La clé de la vérité

Je me retrouvai entourée de créatures élémentaires, et je souris. Ils n’avaient pas pensé que je n’étais pas venue sans plan B, aussi cons que les Judoons. Aussi, je les laissai m’emmener, comme j’avais espéré. Et, je me retrouvai dans leur vaisseau mère. Les pauvres, ils allaient bientôt se retrouver avec deux fronts à gérer, coincés entre le docteur, et le grand méchant loup.
Ils m’emmenèrent dans une sorte de prison où nombre de personnes étaient en stase, et, parmi elles, je remarquai Jenny, ils l’avaient donc eue, ça allait me servir, ça. Je pris un air désinvolte, en sortant de ma poche, mon sonique, et celui du docteur de mon sac.

R : Je me demande ce qu’il se passera si je mets en contact deux soniques en mode puissance maximale, et que je les fais résonner ensemble. Ca vous dit d’essayer ? Moi, je suis curieuse. Et, au fait, les trente secondes que je vous ai laissées sont dépassées.

Je pris les deux, et je les fis se toucher. Et une grande explosion sonique se fit entendre, dans une grande lumière blanche, qui agit comme une grenade à impulsions électromagnétiques, et désactiva toutes les cabines de stase autour. A ce moment-là, Wolfy, qui avait compris la manœuvre, créa un champ de protection autour de moi. Le T150-Max, c’était impressionnant, et je m’avançai vers le chef des Rexuliens, désormais seul et désorienté.

R : Je t’avais pourtant prévenu de prendre gare au grand méchant loup, petit chaperon rouge ! Alors, toujours pas envie de te rendre ? Tant mieux, parce que là, vous avez sur le dos, une créature bien plus à craindre que moi.

Je remarquai, mais un peu tard, que le chef des Rexuliens avait appuyé sur son bracelet pour appeler des renforts, et un signal d’alerte se déclencha. Au moins, ça donnerait notre position au docteur, s’il était en route, chose que me confirma le Tardis. Je le mis en joue avec un tournevis, en espérant qu’il ne comprenne pas que c’était juste un instrument de précision, et je verrouillai la porte de la prison avec l’autre. Puis, je jetai un œil vers Jenny, qui se relevait péniblement.

R : Chez les Judoons, au moyen âge, et maintenant ici. Je vais te faire une carte de fidélité, au dixième sauvetage, tu as droit à un cadeau !

Elle me regarda en souriant.

R : Bon, on a un souci, là. On est enfermées dans cette prison, avec une horde de ces Rexuliens qui vont débarquer, on n’a pas d’armes, et cette zone est verrouillée par un champ de protection anti Tardis.

Heureusement, Jenny réagit au quart de tour, et lança un énorme coup de pied sauté en pleine tête du prisonnier, qui était en train de se relever.

J : Y’a de l’idée, mais la prochaine fois que tu tiens quelqu’un en joue, évite de lui dire que ce n’est pas une arme ! Bon, alors, on va devoir tenir un siège avec ce qu’on a, ce n’est pas gagné. T’as un plan B ?

R : Euh, c’est-à-dire que c’est déjà mon plan B.

J : Alors, il ne nous reste qu’à tenter de gagner du temps en attendant papa !

Bon alors, selon le message de Serenity, on n’allait pas pouvoir compter sur les renforts. Je regardai Jenny, en lui demandant si elle n’avait pas des amis, des compagnons de route, du genre Venom qu’elle aurait pu contacter pour nous venir en aide, mais évidemment, ses communicateurs étaient restés dans le Tardis. Ca aurait été trop facile, évidemment. Il ne fallait pas toujours compter sur les autres.

J : D’après les informations de Serenity, le docteur est dans un état stable. Mais, je suppose que s’il était en grand danger, la régénération se serait déclenchée, j’en déduis donc qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Ce que je propose, c’est de se débrouiller pour atteindre la salle des téléporteurs, et nous ramener sur la planète. Nous affrontons des maitres élémentalistes, du genre capable d’utiliser les courants d’air, c’est ainsi que je me suis faite avoir, le gus a réussi à me priver d’air. Maintenant que je sais qu’ils en sont aptes, ils ne m’auront pas une seconde fois.

