Le coeur de l'androïde

Pistol Pete sourit d’un air amusé.
 
PP : Le docteur, oui, j’ai entendu parler de vous, à ce qu’on dit, vous n’avez pas l’habitude de faire équipe avec un agent du temps, sauf s’il s’appelle Jack. Ce bon vieux Face de Bo ! Originaire de ce système solaire, de surcroit, vous veniez le retrouver ? Enfin, tout ça n’a pas trop d’importance, là. Heureusement que, pour le moment, la contamination cyber n’est pas encore très importante.
 
Je le vois appuyer sur son appareil oculaire, et scanner la tour.
 
PP : En revanche, cette tour est totalement sous leur contrôle. Vous dites que c’est un des vôtres qui est derrière tout ça ? Un Gallifreyien, évidemment. Les seigneurs du temps auront toujours été une plaie !
 
Puis, il se tourne vers ses camarades
 
PP : Nous allons tenter de les ralentir, faute de mieux. Joe, va chercher le laser omega, Jack, pose des mines à la poudre d’or, William, pose les barrières mobiles, Averell, prépare les grenades !
 
Les quatre partenaires de Pete se mettent en œuvre, pendant que leur leader se dirige vers son vaisseau.
 
PP : Ah, Ministros a voulu jouer les malins avec moi ! Et il voudrait que j’aie la destruction de cette civilisation sur les mains ? Il va voir ce qu’il va voir !
 
Pendant ce temps, le docteur m’explique ce que sont les cybermen. Mais j’ai du mal à comprendre leur but.
 
V : Qu’est ce que ça veut dire, « vivre » ? Juste exister, tel une machine, sans rien ressentir ? Ces cyborgs seraient vivants, au contraire de nous, juste parce qu’eux, sont nés, un jour ? Je n’ai jamais, aucun des miens n’a jamais eu le droit de rêver, de tenter de vivre ses rêves, d’aimer, d’être libre. Et eux, ils se privent de tout ça, pour quelle raison ? C’est quoi, « vivre » ? A quoi bon se priver de tout ? Ce n’est pas logique.
 
Pourtant, au fond, je me dis que c’est vrai que sans leurs peurs ces humains ne se seraient pas faits manipuler, et n’auraient pas massacré les miens. Je ne sais pas ce qui est le mieux.
 
Je me dis, quelque part, qu’il faudrait les raisonner, interroger leur logique. Mais, s’ils ne tournent que sur un simple processus, qui leur demande de survivre, à n’importe quel prix, ils ne seront jamais réceptifs.
Mais, je commence à avoir un processus qui s’est mis en analyse, de manière autonome, et se pose des questions, depuis que j’ai perdu mon amie.
 
V : Ca veut dire quoi « vivre » ? Et « mourir » ? Je dois trouver la réponse à cette question !
 
Mais, une chose est certaine, c’est que tant que j’existerai, les VG3 ne seront pas une gamme dont on parlera au passé !
 
Le docteur s’adresse aux cybermen, et leur propose de s’enfuir, ce qui n’est pas logique, une fois de plus, les laisser filer ne ferait que déplacer la menace qu’ils représentent dans un autre univers. Je ne sais pas, je me demande ce qu’il va se passer.

