Le projet Archange partie 3 : l'Archange

--- Rowenalara ---
 
Jenny et Zezanne se regardent avec stupeur, la planète qu’elles ont en face d’elles, elles en ont beaucoup entendu parler, vu que ce fut le théâtre d’une bataille longue et importante dans le parcours du docteur.
 
Z : Cette planète, que vous avez baptisée Netheria, connais-tu son histoire ?
 
R : Absolument pas, la faille nous a permis d’arriver ici, et le destin a voulu que ce soit une planète abandonnée, victime de massacres et de barbarie. Alors, nous avons décidé de nous y établir, ce qui, finalement, n’était pas une mauvaise idée. Apparemment, tout le monde évite la zone.
 
Z : En effet, suite à cette guerre, la galaxie dans laquelle nous nous trouvons est plus ou moins interdite. Ou plutôt, les races évoluées de l’Univers n’osent pas venir ici, comme si elles craignaient la colère des spectres de Trenzalore.
 
R : Alors, c’est ainsi que cette planète s’appelait, à l’origine ! Mais, ça n’a guère d’importance, désormais, c’est la terre des Skaldes, et c’est notre planète Netheria.
 
J : Pour la petite histoire, la guerre qui a ravagé cette planète, c’est au cours de celle-ci que le docteur que tu as rencontré est apparu. L’incarnation entre les deux s’est battue ici, pendant longtemps, et a fini par s’éteindre, remplacé par le docteur que tu connais. Mais, ça explique certaines choses, la faille que tu as traversée, avec ton peuple, c’était certainement celle que les gallifreyens ont ouverte pour rendre de l’énergie régénératrice à mon père, et vous avez pu vous engouffrer là-dedans, et avez certainement atterri là, juste après sa régénération, cette régénération qui a mis un terme à la guerre.
 
J’apprends des choses sur l’histoire de ma planète, ainsi, le docteur est déjà venu ici. Mais, la bonne nouvelle, c’est qu’il a des souvenirs pénibles, et qu’il sera réticent à venir me poursuivre dans ce secteur de l’espace/temps. Mais, pour le moment, ce qui compte, c’est l’Archange.
 
L’odysséus arrive en orbite de la grande station stellaire nommé Minas Tirith, et j’amorce une manœuvre pour me poser sur la plate-forme principale. Puis, nous en descendons, et entrons dans un long couloir.
 
R : Ne faites pas trop attention au chantier, nous avons retrouvé ce vaisseau dans un sale état, et nous n’avons pas encore fini de le réparer intégralement. Ca prend des siècles pour mettre en place une telle structure. Mais, la plupart des fonctions sont opérationnelles.
 
Z : Et, ce vaisseau, autrefois, était le siège du complexe papal, et servait de base opérationnelle à Tasha Lem et son ordre, puis, à l’ordre du Silence.
 
R : Je serais curieuse d’en connaitre l’histoire, tu me raconteras ça, à l’occasion. Je suis toujours curieuse d’apprendre des choses. Et, ça m’évitera de me poser sur la station à la mauvaise époque, ça ferait désordre.
 
J : Surtout qu’à l’époque de Lem, la norme ici, c’était de venir intégralement dévêtu.
 
R : Ah oui, pas des plus pratique, quand on veut garder une arme sur soi.
 
Z : C’est clair !
 
Et, nous arrivons au grand ascenseur, qui nous emmène dans les profondeurs du vaisseau, en direction des laboratoires. J’observe mes copines, qui m’ont manquées, en plus de 1200 ans de séparation. Je me sens tellement heureuse de les avoir retrouvées.

 
--- Rose ---
 
Après le départ de mon moi du futur, avec laquelle j’aurais aimé continuer à discuter, pour en savoir plus, et apaiser la sourde rage que je sens au fond d’elle, je m’approche du docteur, et j’entends leur conversation.
 
