Et il m’enlaça, et me demanda comment ça s’était passé avec sa tante. Et je lui racontai, en détail comment les choses s’étaient passées.
Je n’avais pas eu les réponses que j’aurais aimé avoir, notamment sur les raisons de mes visions concernant Ymir, mais j’avais quand même eu plus ou moins confirmation que ce que j’avais vu correspondait à la réalité.

R : Je pense que j’ai fait une bonne action en lui donnant ce journal, ça lui permettra de se rapprocher de son amie, et j’espère, de l’aider à retrouver la réalité, retrouver un monde qui aura tellement changé durant tout ce temps que ça risque de lui faire un choc. Et sinon, tu as pu avancer un peu sur ce médaillon ?

Et une dernière question qui me turlupinait depuis un moment.

R : Quand nous avons croisé Epsilon la dernière fois, il savait que nous étions sur la piste d’Ymir, mais comment ?

Alors, si le docteur voulait ma présence, alors, ça me faisait un grand plaisir. Je m’installai confortablement dans le fauteuil, décidée à rester alors.

R : Moi aussi, ta compagnie m’a tellement manquée, mon docteur. Et je comprends que cette chère amie ne soit pas toujours bavarde, quand on n’est pas dans son noyau, et qu’elle n’a pas la possibilité de se servir de moi comme relais.

Le Tardis lâcha un petit coup de klaxon désolé, ce qui me tira un sourire amusé.

Puis, il me parla de Serenity, qu’il avait des doutes, ce que je comprenais. C’était vrai qu’on n’était pas certains de ce qu’on trouverait de l’autre côté, mais, au fond, s’il était possible de sauver la vie d’une personne innocente, et qu’on avait tourné les talons, je pensais que le docteur se serait retrouvé hanté d’un fantôme de plus dans son sillage. Et, moi, en tout cas, je l’aurais été.

R : Moi, je suis persuadée qu’on la retrouvera là bas, j’en suis certaine. Jusqu’à maintenant, mes visions m’ont toujours montré des avenirs sur lesquels je pouvais intervenir, et là, j’ai eu plusieurs visions me la montrant, qui me présentaient sa situation, et, je suis certaine que ces visions étaient destinées à me montrer qu’il fallait la sauver. Et, je ne me sentirais pas moi-même si je détournais les yeux devant un possible danger, et que j’abandonne sa vie pour ma possible sécurité.

Je lui souris, je voyais qu’il se moquait, puis, lorsqu’il me parla de la réponse concernant le médaillon, j’avais une grande peur de ce qu’il pouvait dire, et, lorsqu’il marqua un silence, je détournai les yeux, et ne cherchai pas à en savoir plus.

R : Si Epsilon partageait mes visions, il n’aurait pas été surpris par ce que je lui ai transmis par rapport à Serenity. Non, je ne pense pas, il a peut-être surpris une conversation qu’on aurait eue à l’extérieur, même si j’ai du mal à voir quand. Et ne te reproches pas de te mettre à sa place, j’ai souvent pensé la même chose, c’est ce que je disais à ta tante, qu’avec le temps, la rancœur qu’il avait pu accumuler, la solitude, qu’il aie fini par mal tourner, je le comprenais.

Le problème, c’était que ceux qui le jugeraient ne le comprendraient certainement pas. Puis, je soupirai.

R : Si tu savais à quel point j’ai la haine contre ce Rassilon, cet être malfaisant. Mais, malgré toutes les créatures malintentionnées que nous avons croisées, je crois qu’aucune n’est aussi maléfique que lui.

Je pensais aux amis, Jenny devait récupérer de ses émotions, et Mary devait être dans le journal, à s’imprégner de leurs souvenirs communs. Et mon petit loup qui se rechargeait, doucement.