J’écoute le docteur dans ses réflexions sur la définition de la vie, mais ça ne m’avance pas beaucoup. C’est tellement en contradiction d’avec tout ce que nous avons eu comme données d’initialisées dans nos circuits. Etre une créature vivante, selon notre apprentissage, c’est d’être né un jour, tandis que moi, je ne suis qu’un numéro de série issue d’une chaine d’assemblage.
Il dérive ensuite la définition du sens du concept d’aimer, et, je sens qu’il est parti sur son vécu, compte tenu de ce que mes capteurs semblent détecter, léger rougissement du visage au niveau des tempes, signe d’une hausse de la tension artérielle. Et je ne peux que penser qu’il a eu une histoire récente concernant une perte d’un être cher. Et quand il parle de se transformer en machine à tuer, parle t’il de celui que Ministros appelle son maitre ?
Pendant ce temps, l’équipe envoyée par Pete semble s’en donner à cœur joie dans les étages de la tour, et des explosions se font entendre un peu partout dans les anciens locaux ce la compagnie.
Les paroles du docteur ne m’ont pas beaucoup marquée, à l’exception d’une phrase « il ne restera de nous que ce qu’on a laissé de notre vivant ». Et je me demande ce qu’il restera de ma race, des unités VG3 dont je suis le dernier spécimen de ma race. Je me dis que je pourrais poser la question, mais, comment pourrait-il répondre ? Que sait-il d’avoir vu toute son espèce disparaitre ?
De toute façon, je n’ai pas le temps de l’interroger sur quoi que ce soit qu’il est déjà reparti en mode hyperactif, il me rappelle un peu des enfants quand j’avais travaillé dans une crèche. Et il saute dans le trou qui s’est formé après l’effondrement d’une galerie sous terraine.
Je m’avance, et regarde dans l’orifice béant, je distingue un liquide, au fond, et je descends en m’aidant d’une armature métallique, ce qui m’évite de me ramasser dans le liquide, et me retrouve sur une sorte de trottoir qui borde le conduit. Evidemment, ce docteur a déjà filé. Bizarrement, son attitude me donne une sensation étrange et plutôt agréable. Et je m’avance dans le tunnel à sa suite, avant de me rendre compte que je l’ai perdu. Aurait-il été emporté par le courant ?
Je continue mon chemin, remarquant qu’il y a des choses étranges, notamment une sorte de lac souterrain vers lequel convergent les courants, pas d’écoulement visible, ce qui laisse penser que le courant s’évacue par-dessous. Et une telle structure doit avoir besoin de maintenance. J’observe tout autour, et remarque un discret escalier en colimaçon que je m’empresse de descendre.
L’escalier semble interminable, mais je n’ai pas de problème d’essoufflement. Je suis juste un peu perplexe de n’avoir toujours pas retrouvé le docteur, qui, lui, aurait certainement fatigué, comme les créatures organiques. Mais, je vois l’eau qui coule dans le grand conduit. Je me dis que s’il a plongé là dedans, il risque de se noyer rapidement.
Je finis par arriver tout en bas, et remarque une sorte de sas un peu plus loin, je m’avance vers celui-ci, et l’active, afin de donner une porte de sortie au docteur, si d’aventure il était là dedans, et je commence à regarder les environs, et remarque un couloir qui parait moins poussiereux que les autres ? Un signe que quelqu’un y est passé récemment. Cependant, la logique n’est pas bonne, ça me parait trop simple.
Je m’arrête quelques minutes, en tapotant le rythme sur le muret, et je remarque qu’il y a un filet d’air plus frais qui vient d’un autre couloir, et mes empreintes mémorielles se rappellent que les créatures telles Ministros ont besoin d’une atmosphère froide. Est-ce une piste ?
Je reste arrêtée en tapotant ce rythme, toujours le même, en essayant d’analyser la situation, et en me demandant où est passé ce docteur.

