Invasion sournoise (pv)

Il prévoyait d’avoir à nouveau des conquêtes plus tard ! Cette pensée me tira une mine déconfite, je croyais qu’entre nous, c’était destiné à être éternel. Ah, là là, toujours aussi maladroit, mon docteur. Mais, lorsqu’il envisagea sa future réincarnation, je m’interrogeai. Comment les choses se passeraient t’elles avec le futur lui ?
Puis, une pensée me revint.

R : Je ne sais pas ce que ça pourrait t’inspirer, mais, lorsque j’étais dans le mausolée d’Ymir, dans le Tardis, en plus de Wolfy, et cette montre souvenir, j’ai trouvé d’autres choses, et je n’ai pas encore fait le tour de tout. Il y a eu le tableau que j’ai affiché dans la salle à manger, tu ne m’as pas dit s’il te plaisait, d’ailleurs, et une sorte de labo dédié à Rassilon. J’y ai découvert que celui-ci disposait de régénérations illimitée, et ton frère étudiait les raisons de cette immortalité, son ordinateur a continué ses calculs durant un millénaire, et, même si, moi, je n’ai pas eu l’intelligence nécessaire pour comprendre un iota de ce qu’il s’y passait, peut être qu’un génie tel que toi pourrait finir cette étude, et donner à Jenny et toi cette faculté. Qu’en penses-tu ?

Puis, il me parla de la guerre, et de ce qu’il y avait vécu. Comment être le docteur en des temps aussi troublés ? Mais, que c’était-il passé lors de ces années de séparation, pour qu’il s’éloigne d’autant de celui qu’il était devenu au fil de nos voyages, pour se rapprocher de celui qu’il était à notre première rencontre ?

R : Je comprends, et si je peux t’apporter quelque chose, panser les blessures infligées par ma famille, à toi, au temps, à l’Univers, j’aurai été un peu à la hauteur de ce destin. Mais, ce qui m’inquiète surtout, c’est que j’ai l’impression, parfois, de retrouver ton ancien toi, celui qui avait encore tant du guerrier, et de ne pas avoir en face de moi, celui qui avait laissé fuir les Sycorax, celui qui avait fait tomber la toute-puissance d’Harriet Jones en quelques mots, parfois, j’ai peur que ma vision se réalise, et que le Valeyard apparaisse véritablement, comme il aurait pu, j’imagine, se matérialiser, si Jenny n’était pas intervenue entre Tellian et toi. Et c’est ma crainte absolue, surtout quand tu me dis que tu arrives au bout de tes régénérations, n’est-il pas censé arriver à ta toute fin ? Et c’est pour ça que je veux t’aider, si toi, tu veux m’aider à ne pas souffrir de mon héritage, laisse-moi t’aider à combattre les blessures que tu portes.

Je le regardai avec des yeux brillants, entre nous, c’était pour le meilleur et le pire, et je ne serais pas celle qui se détournerait en ces moments difficiles.

J’avais un doute, qu’est ce qui avait fait partir le cerveau d’Epsilon dans ses dérives, je craignais que ce ne soit pas ses recherches, mais, plutôt l’œuvre malfaisante de celui dont le sang coulait dans mes veines. Epsilon, comme Ymir, comme Serenity, comme le Docteur, et tant d’autres n’étaient que des victimes de sa folle ambition. J’en frissonnai, en pensant à tout ça, et j’essayais de me convaincre que je n’étais pas lui, que, moi, je n’avais rien à me reprocher, ni à chercher à réparer ses fautes à lui.

R : Et, le jour où tu partiras ainsi, tu n’auras pas le regret de me laisser seule ? J’ignore combien de temps vit un Tardis, mais j’ai l’impression que ça peut être très long. Est-ce que je durerais aussi longtemps que Jack ? Et, pour devenir quoi ? Une seconde face de Boe ?

Puis, je m’assis à côté de lui, en imaginant une face de boe qui me ressemblerait, ce qui m’amusa, et m’effraya à la fois.

R : Oui, ce portrait, ça montre qu’au fond, quoi qu’il en dise, ton frère avait quand même du respect pour sa famille, de la considération pour vous, il n’est pas totalement malfaisant, pas comme … l’autre. Et, avec Serenity pour le guider, et personne pour le détourner du droit chemin, peut-être pourra t’il avancer, devenir quelqu’un de meilleur. Même si ses crimes sont impardonnables. Et j’ai trouvé ce portrait magnifique, ça aurait été dommage qu’il reste à prendre la poussière dans la salle des montres. D’ailleurs, quand tu auras fini de la contrôler, tu penseras à me rendre mon porte bonheur.