R : Et, le Tardis, elle arrive à bien récupérer ? Vivement qu’on lâche ce lest inutile dans les limbes, qu’elle se sente toute légère après. Et, tu as prévu quoi, pour cette visite des limbes, tu veux que ça se passe comment ? Je devrai faire quoi, précisément ?

Mais je me demandais comment était ce possible, de ne pas haïr cet être, de ne pas être en colère, lorsqu’à chaque fois qu’on entendais parler de souffrances, de destruction, et de mort, il s’avérait qu’il en était à l’origine. La souffrance de Mary, d’Epsilon, et même de Jenny, c’était lui qui en était responsable, directement, ou indirectement. Ce vieil homme s’était pris pour Dieu, et il en avait détruit tant de vies, il n’était qu’un monstre, un démon.

R : De toute façon, la question de sa punition ne se pose même pas, il est mort, anéanti avec Gallifrey, et, sa mort est, selon moi, ce qu’il pouvait arriver de mieux à l’Univers.

Je sentais, dans ses paroles, et dans ses gestes que le docteur avait tellement de réticences à y aller que c’en était effrayant. Et ça me blessait aussi, quelque part, j’avais une immense confiance en lui, il pourrait en avoir autant pour moi. Après, je pouvais comprendre pourquoi il réagissait ainsi, pour lui, qui les avait déjà visitées, les limbes, c’était un peu comme si, moi, on me demandait de visiter l’Enfer.
Je me relevai, me dirigeai vers lui, et l’enlaçai. Je tenais à lui faire sentir que ça allait bien se passer. Je lui souriais, gentiment, et finis par l’embrasser. Je ne doutais pas une seconde qu’entre moi, guidée par mon petit loup, pour accéder là bas, le docteur, et son intelligence absolue, Mary et son savoir faire, et Jenny qui était la digne fille de son père, nous allions réussir. Je le regardai bien en face, et j’espérais qu’il ressente la confiance que j’avais, et que je ne doutais pas de notre réussite.

Puis, je me rassis dans le fauteuil, et fermai les yeux. J’essayai de faire le vide dans mon esprit, pour être prête à recevoir les images des limbes que devait me montrer le docteur. Ca ne pourrait guère être pire que les visions que j’avais du affronter lors de mes entrainements avec lui, et surtout avec Mary.

R : Bon, allez, je suis prête, envoies moi ta vision des limbes que je commence à l’assimiler.

Le docteur me créa une illusion, un vestige de ses souvenirs du peu de temps qu’il avait passé dans les limbes. Je me concentrai sur le bracelet, en me demandant s’il serait possible de le recréer, même si je pensais bien qu’il s’agissait de technologie de seigneur du temps, quelque chose qui avait certainement une empreinte infalsifiable. Un mur de végétation qui ne laissait passer, sans doute que les porteurs de cet objet, si on devait forcer le passage, il faudrait apparaitre derrière. Puis le labyrinthe, certainement que c’était là que devait être mon point de chute, l’endroit où matérialiser le portail d’arrivée. Je me concentrait bien sur cet endroit là, sur le ressenti, sur les sensations, cette brume un peu cotonneuse, les odeurs, la sensation d’humidité sur la peau, chaque détail et impression, je le mettait bien au fond de ma mémoire.

J’avais enfin une image précise de ce qu’il allait falloir que je cherche, je pouvais ressentir les sensations que causaient la visite de cet endroit, cette souffrance, cette solitude, cette impression de danger omniprésent. Je voyais comment se passait l’endroit, à quoi ça ressemblait, je me disais que je pouvais essayer de recréer l’environnement, dans une vision, pour m’assurer que je représentait bien l’endroit. J’avais le temps, mais, pour le moment, il me restait encore quelque chose à faire, cette résonnance entropique qui m’avait permis de créer ce portail vers le void, je n’avais jamais réussi à la recréer. J’avais créé une illusion normalement, mais j’avais tout donné en utilisant l’énergie temporelle que je stocke au fond de moi. C’est peut être ça, la solution. Il fallait que je teste. Je visualisai ma chambre, et créai une illusion de celle-ci autour de moi. Juste une illusion, puis, je lâchai toute l’énergie temporelle que j’avais en moi, d’une seule traite. L’énergie résiduelle présente dans la pièce entra en collision avec mon énergie, ce qui devait être la résonnance entropique, et je me sentis happée dans l’illusion, et recrachée dans la réalité, mais ailleurs. Et je me retrouvai projetée sur mon lit avec une telle violence que celui-ci se retrouva brisé en deux. Heureusement que le matelas avait quand même amorti le choc.