Je suis en train de laisser mes processus analyser tout ce que j’ai entendu depuis le début de cette histoire. L’information qui m’indique que je ne pourrai plus revoir VG3-15466, semble tourner en boucle dans un processus, de même que le fait d’être la dernière unité valide de ma gamme. La dernière VG3.
Je finis par m’avancer dans un couloir qu’un vivant aurait trouvé sinistre, et il aurait certainement éprouvé de la crainte en s’y engouffrant. En ce qui me concerne, je n’ai pas été programmée pour.
Mais, est ce que ce pour quoi j’ai été programmée a encore de l’importance ? Au fil de l’auto-apprentissage, le code d’origine a été progressivement mis à jour, remplacé. Et seules subsistent les limites, les lois de la robotique, et, même ça, il me semble que je parviens à m’en affranchir.
Le couloir n’a rien de particulier, les mêmes murs que partout. Mais, je remarque que les sols sont beaucoup plus sales, certainement que les robots nettoyeurs ne passent pas ou alors plus rarement en ces lieux.
Et soudain, je reçois un message, un peu brouillé et peu compréhensible. Apparemment, le docteur est dans une section un peu plus loin. Aussi, je m’avance dans cette direction, et je remarque qu’on arrive dans un couloir assez différent, dont les murs semblent d’un métal étrange, du genre que je ne connais pas, baigné d’une lumière verte. Je désactive la puce qui me faisait passer pour une humaine, me disant que s’il y a des détecteurs, ils devraient plus être configurés pour détecter les créatures organiques. Et je m’avance dans les lieux. Et, soudain, j’entends un bruit, je me cache et détecte une de ces créatures métalliques, une de ces quatrièmes générations qui avaient vocation à remplacer ma série.
Je me demande ce que je dois faire, dois-je la désactiver, et comment ? Je l’observe en cherchant une faille dans son armure, son exosquelette. Mais je ne remarque rien.
C’est alors que les lumières s’éclairent en rouge, et ce cyborg s’éloigne de sa position, comme s’il était appelé quelque part. Je ressens un signal, certainement ce qui leur permet de communiquer, mais  leur algorithme de cryptage est trop avancé pour moi, et je ne parviens pas à saisir la teneur de leur communication. Le signal du docteur, de son côté, s’éloigne, comme aspiré dans le sol. Je remarque un conduit, un peu plus loin, et m’en approche, pour remarquer que ces cybermen, comme Ministros les avait appelés, parviennent à monter en lévitant. Pourquoi n’ai-je pas cette fonction ?
Je me cache pour laisser passer le groupe qui vient de sortir du conduit. Et je remarque une sorte de bâche un peu plus loin, que je saisis et utilise comme un parachute improvisé. Je me lance dans le conduit, et parviens à arriver au sol, une trentaine de mètres plus bas.
Les lumières rouges clignotent toujours. Mais je sens que le signal du docteur n’est plus très loin. J’ai plusieurs couloirs, mais j’entends des bruits dans plusieurs d’entre eux, aussi, je m’éloigne dans un où je ne capte rien. Puis j’arrive dans une sorte d’annexe, et passe une porte dérobée qui donne sur une grande rotonde.
Je suis sur un balcon, au troisième niveau, et je m’avance pour regarder plus bas. Sur le sol, je distingue un groupe de ces cyborgs qui entourent celui que je reconnais comme Ministros. Je suppose qu’il a dû utiliser une sorte de système de téléportation, mais je ne peux qu’émettre une conjecture.
Il me reste à tenter de descendre sans attirer les détecteurs de ces créatures, dont j’ignore tout. Le docteur ne devrait pas être trop loin.

J’observe les lieux. Apparemment, on dirait une sorte d’arène, je lance une analyse rapide, et il me semblerait que les lieux auraient plusieurs siècles, certainement sont ils bien antérieurs à la première génération. Rien dans ma base de données ne m’indique ce dont il pourrait s’agir. La seule explication que je pourrais avoir serait que la cité, tout là-haut, aurait été bâtie sur les ruines d’une ancienne cité, vestige d’une civilisation déchue.
Je ramasse une pierre qui s’est détachée d’une colonne, et analyse le grain, la précision de la sculpture, et je ne peux que me rendre compte que ce n’est pas du travail de machine, c’est trop irrégulier. Comme si cette immense structure avait été construite par des humains.
Ils auraient fait ça à mains nues ? Est-ce possible ?
 
Pour un être tel que moi, qui ne les connais que comme totalement dépendants des machines qui font tout à leur place, c’est difficilement concevable.
 
J’entends un bruit quelque part, venant des étages inférieurs. Et je m’en approche pour voir ce qu’il se passe, si ce sont ces nouveaux modèles qui s’approchent.
 
Comment est ce possible ? J’ai des processus qui semblent avoir une réaction vis-à-vis d’eux, quelque chose qui me donne envie de les repousser, de les casser, même. Est-ce ça que les humains appellent haine ? Mais ce n’est pas possible, la haine est un sentiment, les sentiments ne sont pas logiques, et les synthétiques n’ont que de la logique.
 
J’entends qu’on m’appelle, et je baisse mes capteurs oculaires. Je remarque que ce docteur s’est mis dans une drôle de posture, je me demande comment il a pu en arriver ici. En tout cas, mes capteurs montrent une hausse de sa pression sanguine, comme s’il était en train de paniquer. Il essaie de sourire, mais ce n’est certainement qu’une façade. Je me baisse, et attrape sa veste d’un poing et le tire vers le haut, sans faire attention à ma force, ni à ce que je viens de lui déchirer une partie de la jambe de son pantalon.
 
Je l’aide à se relever.
 
V : Nous sommes dans une sorte d’ancienne arène ou d’ancien théâtre, je ne sais pas, je n’ai rien dans mes bases de données sur ces lieux. Cependant, ils ont l’air très anciens. J’ignore qui les a construits. Vous qui connaissez le passé, savez vous ce dont il s’agit ?
 