Nous entendions frapper à la porte, de plus en plus fort. Et je n’étais pas rassurée. Mais, je vis Jenny se diriger vers les cuves de stase que j’avais déglinguées un peu plus tôt, et les autres prisonniers restaient assis en arrière. Puis elle arracha un panneau de contrôle, et alla fixer le câble d’alimentation contre la partie métallique de la porte.

J : Ca devrait les retarder un peu.

Après quelques secondes, un grésillement se fit entendre, suivi d’un hurlement. Apparemment, il y en avait un qui avait tenté de mettre un coup dans la porte, et l’avait payé cher. Mais l’activité derrière la porte semblait moindre, je supposai que le message de Serenity avait réussi à les attirer en bas. Si ces guignols n’étaient pas capables de forcer une de ces malheureuses portes, qu’allaient t’ils faire face au Tardis ?
Je réfléchissais à une solution pour nous tirer de là, pour ma part. Créer un portail pour s’enfuir, c’était une possibilité, cependant, avec les autres prisonniers, il m’aurait fallu utiliser toutes mes ressources, et je risquai de perdre conscience avant même d’arriver sur la terre ferme. Solution de dernier recours.

J : Alors, moi, je propose de tenter une sortie, je devrais pouvoir construire une sorte d’explosif avec le liquide de ces machines, et m’en servir contre eux.

Je la vis se précipiter vers les cuves, et s’affairer. De mon côté, je vins m’assoir à côté de la porte, et tentai de créer une illusion de l’autre côté, une sorte de loup spectral, pour les éloigner de ce couloir, et, bientôt, je n’entendis plus un bruit de l’autre côté.

Il me restait à attendre des nouvelles du docteur, et que Jenny ait fini ses préparatifs.

Jenny venait de finir ses préparatifs, et elle ouvrit la porte, après avoir désamorcé son piège. Et nous emmena dans le couloir. Je me tournai vers les zerkas.

R : Vous souhaitez rester là, ou nous accompagner ?

Ils ne se firent pas prier pour nous emboiter le pas. Jenny avait pris la tête du cortège, et marchait avec assurance, au cours du trajet, elle me proposa de tenter de trouver une solution pacifique à cette crise, ce à quoi j’acquiesçai, le temps que le docteur se remette, nous avions bien le temps de tenter de régler le conflit entre ces deux peuples. Mon illusion semblait fonctionner, puisqu’aucun de ces Rexuliens ne se mettait au travers de notre route. Et, nous finîmes par arriver à la salle des téléporteurs, d’où nous pûmes renvoyer les autochtones sur leur planète. Alors que Jenny configurait le téléporteur pour les envoyer près du Tardis, j’en attrapai un et lui demandai de faire une commission.

R : Dis à mes amis, en bas, du côté de la boite bleue, que j’ai envoyé le contenu d’un datadisk sur la mémoire du Tardis, il devrait y avoir, dedans, les formules du poison qu’ils ont utilisé contre le docteur.

Je savais qu’avec ça, l’aide du Tardis, et son intelligence, Serenity n’aurait pas de mal à trouver un contrepoison. Et, je m’inquiétai de la réaction que celui-ci pourrait avoir, une fois remis, contre ceux qui avaient tenté de le tuer. Il valait mieux trouver nous même une solution, plutôt que de devoir assister à un massacre, c’était ce que je voulais, pour être moi-même.

Les zerkas disparurent dans le téléporteur, et Jenny et moi, prîmes la direction du poste de commandement, mais nous nous arrêtâmes devant une salle indiquée comme armurerie, ce qui permit à Jenny de retrouver son cher canon dalek !

J : Ca aurait été bien que j’aie un minuteur, quelque chose qui me permette de faire sauter cet arsenal sans crainte, mais bon, je vais faire sans.

J’allais lui proposer ma jolie montre, mais elle ne me laissa pas le temps, elle me poussa dehors, lança une sorte de grenade, et tira la porte. Une énorme explosion secoua le vaisseau, et nous reprîmes la route du poste de contrôle, où nous allions certainement trouver le cerveau de toute cette opération foireuse, le rexulien en chef, quoi.

