Maintenant, et pour jamais !

Après mes dernières péripéties, je me dis qu’il est enfin temps pour moi de reprendre la route, d’arrêter de me morfondre aux confins de l’espace, et de me promener un peu, de visiter l’univers, comme j’aimais le faire autrefois. Aussi, je demande à Sexy de m’amener là où son cœur lui dit, dans un endroit où je trouverai des gens intéressants à rencontrer, mais pas des humains, j’ai envie de voir d’autres races. Lorsque les moteurs se mettent en route, je ferme les yeux, et les écoute, je me rends compte que ça m’a manqué, ce son, l’appel.

12 : DOCTEUR, TU AS ETE UN IDIOT ! Pourquoi tout ce temps perdu ? Qu’est ce que ça t’a apporté pleurer dans ton coin ?

Je tire une manette, puis une autre, et le Tardis se remet en route, dans de grandes secousses. Ca m’avait manqué, ça aussi.

12 : Allez, ma belle, on reprend la route.

Dans un déluge de cliquetis, le Tardis montre son approbation. Et je m’enflamme, dans ma cabine.

12 : Les Tardis sont COOL, et SEXY l’est encore plus ! Les docteurs sont cool, mais le docteur DISCO, il surpasse tout !

Je sens que ma vieille compagne s’amuse un peu, et, ça faisait un moment qu’elle subissait la morosité ambiante.

12 : Désolé ma belle, je n’étais pas trop moi-même, ces derniers temps, mais, c’est fini, tout ça !

Soudain, une grosse secousse se fait ressentir, et je sens mon Tardis qui perd le contrôle, ce qui m’étonne grandement.

12 : Qu’est ce qu’il se passe ? On a heurté quelque chose ? Ca m’étonne de toi.

Je jette un regard sur la console, en effet, nous avons heurté un autre module qui voyageait en sens inverse, et je suis grandement étonné que Sexy ne l’ait pas vu arriver. Je me précipite sur la console, dérive un module, tire une manette qui fait clic, appuie sur un bouton qui fait dong, les cloches du cloitre se font entendre, c’est l’alerte, je vais m’écraser.
Après quelques tonneaux, mon Tardis finit par atterrir, si on peut dire, au milieu d’une rivière, ainsi, j’ai vraiment eu l’impression de passer à travers tous les cycles d’un lave-linge, et, je remarque que je suis encore en un seul morceau. C’est un petit miracle.

12 : Une collision entre Tardis, dans tous l’espace et le temps, il a fallu que tu t’emplafonnes un Tardis ! La densité spatio-temporelle n’est pas assez grande pour éviter qu’on se retrouve à deux sur la même trajectoire ?

Bon alors, où sommes-nous arrivés ? Je jette un œil sur mon tournevis, la Terre, an 997, le Japon, en pleine ère Heian. Je finis par me réorienter et j’atteins la porte de sortie, en priant pour que Sexy ne se soit pas heurté au Tardis de Kal, parce que là, je n’aurais pas fini de me faire taquiner.

12 : Je te laisse récupérer et te réparer, pendant ce temps, je vais voir si il n’y a pas de casse de l’autre côté.

Je sors de la cabine, il fait une belle journée, nous avons l’air d’être à la belle saison, j’aperçois des cerisiers en fleur un peu plus loin, ce qui me fait sourire. Puis, je remarque, dans le ciel, l’autre Tardis qui tente tant bien que mal de se stabiliser. Je m’approche donc de l’endroit où le vaisseau semble vouloir se poser.

Ca fait deux heures que Jenny, Zezanne et moi avons laissé mon docteur pour une petite virée entre filles pour aller faire du shopping. Depuis le temps que j’ai promis à Jenn de se la faire, voici enfin une bonne occasion.
Zezanne nous propose de revenir dans la région où elle s’est retrouvée après son amnésie, à Paris autour de l’année 1963, et nous acquiesçons. Je me dis qu’à cette période, Paris est peut-être moins sale qu’à mon époque, où j’avais été très déçue de la visite. Et elle parait assez enthousiaste de nous emmener visiter cet endroit. Elle pense peut-être aussi qu’on pourrait en profiter pour chercher des indices, aussi, je la vois se diriger vers la console, et pianoter sur le clavier.
Je remarque avec surprise que les réacteurs de Wolfy, habituellement si silencieux font désormais un bruit au décollage. Et, m’inquiétant, j’en fais la remarque à Jenny.

J : Oh, ne t’inquiète pas, on s’est mis d’accord avec Wolfy pour désactiver les silencieux. J’ai remarqué que le vaisseau de Papa, quand on l’entend arriver, ce bruit si caractéristique est signe d’espoir. Et, je voulais, moi aussi, avoir mon petit signe avant-coureur, ce son qui réchauffe les cœurs.

Elle est en pleine explication lorsque la coque de Wolfy est heurtée violemment par quelque chose qui arrivait à grande vitesse. Jenny se précipite sur le terminal.

J : Serait t’on en train d’essuyer des tirs ? Une attaque sontarienne ? Non, apparemment, le vaisseau d’un pilote certainement bourré nous est rentré dedans. J’espère qu’on n’a pas pris trop cher, je lance un diagnostic.

Après quelques secondes à faire des clics et des clongs, Wolfy se met en rideau. Et, commence une chute vertigineuse.

J : Il n’aura pas assez d’énergie pour s’occuper de nous et se rétablir. Prenez les manipulateurs de vortex que j’ai sur la tablette, et lancez-les, ils sont prévus pour nous amener à la surface de la planète habitable la plus proche, à l’époque où nous sommes.

Aussitôt dit, aussitôt fait, nous nous retrouvons sur une planète inconnue, à une époque indéterminée. Super.
Au moins, nous apercevons, au loin, Wolfy qui tente de se stabiliser. Je me doute qu’il va se poser et entamer ses réparations. Pendant ce temps, j’observe les alentours. De belles plaines verdoyantes à perte de vue. Un air pur, non pollué, on est quelque part où il n’y a pas d’industrie. Au loin, nous apercevons quelque chose qui ressemble à un village, et nous décidons d’y aller. Ce sera l’occasion de découvrir environnement où nous avons atterri.

Je suis encore secoué, alors que je m’avance vers l’autre Tardis, dont l’apparence ne me dit rien, étrangement. Qui irait donner à son Tardis l’apparence d’un chapiteau de cirque ? Même ma tante n’est pas aussi excentrique, alors, je reste méfiant, on ne sait jamais, ça pourrait être une nouvelle incarnation de cette très chère Missy, encore plus dingue que l’autre, par exemple, après tout, j’ignore ce qu’elle est devenue, depuis Mondas.
Mais, subitement, l’appareil disparait, j’en déduis qu’il a récupéré, et que son propriétaire a décidé de repartir. A moins qu’il ne se soit que mis en sécurité, et qu’il ne reste en orbite stationnaire au-dessus de ma position.
Je lève la tête, et mes soniques m’informent que c’est bien le cas. Mais bon, je verrai bien, de toute manière, ce Tardis ne se serait pas comporté ainsi si son ou ses pilotes avaient été en danger.
Je m’avance sur la prairie, en admirant le paysage, ça fait fort longtemps que je n’en n’ai pas vu d’aussi beaux. Et, je finis par me laisser tomber dans l’herbe, je ramasse une fleur et je la regarde. Sa couleur sombre aurait été magnifique dans les cheveux de Rose.
Plus d’un millénaire après, j’ai toujours mon grand amour en tête, et je suppose que son souvenir continuera à m’accompagner jusqu’à la fin. Jusqu’au Valeyard, qu’elle espérait qu’on combatte ensemble ? Et, je me demande si, sans elle, et, sans ma fille impossible, sans personne pour m’accompagner, et me maintenir dans la lumière, si je pourrai lui résister longtemps, le jour où il se manifestera.

12 : Oh, et puis, je verrai bien ! J’ai toujours trouvé des solutions, je verrai en temps utile. Et, au pire, je pourrai compter sur Kal, et sur ma fille.

Je me lève et décide de regarder autour s’il y a un camp ou un village, ou quelque chose où je pourrais rencontrer des gens.

12 : Alors, qu’avons-nous là. Au moins, ici, je ne serai pas importunée par Kate Stewart et le chou de Bruxelles qui lui sert de cerveau !

Mais, je n’ai pas le temps de chercher que je me retrouve entouré d’une dizaine de flèches acérées pointées sur ma personne. Un groupe de bushi m’a trouvé ! Celui qui parait être le chef me regarde du haut de son cheval.

Bushi : Qui êtes-vous ? Et que faites vous sur les terres du sadaijin Fujiwara no Michinaga

12 : Je suis le docteur, je suis ici en ami, voici les documents qui le prouvent !

Je leur montre mon papier psychique, et le bushi ordonne à ses hommes de baisser leurs armes. Et, aussitôt, les yumi se retrouvent dans leurs étuis.

Bushi : Veuillez excuser ces précautions, excellence émissaire, mais avec cette tribu qui nous envahit depuis quelques temps, nous devons redoubler de précautions.