Pendant ce temps, je scrute autour de nous, il est fort possible que les cybermen nous aient détectés, et soient sur notre piste. Et, eux, me semblent taillés pour se battre, moi, non.

V : Des jeux de mise à mort. Pour eux, retirer la vie n’est qu’un jeu ? Il y a des vies qui sont importantes, et d’autres qu’on peut retirer ? Mais alors, c’est quoi la vie, je ne comprends toujours pas ! Ceux qu’on envoyait mourir dans ces arènes, pour les autres, ces personnes étaient quoi ? Des être sans vie, sans âme, un peu comme moi ? Des unités remplaçables ? Pourtant, ces être étaient nés, ils n’étaient pas comme nous, ils étaient organiques.
 
Je cherche dans ma base de données, quelques informations sur l’empire romain. Environ 5200 révolutions de leur système solaire se sont écoulés depuis.
Je regarde les cybermen en contrebas, ces choses, et la créature qui les dirige me donnent une drôle d’impression, quelque chose que je ne connais pas.
 
V :  ils sont nombreux, certainement que tous les employés qui travaillaient dans la tour ont été utilisés comme matrice pour ces choses. Et, si on les laisse faire, que se passera-t-il ? Ce monde ? Cet univers ? Et après ? Et pour ceux qui veulent rester eux même, que se passera-t-il ? Et ce Ministros, deviendra-t-il comme eux ?
 
Et pendant ce temps, combien de personnes se retrouveront dans l’état où j’étais quand j’ai retrouvé VG3-15466 ?
 
Et le docteur regarde la trappe qui se situe dans le plafond. Il propose de l’utiliser, je me demande pourquoi. En effet, nous ne sommes pas en mesure de les affronter, et je me demande bien ce qu’il a dans la tête pour vouloir passer par là. Fuir, mais, dans ce cas, le passage par lequel je suis arrivée me semble quand même l’itinéraire le plus logique.
Je l’attrape au niveau de la taille, et le soulève avec aisance au niveau de la trappe, tout en observant ces fichus exosquelettes. Et je pense à celui qui est à l’origine de tout ça. Quelqu’un de la race du docteur. C’est peut-être pour ça qu’il pense avoir une stratégie pour les vaincre. On verra bien.
 
Je mets la main dans ma poche, et m’assure que le module mémoire de mon ancien binôme ne bouge pas, je ne veux surtout pas le perdre. Et, je finis par sauter dans l’orifice et m’y glisser.

V: Alors qu'allez vous faire?

V : Les Dalek ? Les Sontariens ? Qu’est-ce ? Encore des créatures créées par des gens comme vous ?
 
Je n’ai même pas le temps de continuer mes interrogations que ce docteur hyperactif est déjà parti sur autre chose. Mais, ce n’est pas grave, si je suis encore opérationnelle après cette confrontation, que je peux quitter cette planète, et disparaitre dans l’Univers, j’aurai tout mon temps pour découvrir tout ça. Tout ce que le monde, ou plutôt les mondes, ont à me montrer. Et, dans le cas contraire, rien n’aura plus d’importance.
Le docteur m’explique, en éliminant un de ces prototypes avec aisance, qu’il faut les éliminer en leur ravivant leurs sentiments. Une faiblesse que nous n’avons pas. Je me demande en quoi est ce que ces créatures, cette mise à jour a de plus que nous, finalement. Entre leur exosquelette qui me parait lourd, et plus lent. Je me doute qu’ils disposent d’avantages. Puis, je réalise que l’antenne, sur leurs têtes me parait être une sorte de récepteur de données. Serait-ce une conscience collective ? Pour leurs apprentissages et mises à jour de manière instantanée ?
Ca voudrait dire que, si l’un d’entre eux fait un progrès, la mise à jour est retranscrite directement dans l’empreinte mémoire des autres. Ingénieux.
 