Pourquoi aurait-elle risqué sa vie pour vous ? La réponse me parait évidente, parce que c’est ce que moi, j’aurais fait. Elle est moi, et je suis elle, elle a beau dire le contraire, elle réagir de la même manière que moi, et aborde les situations de la sorte.
Et puis, je me souviens des paroles qu’elle a eues, sur les seigneurs du temps, qui décident trop, à son goût, de qui doit vivre, ou mourir, certainement qu’elle ne voudra pas commettre la même erreur. Ne pas faire ce qu’elle condamne chez d’autres.
 
Je remarque une sorte de gène dans l’attitude de mon époux, à mon égard, ce qui me blesse. Je lui fais un petit regard de Dalek, et je fais un effort pour ne plus montrer la tristesse et la déception que j’ai au fond de moi, depuis cette horrible révélation.
 
R : Je ne suis pas encore Rowenalara, tu peux te comporter comme d’habitude, je ne souffre pas de la séparation, et tu ne m’as pas abandonnée. Enfin, dans le monde de Pete, mais, c’est une vieille histoire, oubliée et pardonnée.
 
Je l’attrape par la main, et l’entraine dans le Tardis de son futur. Le notre me manque quand même un petit peu. Et, surtout, la présence rassurante qu’il y a habituellement dans cette cabine, qui n’y est toujours pas. Je m’approche du tableau de bord.
 
R : Je peux conduire ? Il faut juste me dire où est ce qu’on va, et je vous y amène. On a une assurance pour les accidents ?
 
J’éclate de rire en les regardant, tous, j’ai l’impression que certains n’ont pas l’air très rassurés de me voir vouloir piloter le Tardis. Et, je me mets à sourire, d’un sourire un peu forcé, mais, je me dis que si moi, la future victime de cette histoire, je peux garder la bonne humeur, les autres ne devraient pas s’enfoncer dans la morosité.

12 : En effet, ce n’est pas ce qu’elle recherche, mais, je me demande ce qu’elle attend de l'avenir, en réalité.  J’ai l’impression qu’elle cherche à faire le bien, mais, à sa manière, elle cherche sa propre voie, mais, je ne saisis pas vraiment celle là. Et, si les Dalek auraient disparu, ce jour là, ça aurait juste été parce qu’elle les traquait, alors qu’eux, ils venaient pour moi. Ca m’étonne quand même qu’elle les ait poursuivis, sans ne rien connaitre de leurs motivations. Ca n’a pas l’air de coller au personnage, elle qui parait toujours avoir prévu le coup, et ne semble pas pouvoir être prise au dépourvu.
 
Je me souviens, autrefois, quand elle et ses compagnons avaient pris un vaisseau mère qui nous menaçait, d’assaut. Est-ce qu’elle aurait quand même, malgré tout ce que nous lui avons fait, veillé sur nous, et fait en sorte de nous protéger ? Nous, les docteurs idiots qui ne sommes pas capables de voir à quel point cette femme est exceptionnelle.
 
Et, je la vois, malgré l’adversité, malgré toutes les révélations sur un avenir bien funeste qui l’attend, sans ne rien pouvoir y faire, qui essaie de sourire, d’apporter un peu de bonne humeur. Je repense à elle, abandonnée derrière ce maudit mur, puis, je la revois lâcher la main du clone metacrisis, et se précipiter vers le Tardis, espérant pouvoir entrer à l’interieur. Abandonnée, une fois, puis, une autre, des souvenirs qui doivent la hanter, et, pourtant, en apprenant qu’elle devrait, une fois de plus, revivre cette situation insoutenable, elle sourit, et veut repartir dans la joie et la bonne humeur. Et, elle souhaite piloter mon Tardis, elle, le grand méchant loup, et l’amie la plus proche de ma cabine bleue, avec qui elle a pu fusionner, et apprendre les secrets.
 
12 : Evidemment, que je te permets de le piloter, des bien moins digne de confiance l’ont dirigé.
 