J’en reste étonné, il ne me semblait pas qu’à cette époque, le pays fusse encore désuni. Je me dis que j’en saurais plus en les accompagnant. L’un d’entre eux me désigne un cheval, sur lequel je monte, un peu à contrecœur. Je profite du trajet pour scanner mes nouveaux compagnons, et m’assurer qu’ils sont bien humains, et de la bonne époque. Et nous nous dirigeons vers le village non loin.

Nous nous approchons des habitations, en nous demandant bien ce qui nous y attend, je sors mon sonique, et je regarde l’époque. Nous sommes dans le japon du premier millénaire, à l’aube du second, je ne connais pas les us et coutumes des peuplades de cette période, et j’espère que mes compagnes seront plus au fait.
Soudain, une nuée de flèches vient tomber à nos pieds, et nous ne pouvons faire autrement que de nous mettre à couvert dans un petit bosquet à proximité.

R : Elle est où la noblesse de ces gens, qui nous agressent sans même chercher à comprendre ce qu’il se passe ?

Et nous observons le village, pour essayer de voir ce dont il retourne, et nous nous rendons compte que celui-ci est en état d’alerte, et qu’une autre armée en armure tente de les prendre d’assaut, avant de renoncer, et battre en retraite. Puis, Jenn décide d’agir, je la vois mettre un collier autour de son cou, quitter le couvert, en gardant les mains bien écartées, et s’avancer en direction du hameau, en s’adressant à la cantonade d’une voix forte et assurés.

J : Je ne suis pas votre ennemie, mes amies et moi sommes des voyageuses perdues, et nous demandons humblement votre hospitalité, tel que le code bushido nous y autorise !

Soudain, un archer, un peu paniqué lâche une flèche, mais, trompé par le filtre à perception que Jenny a enfilé, celle-ci s’échoue à quelques mètres d’elle. Et Jenny reprend d’une voix agacée

J : Est-ce ainsi que les nobles Bushi traitent les voyageurs ?

Suite à cet incident, les portes s’ouvrent, et un cavalier solitaire s’avance

Li : Je suis le seigneur Li, j’administre ces terres, veuillez accepter les excuses de ma famille pour cette malencontreuse erreur. Le soldat qui a décoché cette flèche se fera seppuku en guise d’expiation.

J : Inutile d’en arriver là, personne n’est mort, et aucun déshonneur n’a frappé ton peuple ni ta famille !

Le cavalier s’ému de la mansuétude de son interlocutrice, puis il leva le bras, faisant signe à ses hommes que tout était bon, puis, nous pûmes venir rejoindre la petite blonde qui assurait, telle la digne fille de son père. Quand nous entrons dans le village, nous ne pouvons que remarquer qu’il est en état de siège.

J : Je vois que la loi martiale règne, ici, que se passe t’il vraiment ?

Li : Nos soldats sont sur les dents en ce moment, une troupe inconnue s’en prend à nos villages et à nos terres, au début, nous avons pensé à une recrudescence de bandits de grand chemin, qui s’enhardissaient, mais nous avons remarqué qu’ils avaient désormais un chef qui les avait unis. Nous n’avons que peu d’informations, si ce n’est qu’ils sont désormais uni sous la bannière de Nirala.

J : Nirala ?

Li : Une énigme pour nous. Personne n’a jamais entendu parler de quelqu’un s’appelant ainsi. Aucune info, et nos espions, pour ceux qui sont revenus, n’ont rien pu glaner.

J : SI nous pouvons vous aider, en échange de votre hospitalité, nous le ferons, ça fait partie de votre code, et du mien !

Li la regarda, et lui répondit.

Li : J’accepte votre proposition, et nous aviserons de la nature de votre contribution, en attendant, cette habitation est vacante, vous pouvez l’utiliser le temps de votre séjour

A peine s’est t’il éloigné que Zezanne s’inquiète.

Z : Peut-on interférer dans l’histoire ?

J : Aucun souci, Nirala n’a pas marqué l’histoire de son empreinte, juste un chef de voleurs local. Même si nous altérons un peu le fil des évènements, ce sera mineur, et le temps se réparera de lui-même. Et puis, j’ai comme un pressentiment.

J’en ai un, moi aussi, je ne sais pas pourquoi, mais à l’évocation de ce nom, j’ai eu une drôle de sensation.

Les cavaliers chevauchent à mes côtés dans une cavalcade effrénée, et nous traversons rapidement plusieurs prairies pour arriver à proximité d’un village dont les fortifications me paraissent peu avenantes. Décidément, je détesterai toujours autant les soldats et les armées, les portes s’ouvrent devant nous, à la vision de la bannière arborée par mes compagnons.

Bushi :  LAISSEZ PLACE AU GRAND EMISSAIRE DE SON EXCELLENCE IMPERIALE !

Décidément, le papier psychique a fait de moi un envoyé de l’empereur, j’en ai de la chance ! Au moins, ça devrait m’ouvrir pas mal de portes. Dont celles du bâtiment principal, où nous entrons avant de nous arrêter. Nous descendons de cheval, enfin, et le chef du groupe de mes accompagnateurs se dirige vers un homme en tenue civile, que je suppose être une sorte de chambellan, puis, il revient vers moi.

Bushi : Le seigneur Li ne va pas tarder à arriver, il s’occupe de la réception d’un groupe de voyageuses qui est arrivé il y a peu, et, une fois qu’il aura honoré ses obligations envers notre code d’honneur, il reviendra ici. Si vous voulez bien l’attendre dans le petit jardin.

Et je lui emboite le pas dans la direction dudit jardin, où je m’assois sur un banc de pierre, en cogitant, des voyageuses qui seraient arrivées en même temps que moi dans cette ville ? Je me mets à songer qu’il aurait pu s’agir de Clara et Ashild’r, j’espère que ce n’est pas le cas, je me sens encore trop instable pour les voir maintenant, et, il suffirait que l’autre me fasse une remarque pour que je rompe ma promesse. Je verrai bien ce que l’avenir me réserve, en attendant, le seigneur Li ne devrait pas trop tarder. Je lève la tête et observe les nuages, imaginant des objets dans le ciel, une enclume, une girafe, une note de musique… Je me sens déjà un peu plus détendu, lorsque qu’arrive mon hôte. Je me lève d’un bon, joins les mains et fais une respectueuse révérence en hommage à sa personne.

Li : Soyez le bienvenu en mon humble village seigneur ! Et pardonnez l’accueil de mes hommes, en ce moment c’est difficile pour eux, qu’est ce qui motive la venue d’un haut dignitaire tel que vous ?

12 : C’est moi qui vous remercie de votre accueil, seigneur Li, son altesse m’envoie faire le point sur la situation ici, et vous prêter main forte en cas de nécessité !

Li : Son altesse est trop bonne de se soucier de nous, nous pensions que le ministre allait gérer la situation comme il le fait habituellement, en nous laissant nous débrouiller, trop occupé qu’il est avec ses velléités politiques.

Je le regarde d’un œil noir, car je sais que ce genre de remarques aurait pu lui coûter la vie si j’étais un vrai envoyé de son seigneur.

Li : Pardon, Seigneur, ça m’a échappé…

Petit sourire de ma part

12 : Qu’est ce qui vous a échappé ? Je n’ai rien entendu, j’ai eu un moment d’égarement, veuillez reprendre votre récit !

Li : Il y a quelques mois, un groupe de bandits s’est mis à rançonner les voyageurs, à ce moment, nous nous sommes dit qu’il ne serait pas difficile de les mater, aussi, nous avons envoyé un bataillon de bushi les chasser, et peu sont revenus. Ils nous ont parlé de choses étranges, de bâtons qui crachent la foudre, et d’arcs de lumière. Ils ont dû faire seppuku pour expier leurs mensonges pour cacher qu’ils avaient été lâches. Seulement, depuis, ces bandits se sont enhardis, et d’autres les ont rejoints. Et, maintenant, ils n’hésitent plus à s’en prendre aux fermes et villages. Quant aux soldats qui les ont affrontés, certains les ont rejoints. J’ai envoyé un groupe d’espions aussi, un seul est revenu, bien que blessé. Et, il n’a pu nous dire qu’une chose, c’était que ces hommes étaient dirigés par quelqu’un nommé Nirala. Voilà tout ce qu’on sait.

Cette affaire excite ma curiosité comme rarement ces derniers temps.

12 : C’est peu, il faut que j’enquête plus en profondeur. Votre espion, je pourrai le voir ?

Li : Demain, il a encore besoin de repos. En attendant, Asuka !

Une jeune Onna-bugeisha entre dans le jardin

Li : Je vous présente Asuka Gosen, elle sera votre guide et votre accompagnatrice durant votre séjour, n’hésitez pas à lui demander tout ce dont vous avez besoin. Et, demain, nous ferons un grand briefing avec les voyageuses, l’espion et vous pour déterminer la suite des opérations.

Asuka m’emmène dans une aile de la demeure et me présente ce qui sera ma chambre. Et je la remercie. Puis, je m’assois à la petite table et je me mets à réfléchir à ce qu’il se passe.

Nous entrons dans la petite maison, où nous prenons nos aises, nos hôtes ont été prévenants, en nous fournissant même des tenues plus adaptées à l’époque et au monde où nous avons échoué. Je file me faire un brin de toilette, et je m’installe à la grande table, où mes deux complices ne tardent pas à me rejoindre.