J’étais à bout de souffle, complètement épuisée. Je remontai à la salle de commandes, et me remis sur le spot de recharge.

R : Je crois que j’ai compris comment marche ce système de portail. En revanche, ça m’épuise complètement, et je ne suis pas certaine que je pourrai le faire un jour depuis l’extérieur du Tardis. J’ai besoin de son énergie en complément de la mienne pour créer la résonnance, d’après ce que je comprends.

Non mais, il était sérieux ? Il voulait vraiment me mettre à l’écart ? Je le regardai en mode Dalek déterminé, là.

R : Enfin, docteur, tu crois vraiment que tu vas te débarrasser de moi comme ça ? En plus, je te rappelle que le seul endroit où je suis en sécurité, c’est auprès de toi, et il se passerait quoi si ton frère venait me kidnapper pendant que tu es là bas ? Personne ne me protègerait ! Alors tu as juste le choix entre je t’accompagne, ou je viens avec toi ! Et puis, tu l’as dit toi-même, si je ne suis pas là, tu es capable du pire, et surtout de faire plein de bêtises.

Puis, je me mis à le regarder avec un air taquin.

R : En plus, tu dis que ce n’est pas un endroit pour les humains, mais tu crois que c’est plus un endroit pour les seigneurs du temps ? Je crois que c’est un endroit pour personne, et qu’au final, on y sera tous aussi peu dans notre élément les uns que les autres.

Je me rassis dans le fauteuil, et retentai de me déplacer dans ma chambre. Mais, cette fois ci, en mettant mon énergie, progressivement. Je me générai la vision, puis je mis un peu d’énergie temporelle, puis, un peu plus, et encore un peu. La résonnance arriva alors que j’en avais beaucoup moins utilisé, et je réattéris sur les débris de mon lit un peu plus doucement.
Je remontai dans la salle de contrôle, toujours un peu lasse, mais quand même moins en vrac que la première fois. Je commençai à comprendre le processus.
Je me réinstallai sur mon chargeur, j’avais vraiment l’impression d’être un robot, et attendis que mon énergie ait été restaurée par mon petit loup.

R : Tu vois, j’y arrive de mieux en mieux, et, pour le grand moment, je demanderai l’aide du tardis, à nous deux, on devrait bien faire des étincelles ? Tu ne crois pas ?

Je n’étais pas forcément super rassurée, mais je tenais à ne pas laisser paraitre le moindre doute.

C’était remarquablement difficile de parvenir à doser mon énergie pour permettre ce déplacement. Mais, je venais de remarquer quelque chose, plus l’énergie temporelle du Tardis était dense, moins la quantité d’énergie nécessaire à mon portail était importante. Pour revenir depuis ma chambre, il m’était nécessaire de faire un effort beaucoup plus important que lorsque j’étais dans le poste de commandes. Il était donc évident que je ne pourrais pas créer de portail depuis l’extérieur du Tardis, car je n’aurais pas d’énergie temporelle ailleurs, à moins de trouver une faille, et encore.
Puis, mon docteur me proposa de se joindre à moi, ce que je fis avec plaisir. Je lui pris la main, et l’attirai jusqu’à moi, avant de l’emmener dans la salle aux cristaux, d’un déplacement un peu brutal, je n’avais jamais emmené quelqu’un avec moi avant, et je me retrouvai essoufflée, durant quelques secondes, mais, je me rendis compte qu’il me restait quand même pas mal de mes forces de Tardis.