Nous avançâmes encore un moment, en sachant que nous allions être attendues, avancer ainsi en territoire ennemi décidément, on était de vraies petites docteur junior. Et cette pensée me fit sourire.
Puis, alors que nous entrions dans un nouveau secteur, Jenny me fit signe de m’arrêter. Un grand nombre de soldats ennemis était regroupé devant une sorte de salle de garde. Je regardai Jenny, qui ne me semblait pas forcément avoir envie d’en découdre, et qui serrait fortement son canon Dalek. Je me souvins de notre discussion, lorsqu’elle m’avait dit qu’elle rejetait de plus en plus la violence, de plus, je détectai d’autres énergies derrière nous, et, si nous engagions le combat, nous risquions d’être prises en tenaille, et submergées, alors, l’affrontement était définitivement la dernière chose à faire.
Je chuchotai.

R : Tu crois que ça marcherait encore, le coup de l’alerte aux Dalek ?

J : A part les énerver, je ne pense pas. Comme tout le monde, ils doivent avoir peur des Dalek, cependant, nous sommes à un moment de l’histoire où l’empire ne s’est pas encore reconstruit, ils doivent penser que les Dalek ont disparu, tous tués dans cette stupide guerre du temps.

R : Ok, parce que je ne veux pas trop abuser de mes capacités aux visions, surtout en territoire ennemi, je ne suis pas certaine que leurs capteurs ne les préviennent pas que ce qu’ils ont en face n’est pas réel.

J : En effet, tu as raison.

Nous étions en train de chercher une idée, une solution, lorsque des pas se firent entendre derrière nous. Apparemment, nous étions repérées. Je me tournai vers les soldats, et les regardai avec un air rassuré.

R : Ah, vous tombez bien, messieurs dames, ça fait une heure que nous errons dans ce vaisseau, à la recherche de votre hiérarchie, pouvez-vous, s’il vous plait, nous amener à celui qui fait office de chef, dans ce vaisseau. Je suis lady Larn, négociatrice pour l’ordre du méchant loup, une branche de la proclamation des ombres.

Jenny me lança un regard, certaine que c’était le genre de choses que son père aurait faites, mais qu’elle doutait quand même que ça allait fonctionner. Finalement, après avoir réfléchi quelques secondes, le soldat sembla accepter notre demande, et les légères impulsions psychiques, lui instillant la crainte des répercussions s’il faisait le mauvais choix, et provoquait un conflit avec la proclamation, achevèrent de le convaincre, faute de papier psychique, j’avais trouvé une solution de secours.

Soldat : Très bien, veuillez me suivre au poste de commandement.

Nous lui emboitâmes le pas, et finîmes par entrer dans un vestibule.

Soldat : Attendez ici, milady va vous recevoir.

Nous nous assîmes dans des fauteuils, en attendant que le chef des Rexuliens daigne nous recevoir. Je sentais que Jenny brûlait d’envie de me questionner sur mon expérience dans les profondeurs du Tardis, mais ce n’était ni le lieu, ni le moment. Et je voyais bien qu’elle pensait la même chose, nous étions certainement sous écoute, ici. Je regardai mon tournevis, mais je n’avais pas reçu le moindre message, alors, je ne pouvais savoir si mon messager avait bien transmis l’information concernant les données que j’avais détournées, et qui, je l’espérais, auraient permis la guérison de mon docteur. Dans tous les cas, il nous fallait gagner du temps en l’attendant, ou alors, parvenir à obtenir un accord, ce que je souhaitais.

Je me demandai ce que je risquais, si la proclamation des ombres découvrait que je m’étais faite passer pour un de ses agents, nul doute qu’ils n’aimeraient pas trop. Mais c’était sans trop d’importance.

Je faisais attention à mon tournevis à chaque donnée de la pièce, et des informations sur les signes de vie autour, il pouvait toujours s’agir d’un piège. Et ce n’était pas le moment de se faire avoir, alors que le docteur était hors service. J’étais quand même assez nerveuse, toujours sous le coup des révélations dont j’avais été victime. Il ne fallait pas que je pense à ça, pas maintenant. Je me concentrai alors plus sur l’argumentaire que j’allais devoir sortir.