R : Je crois que c’est raté pour le shopping.

Z : Ah, qu’est ce qu’il te fait dire ça ?

Et nous éclatons de rire, pendant ce temps, à la fenêtre, Jenny est pensive. Elle entend une annonce de cavaliers qui arrivent, en compagnie d’un envoyé de l’empire, et, à ce moment-là, elle ne peut s’empêcher de frissonner.

R : Qu’est ce qu’il t’arrive, tu viens de pâlir, d’un coup.

J : Je ne sais pas, comme une drôle de sensation qui vient de me traverser. Et je me pose plein de questions, sur ce rebelle Nirala, quelque chose me chiffonne, comme une drôle de sensation. Déjà, ce nom ne sonne pas japonais, est ce que c’est un indice ? Et, là, j’entends qu’un émissaire de l’empereur est arrivé, juste après nous. Alors que nous venons de nous heurter à un Tardis, il n’y a que moi qui trouve la coïncidence troublante ?

Z : En effet, nous nous doutions bien qu’à un moment où l’autre, nous allions rencontrer le ou les possesseurs de l’autre Tardis. Vous pensez que nous devons appeler le docteur ?

R : Non, laissons le tranquille, pour le moment, je crois qu’il voulait bricoler le Tardis, et puis, il a besoin d’un peu de repos, notre dernière aventure a été éprouvante. Et, si on ne le dérange pour rien, il va être tout grognon.

J : Parce que ça lui arrive de ne pas l’être ? A part quand il dort ?

Et nous éclatons encore de rire. Puis, Jenny fait un tour de la maison, et revient avec une vouge bien affutée.

J : En tout cas, ces bushis ont confiance, ils nous laissent des joujoux sympa pour faire mumuse, sans surveillance, si nous étions des traitresses, nous aurions pu être en bonne position pour les mettre en difficulté. Leur code est beau, mais pas toujours pratique. Par contre, les filles, j’ai demandé asile au nom du Bushido, je vous prierai de respecter les codes, et us et coutumes d’ici. Il en va de mon honneur !

Z : Parce que tu crois qu’on comptait se comporter comme un troupeau de sontariens dans un musée de cire ?

Puis, Jenny prit le temps de nous expliquer le code bushido, et les règles qui le régissaient. Et, après une bonne nuit de sommeil, nous sommes appelées pour rejoindre le briefing au manoir du seigneur Li, chez lequel nous nous rendons
Dans la salle où on nous fait entrer, se trouve en plus du seigneur Li, deux bushis en armure rutilante, sans doute des hauts gradés, un homme assis, au visage et membres bandés, qui semble souffrir, et un vieil homme qui détonne dans cet environnement. Vêtu d’une longue veste un peu anachronique, et d’une paire de solaire qui ne serait pas inventée avant un bon millénaire, ce qui ne semble pas choquer les autres personnes présentes. Je me demande alors si nous sommes tombées dans une faille, ou si l’homme que voilà est le mystérieux propriétaire du Tardis que nous avons heurté. Je sens qu’il me regarde derrière ses lunettes, aussi, je détourne le regard, et j’attends que maitre Li commence son explication.

Après une brève nuit, je me réveille tout frais et dispo, et je file en direction de la salle des opérations. S’il y a moyen de faire en sorte que la bataille se passe au mieux. Et je me demande quand même ce qu’il se passe, des bâtons à éclairs, des arcs de lumière, ce n’est certainement pas de la technologie contemporaine. Est-ce qu’une race guerrière est en train de jouer aux idiots ici ? Mais qui ? Ce n’est pas trop le genre des Dalek, cybermen ou autres bourbiers. En revanche, je me dis que les Sontariens ont parfois de l’imagination pour dresser les peuples les uns contre les autres. Dans tous les cas, je pense que ce sera amusant. Puis, je sens qu’on m’appelle, je me retourne, et me retrouve face à Asuka.

A : Seigneur ambassadeur, je vous cherchais, on m’a envoyée vous querir en salle d’opérations, mais, je vois que vous êtes déjà en route.

12 : En effet, je m’y rends de ce pas. Je ne suis pas du genre à dormir, le matin. Et elle m’accompagne jusqu’à ma destination. Et s’assoit sur un banc pour m’attendre.

Lorsque je pénètre dans la salle, je remarque immédiatement les deux généraux, en armure traditionnelle, qui me toisent, puis, l’un d’eux me regarde d’un air dédaigneux.

G : Un occidental, décidément, l’empire est tombé bien bas pour se permettre de faire appel à des gens comme ça.

Je lui réponds du tac au tac, d’un ton sec.

12 : Non, Jojo, l’empereur est un homme sage, qui sait tirer profit de toutes les personnes de qualité qui se présentent auprès de lui, et, si son excellence pense que je suis l’homme de la situation, vous l’insultez en sous entendant le contraire.

Le général voudrait répondre quelque chose, mais Li lui coupe la parole et s’adresse d’une voix forte et péremptoire

Li : Je ne peux tolérer que, sous mon toi, vous manquiez de respect à mes invités, général ! Je ne peux tolérer que sous mon toit, en ma présence, le nom de mon empereur soit sali ! Aussi, je vous prierai de demander pardon, ou quitter mes terres sur le champ !
Le général s’excuse de mauvaise grâce, excuses auxquelles je ne réponds pas, car à ce moment-là, les autres invitées arrivent. Et, je me fige en les reconnaissant. Ma fille, qu’est-ce qu’elle était jeune ! Et Zezanne, toujours avec son air déterminé malgré ce semblant de timidité apparente, quant à la troisième, en la voyant, mes cœurs se mettent à battre à l’unisson, Rose, mon grand amour, la seule, l’unique, le vide béant de mon existence. Je ne peux m’empêcher de la regarder, derrière mes lunettes, si proche, et pourtant si loin. Si belle… Mon ancien moi était chanceux, je ne me rendais pas compte, à quel point, idiot que j’étais !

Au fond, je ne suis même pas étonné, qui d’autre que Jenny aurait pu me rentrer dedans en Tardis ? Elles me regardent mais ne semblent pas me reconnaitre, c’est vrai qu’elles sont jeunes, et qu’elles ne me connaissent pas sous ce visage.

Puis, l’un des généraux commence son discours, expliquant ce que je sais déjà, concernant ce mystérieux assaillant, je me renseigne un peu plus, et je découvre que les premières attaques viennent d’un bosquet situé à flanc de montagne, à l’est.
Puis, l’espion parle de leur mission, de la difficulté qu’ils ont eue à se rapprocher, et des créatures impossibles qu’ils ont vues, des rats géants, surtout, et une sorte de chimère. Et les troupes qui ont fini par les remarquer, malgré leurs déguisements, sans qu’ils ne sachent comment. Puis, la fuite, mais, rien dans ce qu’il a à dire ne me parait pertinent.

12 : Je pense que la créature qui a fait muter ces rats et créé cette chimère se cache du côté de la forêt. Le plus compliqué serait de s’en approcher, sans donner l’alerte. Ces personnes avec leur air occidental, et moi-même, pourrions aisément passer pour des voyageurs égarés, et se rendre dans leur village, après, ce sera pour en revenir qu’il faudra improviser.

Li me toise, et prend un air inquiet, il ne souhaite pas mettre en jeu la vie de l’un des conseillers de l’empereur, mais je le rassure.

12 : Je ne suis pas une pièce majeure sur l’échiquier de son excellence, si je devais tomber, ils ne s’en rendraient même pas compte.

Li : Dans ce cas, je vous remercie de votre initiative, et je souhaite que vous emmeniez Asuka pour vous protéger au cas où. Elle est jeune et inexpérimentée, mais elle a besoin de progresser avec les meilleurs.

Je dois bien faire cette concession pour ne pas le vexer, et insulter son code et sa maison, je le remercie, salue tout le monde, puis, je quitte la salle, rejoindre la jeune femme qui m’attends nerveusement, et je la briefe sur ce qu’il s’est dit. Puis, je l’envoie chercher des cartes de la région, avant de me diriger vers une salle vide à proximité, où nous serons plus à l’aise pour étudier la zone. J’ai quand même encore du mal à me concentrer, avoir revu Rose, ça me fait quelque chose d’étrange. Je n’arrête pas de penser à cette scène, quand elle est entrée dans la salle, tellement merveilleuse.

A peine sommes-nous de retour à la maison que j’interroge les filles.

R : Ce mec, celui qu’on nous a présenté comme l’émissaire de l’empereur, vous en pensez quoi ?

J : Une chose est certaine, il ne vient pas de cette époque, vous avez vus ses lunettes, si on avait ça à cette époque, je veux bien être pendue.

Z : Et, j’ai eu une drôle d’impression, en l’entendant parler, quelque chose de familier, vous n’avez pas eu la même sensation ? Peut-être quelqu’un qui pourrait m’aiguiller sur mon passé.

J : Ou un ennemi de ton passé, tu ne devrais pas être aussi confiante. Mais c’est vrai que j’ai, moi aussi, eu une impression de déjà vu à son encontre.