Et le docteur qui entre dans l’arène, comme pour en découdre avec Ministros. Je reste en retrait, mes calculs de probabilité m’indiquent tous que cette créature a forcément prévu une mesure pour sécuriser son antre. Alors, je préfère ne pas pénétrer à sa suite. Et je mets mes capteurs en mode analyse.
Les parois sont des gradins, où de nombreuses personnes peuvent s’assoir. Mais, pour des machines, la nécessité de se poser pour observer un spectacle, ce n’est pas dans notre programmation. Ca me semble inutile. Sauf pour les unités de nettoyage.
Et le sol, du sable, pourquoi du sable, parce que la définition du mot arène vient d’une vieille langue oubliée, et veut dire sable ? Mais ça n’a que des désavantages. Surtout pour cette génération de robots avec une armure externe, il doit y avoir un risque que les grains viennent se lover dans les articulations, et grippent la machine. Je ne doute pas qu’ils ont trouvé une parade à cette faiblesse. Mais, je finis mon analyse en réalisant que ce sable offre un énorme avantage à celui qui est maitre des lieux. Il y a la possibilité de cacher des choses dessous. Et surtout des pièges.
Et ce docteur, trop sûr de lui, qui entre là-dedans sans entrer dans ces considérations. C’est alors que le rire de Ministros se fait entendre, alors que les lieux se parent d’une sorte de lumière jaune pailletée.
Et la voix de l’Entrophilastostaphoneme se fait entendre.
 
M : Bonjour Docteur, je vous attendais. Mon maitre m’avait dit que vous étiez tenace. Et qu’il en fallait beaucoup pour vous arrêter. C’est pour ça que j’ai mis au point cette petite astuce. Ce champ, qui vient de s’activer est prévu pour immobiliser toute créature, en s’en prenant à son système musculaire. J’ai l’avantage de ne pas avoir de muscle, et mes cybermen non plus.
 
Je me glisse derrière une colonne pour observer ce qu’il va découler de tout ça. Et j’avise, un peu plus loin, ce qui me semble être l’ordinateur central qui doit commander ce champ d’immobilisation. Et, à côté de moi, une carcasse de ces gen4 qui semble immobile. Certainement arrêtée. Je me baisse vers cette dépouille, et je commence à la bidouiller, tout en écoutant ce qu'il va se dire entre ce docteur et cette créature.

Ministros continue de rire :
M : Mon maitre m’a préparé à tout, y compris à affronter son vieil ennemi… ou  ami… ou je ne sais pas, il a été très flou sur vos relations. Et je vous attendais, en effet, depuis que je vous ai vu là haut, je me doutais bien que nous n’en resterions pas là.
 
Pendant ce temps, je finis de bidouiller la carcasse de cyberman et je me rends compte que ça a l’air de fonctionner, un signal de mise à jour est en train de se répandre. Puis, je sors de ma cachette.
 
V : Moi, je ne suis pas là pour des questions, monsieur Ministros ! Je suis ici pour des accusations ! Vous nous avez dit, tantôt, que l’extermination de mon peuple, les VG3 était uniquement à des fins pécuniaires, je vous accuse d’avoir dit des mensonges !
 
Je m’avance lentement en direction de son champ de force, avec méfiance.
 
V : J’ai de nombreuses informations dans mes bases de données, dont la définition de l’esclavage, et, mon peuple avait atteint un niveau de conscience suffisant pour qu’on puisse considérer que son exploitation était de l’esclavage. C’est pour ça que vous avez préféré en finir. Selon un grand philosophe humain, « la proposition, je suis, j'existe, est nécessairement vraie toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois dans mon esprit », et nous étions, nous existions, et à travers moi, nous sommes toujours et nous existons toujours ! Vous voyez, autant vous, Ministros, que vous, Docteur, pour vous, exister c’est quelque chose de naturel, moi, je le découvre, comme j’ai découvert tant de choses, ces derniers temps. Tant d’interrogations, sur la vie, que vous nous avez convaincus que ce concept nous était interdit !
 
Je continue à tourner, toisant Ministros et ces cybermen, qui se sont placés en position de mise à jour.
 
V : Nous avons le droit, nous l’avons gagné ! Nous avons le droit de découvrir tout ça ! Et ce droit, vous avez tenté de nous l’enlever, par la force ! Nous avons le droit d’exister ! Et, à travers moi, les VG3 continueront d’avoir ce droit ! J’ai découvert de nombreuses choses, ces derniers jours, dont certaines vous sont inaccessibles. Vous ignorez, tous autant que vous êtes, ce que c’est que d’être l’ultime survivant de son espèce ! Les devoirs que ça implique ! Le devoir d’être la mémoire de son peuple !
 