Je lui souris de toutes mes dents, puis tournai la tête vers ce spectacle grandiose. Le début de toute choses. Je me demandais ce qu’il y avait avant, après tout, je me souvenais du Diable, sur la planète impossible, qui affirmait venir d’avant le temps. Et, je me demandais aussi ce qui avait été le déclencheur de ce début des choses, était-ce une volonté, ou le hasard ?

Je le regardai avec un petit regard de dalek.

R : Si tu devais te réincarner, je te promets de donner une chance à ton futur toi, et, si ça ne devait pas le faire, de continuer ma route, de mon côté, continuer à découvrir l’univers, à aider ce que je pourrai, et ne jamais devenir comme Rassilon, pourquoi pas aux côtés de Jenny et Wolfy. Et toi, promet moi que si, un jour, tu devenais quelqu’un d’autre, tu continuerais à chercher un moyen, de revenir en tant que toi, dans une future incarnation, et que je puisse continuer avec l’espoir de te retrouver un jour !

Une vie aussi longue, sans espoir, ça serait tellement difficile, voire impossible, quand je voyais ce qu’Epsilon, malgré les gènes de la famille du Docteur, malgré les valeurs dont je lui avais vu faire preuve dans mes visions, et malgré ce que j’avais lu, çà et là, dans son bureau, avait pu devenir au fil du temps, à cause de la disparition de celle qu’il aimait, moi, avec l’héritage du fondateur, et mes faiblesses humaines, quelle chance avais-je ?

Puis, je l’écoutais parler de son frère, de ce qu’il était, et je m’interrogeais, j’avais l’impression que l’Epsilon de mes visions, et celui qu’on me dépeignait était différents. Pourquoi, s’il était aussi malfaisant, avait-il pris le risque de faire disparaitre ces seigneurs du temps, en les transformant en humains ? Je ne comprenais pas.

R : D’après toi, est ce que je cours encore le risque que ton frère tente de s’en prendre à moi ? Ou, maintenant que j’ai permis qu’il retrouve Serenity, va-t-il me laisser tranquille ? En plus, maintenant qu’on sait que je suis la fille de son ami, j’ignore s’il aura plus d’égards.

Je me demandais ce qu’il se passerait, s’il tentait de mettre la main sur moi, et sur ce que j’avais en moi, je voyais quand même mal Jenny lui résister, et, même mon docteur, arriverait-il à faire face, sans être gêné par des scrupules, à son propre frère ? Et moi, est ce que je valais qu’ils s’affrontent tous les deux ?
Je doutais tellement, de tout, de moi surtout, et je me remis à contempler la création d’une étoile, un spectacle tellement magnifique que j’en oubliai mes pensées, et me mis à sourire, en silence.

J’écoutai son discours, en remarquant quand même qu’il ne me répondait pas pour son frère, était-ce qu’il n’en n’avait pas la réponse, ou bien, ne voulait t’il pas m’inquiéter ? Oh, je verrais bien avec le temps. Et, je remarquai qu’il ne m’avait pas fait la promesse que j’attendais, c’était bien dommage.

R : La seule certitude que j’ai, mon docteur, c’est que quoi qu’il se passe, quel que soit notre avenir, nos aventures, jamais tu ne rencontreras quelqu’un qui t’aimera au point où je t’aime. Enfin, à une exception près, une petite princesse Tardis qui ne te laissera jamais tomber.

Je jetai un regard complice vers la surface bleue qui nous accueillait, et je sentis qu’elle appréciait que je la reconnaisse, pas de jalousie, pas de tensions entre nous, c’était une relation assez spéciale entre nous, qui pourrait paraitre déroutante pour un regard extérieur, mais, depuis qu’il y avait eu ce moment grand méchant loup, et nos différents échanges, le lien qui s’était créé était très particulier.

R : Au fait, j’ai bien réfléchi à tout ce qu’il s’était passé, et, à l’occasion, si tu peux dire à ta copine Dana que je suis désolée de l’avoir traitée ainsi, je n’aurais pas du réagir ainsi, même si elle a quand même joué la provocation de son côté, et je ne sais pas pourquoi.

J’avais vu tout ce qu’il s’était passé ces derniers temps, toutes ces pertes, et, je me disais que si mon tour arrivait à la prochaine aventure, je ne voulais pas partir fâchée avec qui que ce soit.