R : Pareil, une drôle de sensation, en plus, j’avais l’impression qu’il me fixait, derrière ses lunettes. Comme s’il me connaissait, lui aussi.

Z : Je crois que Rose a un soupirant !

R : Si c’est le cas, dommage pour lui, je suis mariée et heureuse !

Et nous éclatons de rire, j’adore ces moments entre filles. Ce petit moment de calme, avant une tempête qui s’annonce. Puis, on frappe à la porte, je pars ouvrir, et me retrouve face à une jeune femme brune qui me regarde avec timidité. Puis, elle nous demande de rejoindre l’émissaire pour faire le point sur les actions à effectuer. Nous finissons de nous préparer, et nous lui emboîtons le pas, tranquillement, au travers de différents couloirs, avant de nous retrouver devant l’entrée d’une petite salle où la demoiselle nous demanda d’entrer. Jenny entra en premier, déterminée à jouer cartes sur table.

J : Je sais bien que vous n’êtes pas de cette époque, et, je suis certaine que vous êtes en rapport avec le Tardis qui nous a heurtées, alors, vous allez me dire qui vous êtes ?

Je regarde Jenn avec stupéfaction, car je ne m’attendais pas à la voir l’attaquer frontalement ainsi. Mais, au fond, je m’attendais à la voir faire quoi d’autre ?

Je vois entrer une furie blonde qui m’interroge avec autorité sur mon identité, alors, je me demande comment dois je le prendre, avec agressivité ? Non, des situations tendues, avec elle, j’en ai eu trop ces derniers siècles, et elle en aura trop, elle aussi, par ma faute.

12 : Ah, oui, Jenny, j’avais oublie à quel point, jeune, tu étais emportée ! Ca m’a manqué, tout ça, même si, en vieillissant, tu conserveras ces traits de caractère qui font tout ton charme ! Et de me dire que si quelqu’un avait emplâtré mon Tardis parce qu’elle ne regarde pas où elle va, ça ne pouvait être que toi ! Aucun respect pour les personnes âgées, et pour ta famille !

Et j’éclate de rire, devant son air surpris, et, encore plus quand je lui pose mon tournevis sous le nez, le symbole du docteur, de son père. Avec un trio de filles complètement coites en face de moi.

12 : Alors, tu ne reconnais plus ton paternel, mademoiselle ? C’est parce que j’en suis à une autre de mes incarnations ? Que j’ai l’apparence d’un homme plus ancien que celui que tu fréquentes habituellement ?

Je profite d’avoir mes lunettes pour observer les filles, sans trop être vu, Rose me regarde avec des yeux en boule de loto, mais, elle sait à quoi s’en tenir, elle a déjà assisté à plusieurs régénérations de ma part, quand j’étais jeune, et Zezanne n’a pas l’air de bien comprendre ce qu’il se passe. Aussi, je décide de l’affranchir, à ce moment de sa ligne temporelle, elle ne doit pas se souvenir des facultés de son peuple.

12 : Pour celle qui n’est pas au courant, et aussi pour la demoiselle qui écoute derrière la porte, tu peux entrer, Asuka !

La jeune femme franchit la porte toute gênée.

12, j’apprécie ta curiosité, mademoiselle. Je suppose que tu dois être toute chamboulée par ce que tu as entendu. Alors pour vous expliquer grosso-modo, je ne viens pas de cette planète, et, quand je suis sur le point de mourir, j’ai la possibilité d’avoir une nouvelle vie, toute belle toute neuve, avec une nouvelle tête, et certains traits de caractère différents, les joies des mutations génétiques aléatoires. Donc, pour expliquer, je suis le père de celle-ci, le mari de celle-là, et pour Zezanne, c’est pas l’heure. Mais tout ça, environ un millier d’années dans le futur, par rapport à mon moi qu’elles viennent de quitter !
Asuka me regarde avec des yeux encore plus ronds que les autres, elle doit vraiment douter de mes paroles, mais je vois que ma technologie, et mon sonique sont en train de la convaincre que mes paroles sont vraies.

12 : Et avant que l’on ne me pose la question, Asuka, non, je ne suis pas un Dieu ! Je m’appelle le docteur, je voyage dans le temps, dans l’espace, et j’apporte mon aide autant qu’on ne me l’apporte, et j’apprends. Je suis un idiot avec un tournevis, et cette définition me va très bien !

Je suis quand même étonné que la demoiselle écoute mes paroles sans aucune inquiétude. Puis, je me rassois.

12 : Alors, soyons sérieux, une fois de temps en temps, j’ai ces pillards étranges, et leurs mystérieux pouvoirs qui se sont manifestés dans cette forêt, alors, c’est là-bas que je vais, quelqu’un veut t’il m’accompagner ? Ou est ce que j’y vais tout seul ?

Avant même que quelqu’un m’ait répondu, j’ai enfilé ma veste et franchi la porte. Je verrai bien qui me suivra !

J’en reste sidérée, cet homme est donc mon docteur, celui qu’il deviendra dans le futur, dans longtemps, je suppose. Mais alors, où suis-je passée ? Est-ce que je suis restée dans le Tardis, en mission ailleurs, ou morte depuis longtemps, à cet instant de sa vie. J’ai quand même l’impression qu’il me fixe, derrière ses lunettes, et je me demande ce qu’il doit ressentir en me voyant.

Et, ce qui est fort amusant, c’est que, contrairement à mon docteur, il a réussi à faire taire Jenny, sans aucun affrontement, juste avec des rires et de l’humour. J’aurais envie de l’interroger, mais, je sais que je n’en n’ai pas le droit, que me spoiler l’avenir, en plus de me priver de la surprise, pourrait créer des paradoxes terribles. Et, je n’ai pas envie de revivre ça. De toute façon, je ne pense pas qu’il m’aurait répondu !

Puis, dans sa grande perspicacité, il se rend compte que nous sommes écoutées, et il invite gracieusement la personne à entrer, et, je trouve l’embarras qui se lit sur le visage de la jeune femme assez cocasse, avant qu’il ne nous donne ses observations, et qu’il ne quitte la salle, je sens qu’il y a quelque chose, la volonté de ne pas donner d’ordre.
Je suis en train de me remettre de cette rencontre, cette révélation, lorsque Jenny me tire de mes pensées.

J : Alors, princesse, on t’attend !

R : Et oui, je sais me faire désirer, et, tu comprends que j’ai du mal à encaisser le choc de cette rencontre !

Je vois Zezanne, qui semble interrogative, elle aussi, le « c’est pas l’heure » du docteur l’a interloquée. Ca voudrait dire que le secret de son identité sera révélé ? Et, c’est difficile pour elle, de savoir qu’elle est en présence de quelqu’un qui sait ce qu’elle recherche depuis un demi-siècle, et qu’il lui est impossible de lui demander. Mais, d’un autre côté, cette déclaration lui a redonné un semblant d’espoir.
Nous finissons par nous précipiter dehors, à la suite du docteur.

J : Une chose est certaine, c’est que, quel que soit son visage, son incarnation, papa aime courir, et, pour ça, il ne changera jamais !

Je m’arrête dans la cour pour leur laisser le temps de réfléchir, de savoir si les autres vont me suivre, et je vois Asuka qui sort du couloir.

Asuka : Seigneur docteur, veuillez pardonner mon intrusion de tout à l’heure, il me semblait que quelque chose était étrange, aussi, j’ai laissé la curiosité prendre le dessus. Mais, ne vous inquiétez pas, ce que vous avez dit ne sortira pas de ma bouche, qui me croirait, de toute façon ?

Elle me regarde, un peu rougissante, avec un petit regard qui me rappelle celui de Rose quand elle voulait me demander quelque chose.

Asuka : Seigneur docteur ? Puis je vous demander l’honneur de vouloir m’autoriser à vous accompagner ?

Je me mets à sourire, avec amusement, et j’enlève mes lunettes.

12 : Très bien, mais je pose deux conditions, la première, c’est d’être très prudente, j’ai assez perdu de personnes de qualité pour toutes mes vies, alors, je vous demanderai de faire attention, et surtout, de revenir vivante ! Et la seconde, c’est d’arrêter de m’appeler « seigneur », je m’appelle le docteur, et je ne suis le seigneur de personne, je ne suis pas un général, encore moins un président, et surtout pas un dieu !

Asuka me regarde avec des yeux tout brillants. Et me remercie, alors que les trois autres sortent de la bâtisse.

12 : C’est bon, elles ont fini de se refaire une beauté ? On y va, ou vous comptez vous arrêter devant une vitrine de bijoux, ou de fanfreluches ?

Mes yeux se portent sue ma fille, Jenny, qui semble hésiter à me répondre, je dois lui faire une autre impression, sous cette forme.

Jenny : Pourquoi tu me regardes ainsi ?

12 : Un peu de nostalgie, quand je vois ce que tu étais, et ce que tu vas devenir. Mais ce n’est pas l’heure d’en parler. Trois filles formidables venues de mon passé pour m’accompagner, et, une jeune femme très volontaire, je serai bien accompagné.

Presque aussi bien que pour ma dernière aventure, même si j’étais seul, ou pas, enfin, seul avec moi-même, enfin, c’est compliqué !