Je profitai que nous nous retrouvions tous les deux pour lui administrer un petit baiser amoureux, suivi d’un autre plus appuyé. Puis, je regardai la pièce autour de nous.

R : Je nous ai amenés ici parce que je voulais regarder quelque chose. Ces cristaux absorbent l’énergie temporelle, comme celle des simulacres, mais aussi la mienne, ou celle du Tardis.

Je me baissai et en ramassai un gros, si je pouvais repartir, accompagnée, depuis une salle comme celle-ci, je devrais être capable de nous amener dans les limbes. Je lui repris la main, et visualisai le poste de commandes, en libérant progressivement mon énergie temporelle, puis, de plus en plus fort, les cristaux autour de nous gonflèrent et se ramifièrent de façon impressionnante, et, finalement, je m’effondrai, dans pouvoir nous amener au point de départ.
Je me retrouvai un peu fatiguée, et, finalement, j’appelai le Tardis en secours, qui nous téléporta elle-même.

R : Non, c’est pas possible, je ne peux rien faire s’il n’y a pas l’énergie du Tardis autour de moi.

Une question qui me vint à l’esprit

R : Est-ce que quelqu’un a déjà emmené un Tardis dans les limbes ? Si ça se trouve, ça n’a pas été prévu, et l’énergie temporelle ne sera pas affectée là dedans.

Je n’y croyais pas vraiment, mais bon…

Je laissais mon niveau d’énergie remonter, mais j’étais quand même étonnée, quelque chose ne collait pas, cette résonnance. Pourquoi est ce que j’avais besoin d’utiliser celle du Tardis pour créer un portail, alors que nos énergies sont les mêmes ?

Mais si l’énergie temporelle est absorbée par les limbes sans soucis, j’avais des raisons de m’inquiéter. Je serais donc une humaine tout ce qu’il y a de basique, une fois le portail franchi.

Je me dirigeai vers le réfectoire, mais j’entendis que le docteur et Mary étaient dans une conversation privée, alors, je remontai dans le centre de commandes, et me remis à faire des aller retours avec ma chambre. Après quelques heures, je pouvais faire au moins cinq aller-retours, en dosant mes impulsions énergétiques au mieux. Sur ce coup là, je n’avais aucune aide, et j’étais obligée de me débrouiller seule, ni le Tardis, ni le voyageur ne me répondaient.

Finalement, je refis le test, mais, il m’était toujours impossible de m’extraire de la salle des cristaux. C’était la preuve que sans le Tardis et son énergie ambiante, je ne pourrais rien faire. Je rentrai à la nage, pour changer, puis je retournai dans ma chambre, me pris une douche, et m’allongeai sur mon lit. J’aperçus le livre bleu sur mon chevet, et je commençai à le lire tranquillement.

Mais je n’eus pas le temps de le commencer que je fus frappée par une vision soudaine.
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J’étais dans les limbes, telles qu’elles m’avaient été présentées par le docteur, mais avec plus de détails, je sentais des impressions plus fortes. La personne dans la tète de laquelle j’étais avança lentement, prenant toujours le chemin de face, toujours tout droit, lentement, très lentement, en s’arrêtant régulièrement.
Je mémorisai son itinéraire, j’écoutais le moindre son, la moindre sensation, pour être la plus capable qu’il soit de recréer le portail. Finalement, la personne s’arrêta, et s’assit au sol.
Je me retrouvai sortie de la vision, et me réveillai dans mon lit.
**
Cette fois ci, je tremblais légèrement, alors qu’avant, j’aurais été en panique, mais là, je me sentais quand même juste effrayée.
Je me levai, et partis me chercher quelque chose à boire.

Je les regardai, je devais avoir une tête effrayante, vu comme on me regardait. Je tâchai de les rassurer.