C’était quand même surprenant, ce vestibule, plein d’ornements, et de tapisseries autour, ça ne faisait pas très militaire, en tout cas. Même le sol, du carrelage dans un vaisseau de combat, c’était quand même surprenant. Je déduisis que nous devions être dans un vaisseau protocolaire, celui d’un dirigeant, et non celui d’un général. Mais, alors, pourquoi mettre des prisons à l’intérieur ? C’était un risque, en cas de mutinerie. Ils devaient être bien certains de leurs cellules de stase. Ca me tira un sourire, je savais que Jenny était capable de se tirer de ce genre de pièges sans soucis, elle l’avait montré lors de notre face à face avec Allonzo, et je me dis qu’elle devait être tranquillement en train d’attendre le bon moment.

Je la regardai et lui souris. Elle était tranquillement assise, les doigts croisés, toute sage. Je me demandais ce qu’il se passait dans sa tête. Sans doute évaluait-elle les lieux, et les pièges possibles, dans le cas où les choses tourneraient au vinaigre.

Après quelques minutes, la porte s’ouvrit, et on nous invita à entrer. Nous passâmes la porte, toujours sur nos gardes.

Nous nous retrouvâmes dans un cossu bureau, les meubles étaient recouverts de dorures, et le haut plafond représentait une fresque. Puis, j’observai les lieux, plus en détail. Des sortes de tourelles étaient discrètement fixées aux murs, un mécanisme de défense.
Assise, au fond de la pièce, se trouvait une dame, qui me semblait d’assez grande taille, impression réhaussée par son haut chignon qui se dressait sur la tête. Je la reconnus rapidement, il s’agissait de la femme dont j’avais usurpé l’apparence pour entrer dans le bâtiment oméga. La dénommée Tilt, me semblait t’il. Je me dirigeai vers elle d’un pas décidé, et m’assis en face d’elle sans ne rien montrer.

J’étais en train de me faire une grande violence pour être à la hauteur, et je ne voulais pas échouer.

R : Je me présente, Lady Rosana Larn, de l’ordre du grand méchant loup, et voici Jenny, qui représente les volontés du docteur. Comme je disais à votre collègue, avant qu’il ne tente de me mettre hors circuit, dommage pour lui, vous avez tenté d’envahir un satellite afféodé à une planète de cinquième catégorie, dans le but de vous en prendre à celle-ci. J’ai été envoyée pour mettre un terme à tout ça. Et je n’ai pu m’empêcher de remarquer que le docteur était également de la partie. Vous risquez de vous retrouver rapidement sous les feux croisés de la proclamation, et de ce seigneur du temps. Plusieurs vaisseaux Judoons et Ogrons sont en route, et devraient être dans vos champs de radars d’ici peu de temps, et, à ce moment-là, il risque d’être trop tard.

J : Et j’ai mis votre arsenal hors service, également, vous défendre ne saura être envisageable non plus. Le docteur est magnanime, si vous acceptez de renoncer à cette attaque, et signez avec les zerkas un traité de paix dans lequel ils seront grands gagnants, il saura oublier que vos hommes ont tenté de le tuer.

La femme nous regarda, blanchit, et répondit, d’une voix tellement aigüe qu’elle me colla la migraine en quelques secondes, tout en pianotant sur son ordinateur.

T : Je crois que vous me donnez un ultimatum, pas une base de négociation. J’ai le choix entre combattre le docteur et la proclamation, ou bien accepter des conditions qui ne me semblent pas acceptables. Vous êtes rusée, lady Larn. Je ne savais pas que mes hommes avaient tenté d’assassiner le docteur. Cependant, je remarque que celui-ci est hors de combat depuis lors. Ca qui veut dire que nous auront la possibilité de nous défendre contre les judoons avec nos pouvoirs élémentaires. Ca va être un beau combat.

Jenny se leva d’un coup.