Je vois Asuka qui se précipite dans une salle, et en ressort dans une armure légère de bushi, ce qui semble intéresser Jenny, toujours son côté soldat, et je lui laisse quelques minutes pour s’extasier sur son tranchant. Je n’ose qu’à peine regarder Rose. J’ai passé tant d’années à contempler le portrait de celle que je n’ai jamais réussie à oublier, que je me souviens de chacun de ses traits. Et mes cœurs se mettent à battre la chamade. Mais, celui que je suis devenu ne la mérite plus, ou plutôt, devrais-je me dire que je ne l’ai jamais méritée, jamais je n’ai été à la hauteur de ses efforts, de ses sacrifices. Beaucoup ont sacrifié leur vie pour moi, Miranda la première, [mon regard se porte sur Zezanne], mais, personne d’autre qu’elle n’a sacrifié son essence, son destin, pour me permettre de continuer mon chemin.

Je chasse mes sombres et tristes pensées, et remets mes lunettes, avant de me diriger silencieusement vers le portail de la cité, où nous attend un garde avec des chevaux. Nirala, nous voilà !

Jenny se précipite dans la salle d’où vient cette fille, et elle en revient vêtue de la même armure qu’elle.

J : Légère et résistante, ils savaient faire des tenues sympathiques, à l’époque. Et ces sabres, si bien affutés pour l’époque, j’adore, je pense que c’est ici que je viendrai prendre ma retraite, enfin, ça prend sa retraite, une dame du temps ? Je ne sais pas, j’ai envie d’une retraite, j’en veux une !

Je la regarde un peu hilare, sacrée Jenn, le portrait craché de son père. Je jette un œil en direction de son successeur, mais, il a déjà remis ses lunettes, et je ne parviens pas à lire en lui, et déterminer ce qu’il ressent, mais, une chose me parait certaine, c’est qu’il essaie de m’éviter, de ne pas croiser mon regard, et je me demande bien pourquoi, et, finalement, je le vois se détourner, et se diriger vers l’autre bout de la place, et sauter sur un cheval.
Je me tourne discrètement vers Zezanne

R : Je ne sais pas pourquoi, mais je ne me sens pas à ma place, avec lui, je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre nous, tout ce temps, et comment je dois me comporter avec lui. J’ignore pourquoi je ne suis pas là, avec lui, mon moi futur, je veux dire, et ça m’inquiète, surtout que j’ai carrément l’impression de le rendre mal à l’aise.

Z : Nous verrons bien, pour le moment, traites le comme si c’était une autre personne, et on regardera comment ça évolue. Ce sont les aléas du voyage dans le temps.

Et nous montons sur nos chevaux, Jenny, très occupée à parler de techniques et de code bushido avec cette jeune Asuka, Zez et moi qui fermons le convoi, et le docteur, cet inconnu, qui chevauche, en solitaire devant, semblant ne même pas se soucier de nous.
L’orée de la forêt se rapproche. Nous devrions y arriver d’ici quelques heures, maintenant. Et c’est tant mieux, je commence à avoir le bas du corps tout endolori !

Après une heure de canasson, je commence à en avoir un petit peu raz le bol, aussi, j’arrête l’animal près d’un ruisseau, et je décrète qu’on va s’arrêter ici. Nous pouvons distinguer notre destination, au loin, mais nous en avons encore pour deux bonnes heures. Les chevaux m’ont fait comprendre qu’ils ont besoin d’une pause. C’est pratique de parler le cheval !
Je pars m’assoir auprès du ruisseau, et j’écoute l’eau s’écouler. Puis, je tourne la tête, et j’observe Jenny et Asuka qui se font des passes d’armes, à l’aide de bâtons, elles ont pas mal de choses à échanger, l’une qui a appris des meilleurs de l’univers, et l’autre qui a appris à utiliser les techniques millénaires des utilisateurs du code Bushido. Je sais sur laquelle je parierais en cas d’affrontement entre les deux, encore que, si le combat est codifié, avec des règles à respecter, Jenny serait désavantagée. Mais, je suis impressionné par la vitesse et les réflexes de ces deux jeunes femmes. A tel point que je ne fais pas attention à Zezanne qui arrive derrière moi.

Z : Puis je vous parler ?

C’est vrai qu’à l’époque, elle était timide et discrète, loin de celle qu’elle avait été, et de celle que je connais, dans ma ligne temporelle actuelle. Mais, ça lui allait bien aussi, à ma petite fille adoptive. Je lui souris.

12 : J’aurai toujours un peu de temps pour toi, comme pour chacune d’entre vous, même si un millénaire s’est écoulé entre votre époque, et la mienne, vous avez toujours toutes les trois une place privilégiée dans mon cœur.

Elle me fixe avec un air interloqué, se demandant pourquoi je lui dis ça, vu qu’à l’époque où elle est, elle ne pense pas être quelqu’un d’important pour le docteur. Elle ignore ce qu’elle représente pour moi. Ah, cette époque où, après la guerre du temps, j’avais mis beaucoup de souvenirs de côté.

Z : Je sais que vous ne pouvez pas me dire qui je suis, sans déclencher un paradoxe, mais, pouvez vous au moins me dire si je le saurai bientôt ?

12 : Bientôt, ça rime avec bien assez tôt. En fait, je ne sais pas, selon ce que tu appelles bientôt. Je ne sais pas exactement où tu en es de ta ligne temporelle non plus. J’aimerais tellement pouvoir t’en parler, mais je risquerais d’altérer ma ligne temporelle, j’en suis désolé.

Si elle savait quand, où, et pourquoi mon moi passé se rappellerait d’elle, ça fausserait ma propre ligne temporelle, vu qu’elle pourrait être tentée de forcer les choses, et, je ne voudrais pas. Il me faut faire très attention, surtout avec Rose. J’aimerais tant pouvoir changer les choses, qu’elle soit toujours auprès de moi, même si, ça voudrait dire ne pas avoir connu Amy, Rory, River, Bill ou Clara. Je les sacrifierais tous sans hésiter pour elle ! Mais les points fixes sont là, et je ne pourrais pas les changer, sans faire exploser le temps, et la perdre, de toute manière. Je tourne la tête et regarde les petits poissons qui nagent gaiment dans le ruisseau, sans se soucier des considérations que j’ais dans le crâne.

Zezanne s’assoit auprès de moi, et se met à contempler, elle aussi, le ballet des poissons, en silence, je me sens vieux, à me dire que je suis en train de partager un moment auprès de ma petite fille, mais ce sont les aléas des courbures temporelles. Et je me mets à sourire paisiblement.

Je regarde Jenny qui s’entraine avec la bushi, et Zezanne est partie discuter avec ce docteur. Aussi, je me sens un peu seule, tout à coup. Aussi, je m’éloigne un peu, et je m’assois contre un arbre, à observer les nuages, et en laissant mon imagination se développer. Je vois des formes se dessiner, un Tardis, et même un dalek. Dire qu’autrefois, j’aurais vu une vache ou un poulet, les voyages m’ont ouvert l’esprit, et fait découvrir tant de nouvelles choses. Je ne suis définitivement plus la jeune femme qui travaillait dans cette boutique. Au fond, le docteur m’a autant changée que je l’ai aidé à changer de son côté, à s’éloigner de cette fichue guerre du temps.
Je tourne la tête dans sa direction, et, en le regardant, je me dis que, peut-être, ma ligne temporelle est arrivée à sa fin, et qu’il a dû me dire au revoir. Son regard parait tellement triste. Je me mets machinalement à triturer ma bague, un peu nerveusement, mais c’est le symbole de ce qu’il y a entre nous, le plus grand amour que chacun d’entre nous vivra, j’en suis persuadée. Et, au fond, j’ai la crainte que ma présence lui rouvre de vieilles blessures.
Jenny semble toujours en train de jouer avec sa nouvelle copine, et j’en ressens un peu de jalousie, quelque part. Et je me concentre pour chasser cette mauvaise pensée.
Finalement, une petite voix me fit sortir de mes réflexions.

Z : Hey, Rose, fais pas ta boudeuse dans ton coin, viens nous rejoindre.

Je me lève timidement, et me dirige vers eux.

R : Je voulais juste vous laisser discuter tranquilles. Ca avait l’air de vous faire plaisir de papoter un peu. Aussi, je me suis installée dans un coin tranquille, en me disant que je viendrais te vois quand tu serais dispo, à moins que ce ne soit toi qui viennes.

Je lui fais un petit clin d’œil, mais je distingue quelque chose de bizarre dans son regard, j’espère que c’est juste une impression, et que j’aie juste du mal avec ce visage, que je ne connaissais pas.

R : Ca te fait quel âge, maintenant ? Nous avons du en vivre des aventures depuis le temps ! Et la Rose qui t’accompagne, où est t’elle ? J’aurais bien voulu connaitre la tête que j’aurai plus tard, moi !

Je suis un peu inquiète de la réponse qu’il va donner à cette question.