R : Encore une vision déroutante, rien de grave. Au contraire, ça m’a permis de mieux voir les limbes, avoir une meilleure approche.

Je me pris un grand verre de jus de raisin, et mon docteur me demanda si je ne voulais plus y aller. Je me retournai, toute surprise.

R : Tu crois vraiment que je me suis entrainée comme une dingue pour réussir à créer des portails, pour tout laisser tomber au dernier moment ? Tu me prends pour qui ? Non, je n’ai jamais été aussi motivée, et la dernière vision que j’ai eue me donne une excellente raison de plus d’y aller, me débarrasser de ces visions concernant les limbes !
Et je ne savais pas pourquoi, mais j’avais l’impression que je devais à cette fille de la sortir de là, pourquoi ? Elle ne m’était rien, et pourtant, je me sentais responsable d’elle. Cette impression était irrationnelle, mais ne me quittait pas. Pourquoi est ce que le mal fait par ce Rassilon me touchait autant, et pourquoi est ce que je prenais aussi personnellement les histoires qui touchaient cet être ?

R : Mais, ma Jenny, tu ne veux plus venir ? Je comptais sur toi, pour me donner du courage, me soutenir. Avoir deux des trois femmes les plus puissantes de tous les temps avec moi, parce que petit Tardis ne pourra pas venir, en plus de l’être le plus intelligent et puissant qui soit, ça ne serait pas un luxe. Mais, même si je devais y aller seule, moi, la moins forte dans cette salle, j’irai, je ne sais pas ce qui me pousse à le faire, mais je sens qu’il le faut ! Je suis peut-être son dernier espoir, même si elle l’ignore, mais ses appels au secours, à travers mes visions ne se perdront pas dans le néant !

Le serment du docteur me revenait en tête, jamais de lâcheté, ne jamais fuir, ni se rendre ! Et je ne comptais pas fuir!
Je m’assis à la table, et pris un visage déterminé.

R : Alors, qui vient avec moi ?

Je regardai Jenny, puis Mary, en buvant mon jus de fruits. J’espérais qu’elles ne se dégonflent pas, pas maintenant. Et que s’était t’il passé pour qu’elles se mettent à douter ? Mary, si hautaine et sûre d’elle, et Jenny, si efficace et déterminée d’habitude.

Le plan me paraissait pas mal. Créer un portail pour quatre personnes allait être compliqué, mais je m’en sentais capable. Je n’avais pas le choix, de toute façon.

R : Juste un truc, j’ai découvert que pour utiliser cette capacité, il me faut être entourée d’énergie temporelle du Tardis, ça doit être ça qu’elle appelle la résonnance entropique. Et, plus cette énergie est dense autour de moi, moins j’ai de difficultés pour créer. L’idéal, je pense, ce sera de commencer l’opération depuis le noyau du Tardis, là où les particules temporelles sont les plus nombreuses. Et allez, on part à quatre, et on revient à cinq !

Je regardai mon docteur avec un regard déterminé, sans aucune crainte. Qu’avais je à craindre, de toute façons, tant qu’il était auprès de moi, lui, et sa fille, qui était presque aussi rassurante que lui. Comment ça pourrait mal se terminer ?

Je contrôlai ce que j’avais pris dans mon sac. En plus de nourriture pour me recharger un peu, le restant de médigel, une fiole de remontant que m’avais donné le Tardis, ça pourrait servir quand on aurait retrouvé Serenity, qui, à mon avis, ne serait pas au top de sa forme. Puis, j’eus une illumination.

R : La couverture de mon père, elle a les armoiries de Rassilon dessus, on pourrait peut être s’en servir pour feinter le système, qu’il nous prenne pour des personnes qui ont un lien avec le monstre qui a créé cet endroit. Je ne sais pas, c’est une idée comme ça. Et puis, au pire, quand on aura retrouvé Serenity, il y aura peut être besoin de la réchauffer un peu.