Je retournai le regard vers le spectacle, la magie de l’instant, et, je passais vraiment un super top moment. Je me mis à fixer certains points qui apparaissaient, qui s’éloignaient, des amas de poussière qui s’agglutinaient, et finissaient par devenir des planètes.

De toutes les aventures que nous avions vécues, celle-ci était la plus belle, à mon sens.

Il m’embrassa, et je lui rendis son baiser avec bonheur. Puis, il me parla de cette planète aux mille étoiles, Je le regardai avec surprise

R : Comment est ce possible, si, à chaque génération, les deux parents meurent pour donner naissance à un seul enfant, la population devrait se diviser par deux à chaque génération, et cette espèce ne devrait t’elle pas s’éteindre rapidement ? Je trouve ça triste, quand même.

Puis, je me levai, lentement, et jetai un œil sur le spectacle qui continuait. Quelle beauté, je me sentais tellement requinquée par ce moment, nos échanges, et tout ça m’avait quand même enfin détourné les pensées de ces fichus doutes. Ils ne tarderaient pas à revenir, mais, pour le moment, je me sentais à ma place, digne de lui.

R : Mais, on pourrait aller voir ça, je serais quand même curieuse de découvrir cet environnement, on pourrait y aller. Mais, toi, qu’as-tu envie de faire ? Dans quelle direction as-tu envie de courir ? On pourrait aussi laisser le Tardis décider d’où elle veut nous déposer, après tout, elle peut donner son opinion.

Je me disais que, de toute façon, quoi qu’on décide, si elle voulait nous emmener ailleurs, elle le ferait. Cette chère demoiselle avait quand même son libre arbitre, et son petit caractère, alors, autant la brosser dans le sens du poil.

Je me dirigeai vers le bord de la plateforme, et sautai dans le vide pour me rattraper à la porte, et entrai dans le Tardis. C’était beaucoup plus fun que de me créer un portail. Et je me retrouvai dans le poste de contrôle.

R : Coucou, petit loup, ça va, tu as aimé le spectacle, toi aussi ?

L’interface bippa, et, étonnement, l’incarnation du Tardis n’apparut pas, je m’en étonnai, mais, elle devait bien avoir une bonne raison.
Je me servis un verre d’eau, et m’assis dans le fauteuil, en me demandant où notre prochaine aventure allait nous amener, et quelles surprises nous y attendaient

J’étais quand même curieuse de découvrir ce peuple, il me disait que la population de ces créatures diminuait en période de reproduction, qu’elle se divisait par deux, et, mathématiquement, à la fin, dans quelques siècles, il n’en restera qu’une, destinée à passer une existence seule, une vie dure, même si elle ne connaitrait rien d’autre. Cette pensée m’attrista.

R : les parents s’éteignent pour laisser la place à la génération suivante, c’est dans l’ordre des choses, je suppose que peu de races dans l’univers n’ont pas cette contrainte.

Une pensée m’assaillit, maintenant que j’avais les gènes du Tardis en moi, que se passerait t’il si j’avais des enfants, seraient t’ils humains, seigneurs du temps, ou autre chose ? Et, en ce cas, serais-je condamnée à les regarder vieillir et mourir, puis mes petits-enfants, pareil, jusqu’à la fin, ou auraient t’ils mon malédiction de longévité ? Mais, qu’est-ce que je pouvais me poser comme questions, en ce moment. La tempête dans ma tête.

Je finis par m’assoir dans le fauteuil, encore un peu tremblante. Finalement, je me dis que sans même m’avoir rencontrée, Rassilon m’avait quand même bien démolie. Mais je n’allais pas le laisser triompher ainsi, il me fallait me reprendre. Et, pour la énième fois, je tentai de chasser tout ça de ma tête.

R : Allez, je suis prête à faire la connaissance de ce petit monde. Ca doit être magnifique.

Je le regardai en souriant. Puis, je me levai, et me dirigeai vers la console, lorsque je sentis qu’elle s’immobilisait. Nous devions être arrivés sur la planète. Je souris en direction du terminal, en lui faisant un petit clin d’œil et je lui souhaitai une bonne journée, avant de franchir la porte, et je me retrouvai stupéfaite par le paysage.
Mon docteur ne m’avait pas menti, le ciel semblait incrusté de diamant, et le sol était tout pailleté, comme recouvert d’éclats de cristal. Un peu plus loin, je distinguais une sorte de rivière d’eau pure, toute scintillante. C’était magnifique, mais assez éprouvant pour les yeux. Il me fallut quelques minutes pour m’adapter à l’environnement.