Finalement, Rose vient me voir, avec quelques réticences, que je conçois. La situation est quand même compliquée, entre elle qui ne sait pas comment je peux accueillir sa présence, et moi qui ne sais pas comment je dois prendre la situation, en marchant sur des œufs, tant il y a de choses sur notre histoire que je ne peux, ou ne dois, pas lui dire, que je ne dois pas lui spoiler.
Et les questions qu’elle me pose, que dois-je en faire ? Finalement, je vais opter pour rester le plus vague possible, je n’ai pas envie de lui mentir, elle ne le mérite pas.

12 : Mon âge, en effet, j’ai quelques années, ou siècles de plus, en années terriennes ça doit faire un peu plus de deux millénaires que le docteur visite l’Univers. Le docteur que tu accompagnes, si j’en juge vos apparences, doit avoir environ 980 ans, j’ai donc un bon millénaire de plus que lui, et de très nombreuses aventures que tu auras la joie de découvrir. Et ton toi futur, je suis désolé de te le dire, mais elle ne m’accompagne pas actuellement, aussi, tu ne la croiseras pas dans cette aventure.

Ah, la team Wolfy, les trois inséparables copines. Ca me rappelle des souvenirs, et une grande vague de nostalgie m’envahit, et, finalement, je me mets un grand coup de pied aux fesses, je remets mes lunettes soniques, et je me lève.

12 : Je crois que les chevaux ont récupéré un peu, et nous avec. Et il nous reste de la route à faire, vous êtes prêtes à repartir ? Ah, au fait.

Je sors un paquet de gâteaux que j’ai pris dans une boutique de la cité des bushi avant de partir, je n’oublie pas les souvenirs de Rose et ses gâteaux ! Et je lui tends le paquet.

12 : J’espère que tu vas les aimer.

Puis je lui fais un clin d’œil, et je remonte sur mon cheval, suivi par Asuka, et j’attends que le trio soit prêt pour repartir. Je me sens tellement étrange de lui avoir reparlé, après tout ce temps, toute cette souffrance, et ces tentatives d’oubli.
Quelques minutes plus tard, nous chevauchons, dans ces vertes prairies ensoleillées, vers notre destination.

Je sens que ma question est gênante, et je lis dans son regard qu’il hésite sur ce qu’il doit me répondre, et, finalement, sa réponse reste évasive. Et ce regard, quand il le porte sur moi, qui contient tant de nostalgie, et de tristesse, que je me demande ce qu’il a bien pu se passer en réalité. Et, quand il me dit qu’il n’est pas avec mon moi futur, est ce que celle-ci est allée faire une virée entre amies, comme je le fais actuellement, ou bien est t’elle beaucoup plus éloignée ?
J’aimerais qu’on en parle, mais je sais bien que c’est interdit par les lois du temps, aussi, je ne dis rien. Je reste silencieuse, moi aussi, la situation est tellement étrange, j’aurais envie de l’embrasser, c’est mon docteur aussi, mais j’aurais l’impression de tromper mon moi futur.
Puis, il se lève, et se dirige vers les chevaux. Et il décide de repartir. Je remonte sur l’animal, et nous repartons au trôt. Zezanne s’approche de moi, avec la discrétion qui la caractérise, et me fait sursauter.

Z : Alors, tu en penses quoi, du devenir de ton époux ?

R : J’en pense pareil, il est toujours le même, toujours celui que j’aime, quelle que soit l’époque. Il est, et il sera toujours la lumière qui illumine ma voie, l’étoile qui me guide, et, je suis ravie de voir qu’il a pu avancer ainsi, durant un millénaire de plus, de progresser, d’évoluer. Et, si j’ai pu, ou je pourrai, participer à tout ça, alors, ma vie n’aura pas été vaine.

Zezanne me regarde, puis son regard se détourne vers le docteur, et, elle se demande si, autrefois, avant sa perte de mémoire, il existait une personne qu’elle avait regardé ainsi, et qui faisait battre son cœur comme le docteur faisait battre le mien. Et cette personne, si elle existait, est t’elle à sa recherche ?
Jenny se retourne, et vit que Zez est en train de cogiter, aussi ralentit t’elle son allure pour se porter à notre hauteur.

J : Alors, de quoi parle t’on ici ? Je suppose qu’on essaie de se retrouver dans ce fatras temporel, c’est parfois assez troublant lorsqu’on n’a pas l’habitude des croisements de lignes, en tant que débutante, je te conseille, Zez, de noter tes aventures sur un petit carnet, histoire de garder le fil de la chronologie, sinon, tu risques de te mélanger, au début, entre les diverses époques. Je sais que tu as un peu voyagé avec le Jonah, mais ce n’est pas pareil, nous ne faisons pas des sauts de puce, quand nous sommes avec un Tardis.

Puis, elle soupire

J : J’ai de la chance d’avoir hérité de la mémoire génétique des seigneurs du temps, ça aide à m’y retrouver, sinon, je ne sais pas comment je ferais. Je vous admire, vraiment.

Je me demande si, moi aussi, j’ai hérité de cette mémoire génétique, transmise par Ymir, parce que, finalement, je n’ai pas tant de mal que ça.
Je souris, et nous relançons l’allure, pour ne pas laisser les deux autres partir devant tout seuls

Z : Team Wolfy, en avant !

Je chevauche tranquillement auprès d’Asuka, où elle m’explique sa vie en tant que bushi, et je l’écoute d’une oreille plus ou moins attentive, de toute manière, dans quelques heures, nos chemins se seront séparés, ce sera mieux ainsi, ça évitera qu’elle périsse sous les coups du maitre, des seigneurs du temps, des daleks ou des anges pleureurs.

A : Je descends d’une longue lignée de guerriers, une de mes ancêtres fut une légende, aussi, on me demande de devenir parfaite, une guerrière qui fait trembler ses ennemis, au nom des Gosen. Je dois m’entrainer toujours plus, en faire plus que les autres, appliquer le code bushido mieux que chacun, sans aucun droit à l’erreur. C’est difficile comme vie, mais je m’y fais.

Je tourne la tête dans sa direction et admire un peu la dextérité qu’elle a à conduire son cheval d’une seule main, en tenant sa vouge de l’autre, c’est même impressionnant, de voir une jeune femme aussi fluette manier ce lourd ustensile avec tant d’aisance, puis, je tourne la tête pour voir si le trio des voyageuses temporelles nous suit. Et j’entends Zezanne qui lance une sorte de cri de guerre, ce qui me fait sourire. La team Wolfy, ce nom me rappelle tant de souvenirs. Une si belle époque, tant d’insouciance, quand je pouvais me permettre de me montrer désinvolte. Et je m’interroge, quand cette désinvolture est t’elle devenue une façade, une apparence ? Quand ais je commencé à faire semblant, avant de devenir le vieil aigri que je suis aujourd’hui ?
Heureusement, nous approchons de l’orée de la forêt, et ma curiosité prend le dessus sur mes idées. Après tout, une minute passée à broyer du noir, c’est soixante secondes de belles pensées de perdues ! Cependant, les chevaux s’arrêtent net à l’entrée des bois, et je les entends paniquer. Quelque chose sous la canopée alerte leurs instincts les plus primaux.

12 : Je crois que nos amis en ont assez, nous allons les laisser paitre ici, et continuer le chemin à pieds.

Je saute à bas de ma monture, et avance, tournevis en main, en direction de ces inquiétants bois. Je me demande si ce Nirala se trouve en ces lieux. Asuka s’avance à ma hauteur, levant sa vouge, alors que Jenny nous rejoint, un sabre à la main. Au moins, je n’aurais rien à craindre d’une attaque brutale, même si j’aurais pu m’en sortir seul. Enfin, je ne sais plus, Quand est ce la dernière fois que j’ai agi en étant seul ? Que je n’ai pas eu besoin de quelqu’un ? Je ne me souviens plus.

12 : Vous êtes prêtes ? Alors, comme dirait mon ancien moi, allons y !

Je fais un clin d'oeil à Rose, et espère que l'allusion la touchera

Après un long moment sur le cheval, nous finissons par nous arrêter. Nos montures refusent d’aller plus loin, et ça peut se comprendre, cette forêt fait rejaillir une aura sinistre. Je ne me sens pas rassurée, aussi, je sors ce qui fait le lien avec celui qui me protège, mon tournevis, et je le serre très fort dans mes mains. Après tout, le docteur me protègera toujours, quel que soit son visage, enfin, je le souhaite.
Jenny et l’autre fille s’avancent aux côtés du docteur, finalement, l’instinct guerrier de la petite blonde ne disparait pas, quoi qu’elle en dise, et je la regarde faire des moulinets avec son katana. La petite japonaise, quant à elle porte une sorte de grande lance au bout tranchant, ces armes peuvent paraitre rudimentaires, mais, vu celles qui les manient, je n’aimerais pas être en face, même un Dalek devrait avoir à se méfier de Jenn avec un sabre, et l’autre me parait tout aussi efficace à l’arme blanche, vu leurs passes de tout à l’heure.

Zezanne, quant à elle, vient de sortir un objet de sa poche, et je me demande ce que c’est, un stylo ? Elle veut suivre les conseils de Jenny, et prendre des notes, maintenant ? Je m’interroge un peu sur ses intentions, mais, je me dis que c’est peut-être une arme ou quelque chose de pratique, après tout, elle roule sa bosse dans l’univers depuis bien plus longtemps que moi, elle doit avoir des astuces que je n’ai pas.