Il y avait ça, et le fait d’avoir un souvenir de Pete Tyler, ce héros, auprès de moi, pour me donner courage. Gentiment, le Tardis me fit apparaitre la couverture et le médaillon sur la table. Ainsi qu’un stetson que je me mis sur la tête, j’avais l’air cool ainsi !

R : Bon, allez, en ce qui me concerne, tout est prêt ! Je pense que Serenity a assez attendu, la cavalerie arrive !

Comme d’habitude, j’avais du mal expliquer.

R : En fait, je me parle pas d’utiliser l’énergie du Tardis dans les limbes, j’ai bien compris que l’énergie de petit loup, et la partie Tardis que j’ai en moi y seront inefficaces, je parle d’utiliser la résonnance de mon énergie et la sienne, ici, dans le noyau, afin de nous projeter là bas, en m’évitant de trop m’épuiser. Comme ça, une fois là bas, j’aurai juste à faire attention à ne pas me faire absorber ce qu’il me restera trop vite, tout en profitant de ce que pourra me fournir Jenny. Et à me reposer sur ma partie humaine qui devrait mieux tenir. Après tout, je ne pense pas que les limbes aient été conçues pour détruire des humains, alors il est possible que mon humanité me protège un peu, au début.

Je me sentais toute excitée, je n’avais qu’une envie, c’était d’aller visiter cet endroit. Et je me disais que le look Stetson ça m’allait plutôt bien, si le docteur avait son costume et ses lunettes bicolores, il me fallait, moi aussi mon signe distinctif ! Et je me chercherai un petit surnom plus tard !
J’allais prendre la couverture, et Jenny me fit signe que non.

J : Je pense que c’est une mauvaise idée, Rosy, cette demoiselle a été bannie par Rassilon, comment réagirait t’elle, en te voyant arriver avec les signes de celui qui a causé son malheur ? Il vaut mieux que tu laisses ça ici, surtout si Papa pense que ce n’est pas à même de nous aider.

Je la regardai, et me rendis compte qu’elle avait touché dans le mille. La digne fille de son père, avec une sensibilité un peu plus grande, même. Je vérifiai une dernière fois de bien avoir prévu mon tournevis sonique, et j’attrapai mon sac. Jenny, se leva, quitta la pièce, et revint quelques secondes plus tard, dans son joli treillis camouflage blanc se leva et vint me rejoindre. Dans l’excitation, elle en avait même oublié de se coiffer.

R : Comme dirait quelqu’un : ALLONS Y, ALONZO !

Nous entrâmes dans la bibliothèque, puis le long escalier qui menait au cœur, ma copine, l’incarnation du Tardis nous y attendait. Je sentais bien les particules d’énergie temporelle qui composaient la pièce, j’avais l’impression que leur densité formait une sorte de brume, le Tardis avait certainement regrouppé autant que possible ici, la résonnance allait être assez puissante, et sans que ne n’aie trop besoin de me fatiguer.

J’appréciai l’effort, et la regardai en souriant, sourire qu’elle me rendit.
Puis, nous nous retrouvâmes au centre de la pièce, sous le noyau. La femme Tardis s’approcha de moi, et nous nous prîmes les mains.

T : Visualise bien les limbes telles que tu les as découvertes en vision, et transforme cette pièce en elles. Ne t’inquiète pas, votre instinct vous amènera à elle, qui vous attend depuis si longtemps, qui s’accroche à son espoir, et son lien avec Epsilon.