J : Ca ne sera pas un beau combat, ça sera un massacre, je peux vous le garantir. Acceptez son offre, et sauvez la vie de vos hommes, et celles des hommes qui arrivent pour faire respecter la justice. Ne provoquez pas un massacre juste pour votre fierté, et pour quelques minerais. Et puis, quel que soit le vainqueur de cette escarmouche, ne croyez vous pas que la proclamation va en rester là ? Les sanctions sur votre planète, sur votre peuple vont tomber. Et, comment ça va se finir, d’après vous ? Une crise, et tout ça pour des minéraux qui, dans tous les cas, ne vous reviendront pas !

Je regardai Jenny, toute rouge, toute enflammée, puis notre interlocutrice, en attendant sa réponse, qui, je l’espérais, serait moins belliqueuse. Et, pour appuyer notre argumentaire, je me permis de modifier légèrement les données de son ordinateur, avec mon tournevis, pour faire apparaitre une information sur un appareil de guerre, et de grande taille, détecté par son radar.

Je restai coite ; lorsque les personnes entrèrent, mais j’étais satisfaite, on avait fait le plus gros. Puis nous accompagnâmes l’escorte qui nous avait été confiée, en direction du point de rencontre avec Serenity.

R : Bon, on vous laisse finir le travail. Nous, nous avons fait notre part.

Et je quittai la salle, accompagnée par Jenny, qui semblait un peu dépitée de ne pas avoir pu aller au bout des choses. Mais, le principal, était de désamorcer cette crise, et sans faire couler le sang, je le sentais, il me le fallait, j’avais besoin de succès, pour me sentir moi, telle que je l’avais toujours été.
Après avoir traversé quelques couloirs, nous nous retrouvâmes dans la cité, et nous marchâmes tranquillement en direction du point de rendez-vous. Et, finalement, nous nous retrouvâmes à l’endroit voulu. Cependant, aucune trace de Serenity.

R : Je suppose qu’elle a eu une idée quelconque et a voulu aller la vérifier. Un petit contretemps. Alors, on va l’attendre, tranquillement.

Puis, nous avisâmes un petit café, dans la rue, et nous nous assîmes à la terrasse, prenant un petit verre d’une spécialité locale. Je ne pouvais m’empêcher de ma faire un sang d’encre au sujet de mon docteur. Etait-il toujours dans le coma ? Et comment allait-il s’en sortir ? Finalement, Jenny rompit le silence.

J : Tu sais, papa s’est toujours sorti de situations bien pires, ce n’est pas la première fois qu’il se retrouve empoisonné. Alors arrête de t’inquiéter ainsi.

J’étais dans mes pensées, entre ce qui arrivait au docteur, et ce que je ressentais, cette révélation qui m’avait ébranlé mes certitudes. Je ne savais plus, à ce moment-là, qui j’étais vraiment. Et j’écoutais Jenny d’une oreille distraite.

Mon amie qui s’inquiétait, de son côté, de l’absence de Serenity, c’était vrai que c’était étonnant qu’elle ne soit pas au point de rendez-vous. Et mon petit loup qui ne répondait pas à mes demandes de nouvelles. Cette histoire était en train de me retourner le cerveau.

J : Qu’est ce qu’il te travaille ? C’est ton mari, ou ce qu’il s’est passé dans le Tardis, je te sens distante depuis tout à l’heure. Dis moi tout.

Mais je ne me sentais pas d’en parler, alors, je lui souris, en silence, et elle comprit, elle décida d’attendre que je sois prête à en parler.

Nous étions assises à la terrasse du café, j’étais toujours dans mes funestes pensées, à réfléchir à comment parler à mon amie de ce qu’il s’était passé, de ce que j’avais vécu, et ce que j’avais appris. J’appréhendais tellement sa réaction, et je craignais de perdre notre amitié à cause de mes origines.

Du coup, je décidai de changer de conversation, l’air de rien.

R : C’était qui, d’après toi, ces gens qui disaient être de la proclamation ? J’ai un gros doute qu’ils fussent ce qu’ils ont dit qu’ils étaient.

J : Moi, pareil, certainement une idée de Serenity, elle nous a quand même bien court-circuitées.