Puis, elle regarde l’objet avec surprise, et le repose dans la poche de sa blouse, en veillant à ce qu’il lui soit bien accessible, et continue sa route, en se rapprochant de moi, je la comprends, ce n’est pas très rassurant, ici.

Nous procédons pendant quelques dizaines de mètres au milieu d’arbres inhospitaliers, dans une atmosphère glauque, et je constate que toute vie semble avoir quitté les lieux, une forêt, c’est vivant, normalement, et là, pas un son, un silence pesant règne en maitre. Forêt, silence, absence de vie.

R : Docteur, est ce qu’il y a un risque de Vasha Nerada ici ?

Ah, Rose, toujours les bonnes réflexions, les bons réflexes. Un peu tard, ceci dit, j’ais, bien évidemment contrôlé tout ça avant d’entrer dans les bois, mais je ne peux m’empêcher de m’amuser un peu.

12 : Bonne question, en effet, c’est bien possible qu’il y en ait, alors, COUREZ !

Et je les regarde se précipiter vers la clairière, la source de lumière la plus proche, où je les rejoins, en marchant tranquillement, accompagné par Asuka qui ne comprends rien, évidemment, le Vasha Nerada, ça ne lui dit rien, à elle, comme à la plupart des terriens.

12 : Mais non, c’était une farce. Il n’y a pas plus d’ombre carnivores ici que de neurones chez les Judoons. J’essaie de vous faire marcher, et je parviens à vous faire courir !

Jenny, qui allait se mettre en colère explose de rire à mon allusion, ce qui dédramatise la situation. Pourquoi est-ce que j’allais toujours à l’affrontement avec elle, autrefois, alors qu’il suffit de la faire rire, en visant ses centre d’intérêts pour la calmer.

J : Décidément, pour les blagues vaseuses et pas drôle, tu n’as pas changé, toujours mon papounet !

J’éclate de rire devant son air déconfit, puis je reprends mon air serieux, d’un coup.

12 : Soyons sérieux, un peu. Je distingue de très nombreuses sources de vie, par-là, à l’est, et je pense que c’est là-bas qu’il faut chercher. Alors, la team Wolfy, vous êtes prêtes ? La team Tardis l’est, même si j’y suis seul. Et la Team Bushi ?

Je regarde Asuka qui a l’air bien perdue, mais ce n’est pas grave, elle suit le mouvement, et je la surprends même à s’amuser de nos bêtises et nos mimiques. Puis, elle saisit sa vouge, et se met en route dans la direction que nous avons choisie. Cette petite est volontaire, on ne peut pas lui retirer ça ! Et j’en profite pour penser à notre objectif, Nirala, Nirala, rien à faire, ce nom me dit quelque chose, mais quoi ? Docteur, ta mémoire te fait défaut ? Ce n’est pas grave, nous trouverons bien. Et, nous arrivons à proximité du camp des rebelles, que j’observe avec un grand intérêt. C’est quoi ce délire ? En guise de montures, les guerriers utilisent des rats géants, et je les vois s’entrainer avec des sortes d’épées énergétiques. Cette technologie est inédite sur Terre en l’an mille, c’est une certitude. Quelqu’un joue avec le temps, et ça va m’énerver, ça !

A l’allusion au Vash nerada, nous nous mettons à courir de toutes nos forces, pour nous mettre en pleine lumière, avant de le voir arriver, totalement hilare. Je le regarde, et j’essaie de le cerner, il me parait assez étrange, partagé entre l’amusement, un peu pince sans rire, et le sérieux, je me dis qu’il a du en traverser des épreuves, et certaines l’ont éprouvé, aussi, il a du mal à rester tel que je l’ai connu. Mais la blague me fait rire, sur le coup, Jenny, beaucoup moins, quand à Zezanne, elle est toute sourire, amusée par la situation. Finalement, l’allusion aux Judoons finit par dérider Jenn, et elle se retrouve à se marrer avec son père.

Et, cette version du docteur, qui me semble très versatile, passe de l’amusement à la sévérité en un instant, son visage se ferme subitement, et il nous parle sans trembler de la suite des évènements. Et nous demande si on est prêtes à aller à la suite.

R : Team Wolfy, toujours prête !

Et nous reprenons le chemin en direction de l’est, comme désigné par le docteur, et, nous finissons par arriver en vue d’une sorte de carrière, dans laquelle des hommes et des femmes s’affairent. Je les vois utiliser des armes qui sont clairement d’une autre époque, du futur, et je regarde mes compagnons. Jenny semble très intéressée par la technologie qu’elle voit, de même que Zezanne, Asuka est émerveillée par le spectacle de choses qu’elle ne pouvait imaginer, quant au docteur, je le vois froncer les sourcils, dans un rictus d’énervement, voire de colère.

Je me demande, pour ma part, comment une telle technologie peut avoir été amenée en ce monde, à cette époque.

Ce Nirala ne doit pas venir de cette époque, et, si c’est un voyageur temporel, de qui s’agit t’il ? Un seigneur du temps renégat, dans le genre Epsilon autrefois, un qui aurait échappé à la guerre du temps, un de plus ? Une entité du style la grande intelligence ? Ou autre chose de pire ?
A moins que ce ne soit un coup des sontariens, ils en seraient capables.
Je regarde ce docteur, en me demandant ce qu’il compte faire.

Je décide de faire ce que j’aime faire, quand je ne sais pas, aussi, je descends dans la clairière, avec un rictus sardonique sur le visage, oh, que ça m’a manqué, ces explorations, ces découvertes. Et je me dis que Clara aurait apprécié de visiter ces lieux en ma compagnie. Les regards des autochtones se portent sur moi, complètement étonnés de voir quelqu’un débarquer ainsi, sans se cacher, et le héler de la sorte.

12 : Oh, salut la compagnie, comment qu’on va ici, on s’amuse bien ? Je peux me joindre à votre petite sauterie ?

Et je me dirige vers celui qui me semble être le meneur du troupeau, sous les regards incrédules de mes compagnons, et, surtout celui d’Asuka qui ne connait absolument pas la façon de faire du docteur.

12 : Bonjour mon brave, c’est vous le gentil organisateur de ce camp de vacances ? Sympa la faune, ici, elle vient d’où ?

Le bonhomme me regarde avec un air bovin, complètement éteint, comme si on lui avait retiré sa langue, ou plutôt ses facultés cognitives, déjà qu’un humain en a peu, alors là, on touche le fond ! Je m’approche de lui, et je lui tape sur le crâne, et me mets à crier.

12 : EHOO, Y a-t-il quelqu’un ?

Aucune réponse, ni réaction, il se retourne, et repart faire ses tâches. Décidément. Aussi, puisqu’on ne semble pas s’occuper de moi, ici, si ce n’est par des œillades étonnées, je m’approche d’un de ces rats géants, une de ces bestioles qui me rappellent mon adolescence, à l’académie. Mais le souvenir est fugace, comme un air de déjà vu qui disparait aussi tôt.
Un millénaire et demi plus tard, on ne se souvient plus forcément de tout. Je caresse la tête de l’animal, tout en le scannant. Je remarque qu’il s’agit d’un rat tout à fait normal, si ce n’est que quelqu’un a modifié son génome pour altérer sa croissance, et sa docilité. Mais quel est l’intérêt de faire ça. Et, où se trouve la personne qui est derrière tout ça ?
Finalement, j’avise deux hommes en train de travailler leurs techniques de combat, au moyen d’armes qui sont loin d’être rudimentaires. Des lames d’énergie, technologie du 108ème siècle, mais également autre chose que je n’arrive pas à identifier.

Les deux hommes s’affrontent sans même me jeter un regard, aussi, je prends le temps de les analyser avec mon tournevis. Et je prends quelques données, avant d’aller m’assoir sur un banc au milieu du camp, en attendant les autres.

Je le regarde, complètement abasourdie, qui se dirige vers les suspects, et qui les interpelle, naturellement, comme s’ils étaient absolument sans danger. Mais mon docteur à moi n’aurait jamais fait un tel truc, enfin, pas en ma présence, je pense. Je me demande bien à quoi il joue, je regarde Jenny, qui me semble partagée entre la curiosité, et l’envie de l’encastrer. Il est évident qu’une telle inconscience, c’est tellement, euh, comment dire ? Docteur ?

Je me retrouve partagée entre inquiétude et envie de rire, et, finalement, je le vois qui s’approche d’un type, et lui tape sur la tête, sans que l’autre ne réagisse, et je me demande quel est ce maléfice. Et le mec qui reprend son travail comme si de rien n’était. Finalement, nous descendons dans le village, le rejoindre, assez surprises de la tournure des évènements. J’en profite pour scanner tout ce que je peux à l’aide de mon tournevis, et me rendre compte que tous les êtres vivants ici ont été modifiés génétiquement. Je regarde mes copines, puis Asuka qui parait complètement perdue, et nous nous dirigeons vers la place centrale où le docteur s’est assis, l’air pensif. Sur la route, je remarque une sorte de hache posée sur une table, et je la saisis, machinalement. L’objet s’illumine d’une sorte de halo, et se met à vibrer. Je me demande bien ce dont il s’agit. Jenny s’muse de mon air perplexe, avant de m’affranchir.