Je me concentrai sur la vision, la brume blanche, la sensation de froid, de solitude, je créai cette vision, cette illusion à laquelle j’allais donner corps. La trame était en place, et je vis Jenny pâlir en face de moi, mais ce n’était pas le moment de douter. Je lâchai mon énergie temporelle, doucement, prudemment, et la laissai entrer en contact avec les particules autour. L’incarnation du Tardis disparut, elle ne voulait sans doute pas être emmenée avec nous, alors que mes compagnons venaient me prendre la main et, soudain, je sentis que la résonnance se produisait. Je sentis le Tardis disparaitre, une faille bleue nuit s’ouvrit sous nos pieds et nous fûmes happés dans un autre espace-temps. Le départ, plus brutal que les portails que j’avais créés en m’entrainant me coupa le souffle, et je me sentis projetée très violemment à travers le continuum, puis, à travers le voile qui séparait notre univers de cet univers de poche. Je serrai les mains que j’avais dans les miennes, sans me rendre compte de qui c’était, je me trouvais comme dans des montagnes russes en tellement plus spectaculaire et sensationnel.

Soudain, comme lors de ma traversée du void, je me sentis un peu tiraillée de partout, mais, était ce à cause de ma mutation ou parce que l’espace entre ces dimensions était moins puissant, mais j’en ressentis moins de douleurs. Et, finalement, dans une dernière aspiration, je me sentis violemment attirée, et projetée sur un sol d’une texture étrange.
Je me levai, et regardai autour de moi !

R : Tout le monde va bien ? Bienvenue dans les limbes !

Je me relevai, pris une grande inspiration j’en avais littéralement eu le souffle coupé, et je me sentais comme un point de côté. Mais ce n’était pas méchant. J’avais, grâce au Tardis, consommé relativement peu d’énergie. Je ramassai mon chapeau, et j’étais sur le point de le remettre lorsque mon docteur vint me passer la main dans les cheveux. Il me demanda comment je me sentais, et je lui répondis que, pour le moment, j’étais bien. Je ne sentais pas l’environnement tenter de ponctionner mon énergie, cependant, celle-ci ne se restaurait pas ici. Chaque effort que je ferai et qui me nécessiterait d’en utiliser devrait être mûrement réfléchi.

Puis, Mary nous interpella, et subitement, le docteur me saisit la main, et m’entraîna au loin, en faisant ce qu’il savait faire de mieux, courir. Puis nous nous retrouvâmes dans un petit talus, où je pus reprendre mon souffle, chose pas aisée, compte tenu de la faible pression d’air ici, comparable à un moment en très haute altitude. Je regardai autour de moi, curieuse. Au loin, il était possible de distinguer des murailles végétales, certainement l’entrée du labyrinthe. Je sentais que Serenity se trouvait là bas. Mais, à l’entrée, une créature imposante et cramoisie semblait monter la garde. Et, d’ici là, une grande pleine à découvert qui nous empêcherait de la contourner à son insu.

Le sol était étrange, comme une sorte de tissu tendu, mais assez élastique, la sensation était déroutante. Et cette brume, au sol, qui m’arrivait au mollet, qui empêchait de distinguer les obstacles, trous ou autres qui pourraient survenir.

Je jetai un oeil vers mes compagnons. Mary semblait impassible, le docteur comme toujours, se donnait une contenance à sa manière habituelle, et Jenny regardait partout, toute curieuse. Je sortis mon tournevis, et lui demandai de trouver des traces de vie de seigneur du temps à proximité, mais, il me bippa que celles qu’il détectait étaient trop loin pour pouvoir précisément être localisées.

Je finis par remettre mon couvre chef, que j’avais gardé à la main lors de notre fuite effreinée, je me sentais beaucoup plus aventurière avec, cette apparence me faisait sentir plus sûre de moi. Finalement, Jenny brisa le silence.

J : Alors, on fait quoi avec le gentil petit dino à l’entrée ? Je ne pense pas que ma méthode préférée fonctionne avec un animal aussi primitif. Soit je tente de faire diversion le temps que vous entriez, si vous avez trouvé une entrée, mais, comme je ne connais pas cette créature, je risque d’y laisser une régénération ou deux, ou si papa a une brillante idée, je prends !