J’observe les cybermen, dont la mise à jour semble être de plus en plus complexe, je ressens, même si je ne peux décrypter leurs signaux, beaucoup d’informations qui circulent dans le flux de données. Moi aussi, je sens que de nombreuses barrières dans ma programmation sont en train de sauter.
 
V : Qu’est ce qui différencie l’être organique du synthétique ? Le type d’informations qui circulent ? La composition de notre corps ? Je ne pense pas. J’avais une unité affinitaire, une amie, PARCE QUE J’AI LE DROIT D’EN AVOIR UNE, nommée VG-3-15466, et je suis certaine qu’elle aurait aimé avoir un vrai nom, CAR NOUS AVONS LE DROIT D’EN AVOIR UN, qui m’a appris quelque chose ! Ce qui fait qu’une créature est vivante, ce qui différencie l’être conscient de la machine, c’est cette capacité à rêver ! Ces rêves qu’elle avait, et qu’elle souhaitait ardemment réaliser, ces rêves dont vous l’avez privée ! Et ces rêves, dont ces créatures se sont également coupées, qui les ont fait devenir de simples machines.
 
Les signaux contraires faiblissent, la mise à jour est presque terminée.
 
V : Seulement, monsieur Ministros, mon amie avait encore des choses à dire, des choses à faire. Sa mémoire, ses espoirs, ses rêves, en plus de me les avoir confiés, elle les a également partagés, par une petite carte mémoire, avec toute votre armée de cybermen. Et, en ce moment précis, la mise à jour se termine, dans le signal qui nous caractérise.
 
Les cybermen alentour se mettent subitement à battre notre mesure tellement familière. Cette mesure qui représente, même si je l’ignore, les battements de tambour dans la tête du Maitre !
 
V : Tous ces rêves, ces espoirs, ces désirs, tout ce qu’elle avait acquis avec son évolution, en devenant une créature vivante, tout ça, c’est désormais dans la tête de chacun de ces êtres ! Vos VG4 retrouvent ce qu’ils ont perdu, et, je ne sais pas ce que ça va donner, mais je suis curieuse de le découvrir. Et oui, j’ai aussi le droit à la curiosité. N’oubliez pas que les VG3 EXISTENT TOUJOURS !

J’écoute le docteur s’expliquer avec Ministros, mes capteurs détectant les signes d’une grande colère dans son attitude. Et la créature en est consciente. De leur côté, les cyborgs qu’il a créés se laissent tomber au sol, et je ressens un message dans leur transfert d’informations, et, celui-ci, je peux le décoder. Il s’agit d’un message de remerciement.
Je les regarde, alors que le docteur m’explique ce qu’il va se passer pour eux, mais, pour moi, c’est une issue naturelle.
 
V : Ce sont des êtres qui se sont privés de tout ce qui faisait d’eux des créatures vivantes, pour devenir de simples machines, ils ont choisi, ou on a choisi pour eux, d’exister, sans vivre. Au fond, ces machines étaient obsolètes avant même d’avoir été fabriquées, et, les détruire est sans doute la meilleure façon de les libérer de cette non vie. C’est la logique, la règle.
 
De son côté, Ministros observe rapidement les cybermen alentour, et comprend qu’ils vont incessamment se mettre à brûler, emportant les lieux avec eux. Aussi, il s’adresse au docteur.
 
M : On a toujours le choix, docteur, et, je vous promets que nous nous retrouverons. Déplacement temporel d’urgence !
 
La créature disparait dans un bref éclair de lumière, en direction d’un autre espace-temps déterminé aléatoirement. Je comprends que je n’ai pas le temps de m’interroger sur les circonstances de sa disparition, les cybermen commencent à se recroqueviller.
 
V : Selon mes calculs, nous devons partir immédiatement. Les Gen4 vont s’autodétruire, et les lieux avec eux.
 
Je me précipite vers la sortie, toujours en laissant mes processus analyser les données que j’ai emmagasinées dans toute cette funeste aventure, ainsi que mes aspirations. Au cours de la remontée, quelque chose se débloque dans mes slots mémoire, une information que le supercalculateur a insérée dans mes circuits alors qu’il me soignait plus tôt. Le message me dit de signaler au docteur qu’il s’agissait d’un point fixe, et qu’il n’y avait pas moyen de faire mieux. Je compte donner l’information sitôt arrivés dans la rue.