R : Mais elle ne savait pas ce qu’on était en train de faire, dommage, avec notre coup de bluff, je suis certaine qu’on serait arrivées à mettre les Rexuliens à genoux.

J : Oui, et je vois que lady Larn sait bluffer, elle. Pas comme la princesse qui m’avait appelée Laura !

Je me rappelai de cette tentative pitoyable de mensonge, et je pris un air tellement dépité que Jenny en explosa de rire. Et son fou rire était communicatif, vu que quelques secondes plus tard, je me bidonnais avec elle. Ma meilleure amie, celle qui savait comment me faire oublier mes soucis.

Nous restâmes quelques minutes à rire, puis nous reprîmes une autre tournée de cet excellent breuvage. Ce moment entre filles m’avait, pour le moment, tirée de cette mélancolie dans laquelle j’étais plongée.

Soudain, je vis Jenny changer de visage, devenir toute rouge, et se lever d’un coup.

J : C’est pas vrai, il est sensé être convalescent, à peine sorti du coma et je le vois gambader dans la rue comme si de rien n’était ! PAPAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!

Puis, elle se précipita dans la rue, à sa suite, et je pris le temps de payer nos consommations avant de lui emboiter le pas. Finalement, après quelques dizaines de mètres, j’aperçus Jenny qui sautait dans les bras de son père, heureuse qu’il se soit remis. Et je marchai, d’un pas alerte, dans leur direction.

Je me retrouvai, une fois de plus, toute choquée. Depuis que j’étais entrée dans cette fichue zone interdite, je n’avais pas vu mon époux dans de bonnes conditions. J’étais si heureuse de le retrouver, enfin, après toutes ces inquiétudes, pour que ce soit dans ces conditions.

Je m’approchai de lui, et l’embrassai avec passion, et j’espérais que ça lui remette un peu les idées en place. Puis je repensai à ce que j’avais travaillé avec les Tardis, ça pourrait marcher, mais j’étais certaine que le docteur s’opposerait formellement à ce que je tente le coup. Si je me ratais, je finirais en micro-confettis disséminés au gré du temps, et moi non plus, la perspective ne m’enchantait guère. Aussi, je décidai de tenter autre chose. Et je vins me glisser tout contre lui, en lui faisant mon petit regard qui le faisait fondre.

Puis je me mis à répéter « exterminer », en lui faisant des bisous. J’espérais que ça lui fasse remonter des souvenirs. Jenny semblait hilare devant le spectacle. Et j’avais envie de l’amuser un peu, moi aussi. Je me demandais aussi où était passé Serenity.

R : Au fait, chéri, j’ai trouvé ça qui trainait, dans le complexe, tu ne devrais pas laisser trainer tes jouets, tu risquerais de les perdre.

Et je lui mis son tournevis sonique sous le nez, en passant ma main dans ses cheveux. Je me demandais où remontaient ses souvenirs.

R : Et ce poison, il est toujours là, ou tu as réussi à le vaincre ?

J’étais très inquiète, des conséquences de tout ça. Mais, cette fois ci, je serai forte, je ne pleurerai pas, pas encore. J’encaissais depuis le début de la journée, et je n’en pouvais plus, mais il fallait que je m’accroche.

R : Bon, nous avions rendez-vous avec Serenity ici, mais elle a été retardée, on fait quoi ? On va à sa rencontre, ou on l’attend ? A moins qu’il n’y ait autre chose à faire, je sais que tu n’aimes pas attendre sans rien faire, et je te comprends.

Je le regardai d’un petit air triste, décidément, tous ces souvenirs ne lui revenaient pas.

R : Enfin, ce petit jeu entre nous, ou je fais le dalek, qui t’extermine à coup de bisous. Avec ce que tu appelles mon petit regard de dalek, ça ne te revient pas ? Dommage, j’espérais arriver à te faire remonter des souvenirs.

Puis, il me confia que le poison était désormais de l’histoire ancienne. Alors, les données que j’avais piquées aux rexuliens ne servaient à rien, tant pis. Il y avait certainement d’autres choses dans le dossier que j’avais piratés, et elles pourraient être réutilisées plus tard.
Au moins, j’étais rassurée sur son état de santé, si le problème du poison était résolu, son organisme allait vite se remettre d’aplomb, et sa mémoire reviendrait vite, j’en étais persuadée.