J : Outils à énergie, de la technologie d’après la moitié du dixième millénaire, cette hache utilise la chaleur de ton corps pour générer un champ énergétique qui lui permet de couper quasi n’importe quelle matière sans effort. Regarde !

Elle saisit l’outil, et, sans même prendre le moindre élan, semblant juste la poser sur un rocher, elle coupa proprement la pierre comme si c’était une motte de beurre. Puis, elle se mit à rire devant mon air ébahi, et celui d’Asuka qui ne comprenait plus grand-chose, la pauvre.

J : Ce sont des armes qui apparaitront dans très longtemps, miss, tu ne devrais même pas savoir que ça existera un jour.

Et elle reposa la hache, nous emmenant voir le docteur.

Je les regarde s’extasier sur les outils anachroniques qu’on peut trouver en ces lieux, moi, ça m’horripile plus qu’autre chose. Celui qui joue avec le temps, qui crée des paradoxes, j’aimerais bien lui donner mon point de vue. Le temps peut, parfois, régler les petites dissonances, mais, l’arrivée d’une technologie trop en avance, ça pourrait tout remettre en question. Je me prends la tête deux minutes dans les mains, en réfléchissant à qui pourrait jouer à ça, surtout que je n’ai pas l’impression que l’individu qui a fait ça n’ait la moindre envie de revenir en arrière.

12 : Mais qui serait assez bête pour faire ça ? Il faut vraiment avoir le cerveau congelé pour ramener une avancée technologique pareille en un tel moment. Ça m’agace !

Jenny me fixe une seconde, puis, elle appelle son Tardis, et lui demande de tout charger dans ses soutes. Son arrivée, cette fois ci sous la forme d’un camion pizza me fait sourire.

12 : C’est vrai qu’à l’époque, tu as pu t’y amuser avec ton circuit caméléon. Salut Wolfy, ça va petit Tardis ?

Wolfy allume ses phares pour me saluer, et, de son côté, Jenny se met à sourire. Jenny, la sauveuse de l’Univers, et son Tardis de légende, que personne ne parviendra jamais à lui ôter. Un souvenir me remonte, lorsqu’un haut dignitaire de Gallifrey, après le retour de cette planète, a osé venir lui demander de le restituer, car il devait, selon lui, revenir à un seigneur du temps « pur ». Ah, ce qu’il n’avait pas dit ! Je n’avais jamais vu ma fille aussi en colère, qu’on ose dire qu’elle n’était pas « digne » des seigneurs du temps !
Ah, ces souvenirs qui remontent, certains sont agréables. Puis, mon regard se détourne sur Rose, qui est en train d’analyser l’environnement au tournevis, comme je viens de le faire, c’est une bonne idée, peut-être sera-t-elle en mesure de voir des choses qui m’ont échappées. Elle était si brillante, si intelligente, si supérieure. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme elle.
J’ai beau réfléchir, je ne vois pas ce qu’il se passe ici, et j’en suis d’autant plus agacé. Je ramasse une pierre, que je lance sur une toiture en toile.

12 : Bon sang, des rats géants, ça me rappelle quelque chose, mais je n’arrive pas à remettre la main dessus.

Je me mets à tourner en rond, lorsque Zezanne vient me faire remarquer qu’un individu louche débarque d’un petit sentier qui descend de la colline. En effet, cette tenue rouge pimpant jure avec les costumes plus austères des individus zombifiés que nous avons autour de nous. J’enfile mes lunettes, et je m’avance dans sa direction. Lui, j’espère qu’il aura des réponses, parce que là, la curiosité est en train de céder le pas à l’énervement.

12 : Ey, vous ! Vous savez ce qu’il se passe ici, ces zombies, et ce méli-mélo temporel, d’où ça vient ?

L’individu me regarde avec un air mauvais, et commence à tracer sa route, sans répondre. Je fronce les sourcils, et je l’interpelle.

12 : Je suis le docteur, celui qu’on appelle la tempête qui approche, et je vous demande de répondre à ma question ! Faute de quoi, les demoiselles qui sont là derrière seront bien moins conciliantes, et pourraient bien vous faire sortir de votre mutisme avec autorité, et, croyez-moi, vous n’aimerez pas ça !

L’individu me regarde avec mépris, et trace son chemin. Tant pis pour lui. Je l’avais prévenu ! Aussi, je me retourne, et je le regarde marcher, d’une démarche assurée, dans la direction des filles. J’en aurais presque pitié pour lui

En effet, il n’aurait pas dû. Jenny se précipite sur lui, avec un air mauvais.

J : Hey, vous savez que c’est très malpoli de ne pas répondre quand on vous pose une question ?

Et, avant même qu’il n’ait eu le temps d’esquisser le moindre geste, Jenn le saisit par le col de sa tenue, et le plaque violemment contre un mur. Et, un rictus sadique apparait sur son visage tandis qu’elle approche la lame de son épée du visage de l’homme qui devient tout pâle, subitement.

J : Je crois que papa vous a posé une question, alors, répondez, c’est quoi cette manie, ici, de faire les zombies ?

Finalement, il répond, à contrecœur, sur un air très apeuré.

H : Pitié, gente dame, notre suzerain, Nirala, nous a interdit d’avoir le moindre contact, la moindre interaction avec une personne étrangère au village. Si ses hommes en noir apprennent que je vous ai parlé, tout chef de ce village que je sois, je serai exécuté sans aucune pitié.

En entendant ça, je me retrouve partagée entre pitié et colère, comment peut-on être aussi ignoble, aussi cruel, aussi inhumain, pour vouloir séparer les gens ainsi, pour le plaisir. A moins, évidemment de ne pas être humain. J’interroge, d’un ton très sec, cet homme, bien que je sache que je suis en train de l’amener à enfreindre leurs lois.

R : Ce Nirala, où peut-on le trouver ?

Asuka semble elle aussi très en colère, que cet individu ose se proclamer suzerain, alors que, lui-même n’a pas été autorisé par l’empereur, c’est une insulte à son code, à sa culture et à son éducation.

H : J’ignore où se trouvent ses terres, juste que ses cavaliers descendent de la colline, et, pour tout manquement à son code, ils exécutent le fautif, et emmènent avec eux dix de nos hommes. En échange, ils nous fournissent en armes, outils, et armures magiques.

Magiques, en effet, toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie, mais, avec ce que j’ai vu lors de mes voyages avec mon docteur, je ne crois pas au côté magique de la chose. Juste des anachronismes.

R : Je pense alors que nous allons emprunter ce chemin, et voir où il nous mène ! Qu’en penses tu, Docteur ?

Je le regarde, qui fronce les sourcils, ce regard n’est pas celui de mon docteur, il est empli de sentiments différents, je sens qu’il en a vécu des choses douloureuses, et, au fond, j’aimerais pouvoir le soulager de ce fardeau. Mais, il est sans aucun doute trop tôt pour moi, je me demande ce que j’ai bien pu faire dans le futur pour le laisser prendre ce regard-là.

Jenny en train de braquer ce type m’amuse, surtout que je la connais bien, et je sais qu’elle en rajoute beaucoup, et qu’elle se fait violence pour avoir une attitude aussi agressive. Mais, je suis fier d’elle, de son efficacité.
L’individu nous apporte les informations dont nous avions besoin, et il est évident qu’il va nous falloir partir en recherche du camp de cet individu, et savoir ce que c’est. Plus les choses avancent, plus je suis persuadé qu’il s’agit d’une créature venue d’un autre monde.

12 : Il nous faut continuer notre route dans la direction qui nous a été donnée, et savoir ce qu’il en est, vous êtes prêtes ?

Des enlèvements de personnes, par groupe de guerriers, ça me rappelle quelque chose, les bourbiers, et ces événements qui ont amené à la création de ce monstre qu’est devenu Ashild’r. J’espère que celle-ci n’a pas de rapport avec cette affaire, parce que j’ignore comment les choses pourraient se passer.

Asuka siffle son cheval, mais, celui-ci ne répond pas, certainement affolé par l’atmosphère sinistre qui règne ici, et elle prend un air dépité. Je m’en amuse.

12 : Et bien, il va nous falloir marcher, ou alors, pourquoi nous fatiguer, alors que nous avons ce qu’il faut ici ? Qui est partante pour une balade à dos de rat géant ?

Aussitôt dit, aussitôt fait, j’ai sauté sur un de ces animaux, et le lance, au petit trot, en direction de la colline. Aussitôt suivi par le gang des filles, qui semblent, pour certaines, assez réticentes au contact avec cet animal.

12 : N’ayez pas peur, on donne une mauvaise réputation à ces petites bêtes, mais, en réalité, elles sont toutes mignonnes. Tant que ce ne sont pas des cybermat !

Et nous montons le sentier tranquillement, avant d’en arriver au sommet, où, nous pouvons observer, au loin, une entrée de caverne devant laquelle se trouve une sorte de camp. Je me dis que c’est certainement là-bas, notre cible.