Je jetai un regard vers Jenny, je sentais qu’elle était très en colère après son père, pour l’avoir fait s’inquiéter de la sorte, mais, elle avait compris que j’étais très mal, même si elle en ignorait les raisons, et elle ne voulait pas me mettre au milieu d’un conflit. Je la regardai, et lui fis un petit sourire pour la réconforter. Puis, elle pris la parole, après avoir soupiré.

J : Un groupe d’une quinzaine de personne, oui, ça me fait penser au groupe qui a débarqué dans le bureau de Tilt, alors que nous étions en train de finaliser de négocier la reddition des rexuliens, et qui nous ont mises dehors, en se faisant passer pour une délégation de la proclamation des ombres. Je ne sais pas trop, pour ton plan. Car, même si les rexuliens s’en vont en croyant que les minéraux ont tari, que l’information fasse le tour de l’univers, les autochtones conserveront leurs pouvoirs, et il va se passer quoi ? A un moment ou l’autre, certains vont se demander pourquoi ils peuvent les utiliser, seulement sur leur planète, et le pot aux roses sera redécouvert un jour.

Je sentais qu’elle avait été vexée de ne pas avoir amené notre négociation au bout, mais qu’elle comptait se cantonner à cette petite pique, avant de passer à autre chose. Tout le monde était assez perturbé ainsi. Puis, elle sourit à son père.

J : Je suis heureuse de voir mon papounet sur pieds, moi !

 

Jenny regarda son père.

J : Je veux bien leur donner des conseils sur mon expérience, et ma formation, mais, dans ce que tu as oublié, c’est que, de plus en plus, j’ai des difficultés à choisir la solution guerrière, et je me perds moi-même. Une combattante qui ne veut plus du combat, je ne sais plus vraiment qui je suis. Mais, puisqu’ils ont besoin de mes conseils, je vais les aider.

Puis, je le vis s’éloigner en grommelant un peu, et elle alla rejoindre Serenity et un autre gars. Pendant ce temps, mon docteur me pris la main, et m’entraina à l’écart. Et il me demanda de tout lui raconter.
Je m’assis sur un banc, et l’invitai à me rejoindre, et commençai à lui narrer l’histoire de mon retour en ce monde, avec cette faille mystérieuse qui m’avait faite échapper aux cybermen. Puis, les bêtises de son cher double, jusqu’à notre confrontation, et toute l’affaire de ma mutation. Je passais succinctement sur pas mal de détails sans importance, nous n’avions pas toute l’éternité non plus, et on en arriva aux simulacres de son frère. Les rencontres avec sa tante, et tout le reste. Je marquai un temps d’arrêt à la mort de Kidan, car ce souvenir était toujours douloureux pour moi, comme j’évitais au maximum les références à Rassilon, même si ce n’était pas toujours possible. Juste que, je sentais la colère monter en moi à chaque fois que j’évoquais son nom. Surtout maintenant que je me savais liée à lui.
Puis, je passai à notre mariage, pour casser tout ça avec un souvenir gai, et changer le sens du récit ! Et ma rencontre avec sa mère, également.

Je finis par lui raconter notre excursion dans les limbes, le passage avec le ténébro, si ça pouvait lui donner une piste pour se débloquer sa mémoire, et notre retour. Puis, je m’arrêtai là, en ne prétextant qu’une raison personnelle qui m’avait retenue sur le Tardis. Je n’étais vraiment pas en état d’en parler, c’était un gros blocage.

Je le regardai, une fois fini, j’espérais tellement que ça lui ait réveillé des souvenirs, et permis de briser un ou plusieurs de ses barrages, mentaux.
Puis, je l’embrassai, une fois de plus.

Je voyais bien qu’il était conscient de mon trouble, mais c’était plus fort que moi, je ne parvenais pas à parler de mes découvertes, de mes origines, et je me mis, inconsciemment, à jouer avec ma montre. Je regardais les reflets du soleil se refléter sur les motifs gravés dans l’argent, et cette danse de la lumière avait un effet presque hypnotique. Je me sentais plus détendue.

Je regardai le docteur, qui souriait, le regard tourné vers sa fille, qui, elle, s’affairait là bas, donnait des consignes, et faisait étalage d’un leadership naturel très fort.

R : Tu peux être fier d’elle, c’est quelqu’un de bien, une amie formidable, quelqu’un qui a traversé des périodes difficiles, qui a du payer pour les répercussions de la guerre du temps, qui s’est forgée toute seule, sans jamais baisser les bras, toujours à suivre ses rêves, son désir d’être acceptée, et non plus crainte, comme elle l’a été à cause du passé de… votre peuple, et des mauvais choix de… ce monstre de Rassilon. Elle est quand même beaucoup plus fragile qu’elle ne veut le montrer.

Je baissai les yeux, à l’évocation du nom du fondateur, une sourde colère m’avait traversée, une fois de plus, et je recommençai à jouer avec la montre, lorsqu’une idée me traversa l’esprit.

R : Je me demandais, tu crois que Mary, avec ses capacités à entrer dans la tête des gens, ses capacités psychiques, pourrait t’aider à retrouver tes souvenirs plus rapidement ? J’ai pu voir que, quand il s’agissait de faire sauter des barrières mentales, elle n’avait pas son pareil. En plus, maintenant, elle est accompagnée de ton arrière-grand-mère, dont je ne connais pas les capacités non plus.

Je relevai la tête, et passai ma main dans ses cheveux. J’avais tellement envie que ses souvenirs reviennent, qu’il soit à nouveau lui-même, même si je lui avais raconté le plus gros des faits, je me doutais que ça devait être difficile de ne pas en avoir ses propres souvenirs, avec ses propres sensations.
Je lui refis un bisou.

Je ne savais pas qui était ce Tellian, alors, je n’allais pas être d’une grande aide, à moins que je n’arrive à avoir une vision. Mais, celles-ci, depuis que nous avions forcé la fin de ma mutation, elles étaient plus rares, même si elles arrivaient encore, parfois, d’après le Tardis, c’était parce que désormais, j’en avais le contrôle, elles ne se déclencheraient que sur demande, encore fallait t’il que je comprenne comment ça marchait.

R : Au fait, tu savais que si on mettait en contact deux tournevis soniques poussés au maximum, on créait une explosion sonique qui avait l’effet d’une bombe électromagnétique ? Ca m’a bien servi, lorsque j’étais dans le vaisseau.

Je fis encore tourner la montre dans ma main, avant de la remettre dans ma poche, et me lever. J’avais besoin, pour le moment, de m’activer, de bouger et réfléchir, c’était le seul moyen que j’avais pour ne pas entendre les pensées, les réflexions, et les interrogations qui se bousculaient dans ma tête dans une violente cacophonie.

R : Alors, pour Tellian, une idée de qui c’est, et d’où nous devons chercher ? Pour moi, s’il n’était pas dans les geôles des envahisseurs, et qu’il n’a pas fui, c’est qu’il est toujours dans l’académie. Je serais d’avis de commencer les recherches par-là, qu’en penses-tu ?

Je tournai la tête vers Jenny, qui me semblait avoir fini de donner ses directives, et paraissait s’être calmée un peu. Et elle tourna sa petite tête blonde dans notre direction, et se dirigea vers nous, en ramassant une planche de bois qui trainait au sol.

J : Alors, tu as réussi à lui remettre les idées en place, ou il faut que j’utilise la manière forte.

Elle éclata de rire, j’espérais tant qu’on arrive à créer un petit stimulus pour lui faire revenir ses souvenirs. Peut être que les taquineries pas toujours fines de sa fille lui feraient un électrochoc.

R : C’est vrai que la thérapie du taper dessus, j’ai déjà tenté, ça avait marché, à l’époque, pour le poison du nesthène.

Je regardai mon docteur avec un petit sourire coquin, en quête d’un signe positif. Puis, je me dis qu’on devait aller chercher ce dénommé Tellian

R : Plus sérieusement, on y va ?