Je pense, entre autres à Missy, si elle a pu mettre ses pattes sur le tableau de bord, pourquoi Rose n’y aurait-elle pas droit ?
 
A : Mais, de qui parlez-vous ? Il y a quelqu’un qui manque ici ?
 
12 : L’esprit du vaisseau, l’âme du Tardis, depuis le début de cette étrange affaire, elle n’est plus là. Ce qui me parait surprenant. Je ne sais pas si c’est en raison du paradoxe, ou bien qu’elle a d’autres raisons de s’absenter, mais, c’est étrange, elle ne se comporte pas ainsi, d’habitude.
 
C’est alors que Tony apparait, en train de manger des gâteaux, décidément, c’est le péché mignon de la famille. Je lui trouve d’ailleurs un petit air de Rose, à ce moment-là, et, sa façon de répondre, de manière un peu effrontée à son beau-frère, ça devrait plaire à Jenny.
 
A : Qui est cet enfant ? Il aurait vraiment pu tout faire exploser ?
 
Je m’approche de Tony, en fronçant les sourcils, ce qui le fait devenir tout pâle, et reculer d’un pas. Puis, j’éclate de rire.
 
12 : Je ne vois pas trop ce qu’il aurait pu réussir à faire, sans la clé. Sexy n’étant pas là, il n’y a personne pour activer automatiquement le tableau de bord, alors, ce charmant petit garçon tout mignon n’aurait pas pu faire grand-chose. Mais, où est sa baby sitter ? C’est un Tardis, ici, pas un parc d’attraction.
 
Je m’approche de lui, et passe la main dans sa tignasse, le rendant tout ébouriffé.
 
12 : Il faudra lui faire faire un petit détour par la cité des pharaons, très chère Rose, si tu estimes qu’il a été assez sage, évidemment. Après tout, nous avons un peu de temps quand même, à part aller interroger des Dalek, ce qui ne me donne que moyennement envie, nous n’avons pas tellement de choses à faire. En plus, je connais une jeune femme qui ne connait pas non plus, le monde des pharaons, et Tony pourrait lui apprendre ce dont il s’agit. Et oui, Tony, cette brillante jeune femme que voilà, s’appelle Asuka, et elle vient du Japon d’avant le shogunat. Le dixième siècle, pour être précis. Elle ne connait pas tant que ça l’histoire de ce monde
 
Tony non plus d’ailleurs, lui aussi vient d’un autre univers dans lequel le fil des événements n’a pas forcément suivi la même trame.
 
12 : Ah, et Asuka, voici Tony, c’est le petit frère de Rose, un jeune homme curieux, et plutôt brillant, dans son genre.
 
Asuka s’avance vers lui, et s’incline avec respect.
 
A : Je suis enchantée de faire votre connaissance, seigneur Tony.
 
12 : Appelle le Tony, ça suffira, inutile de lui faire attraper la grosse tête.
 
J’éclate de rire, devant l’air dépité du jeune homme, qui a, lui aussi, un visage très expressif, et aussi amusant que sa sœur.
 
12 : Alors, Rose, c’est toi qui pilotes, c’est toi qui décides, Caan, Rusty, ou bien un petit aparté chez les pharaons. Montre à ton frère comme tu conduits bien les Tardis ! Tu as toujours ta clé?
 
J’essaie de me montrer un peu moins morose, même si ce n’est pas si simple, je lui dois bien ça.

--- Rowenalara ---
 
Alors que l’ascenseur descend, lentement, je pense aux choses que m’ont dites les filles. Ainsi, ce serait au cours d’une guerre qui aurais mis en scène le docteur que la faille qui nous a permis de revenir est apparue, ce qui voudrait dire que, finalement, c’est lui qui, même involontairement, m’a permis de revenir.
 
Je souris. Et, les filles semblent se demander ce qui m’apporte ce rictus.
 
R : Je pense à l’ironie de la chose, me dire que c’est le docteur qui est à l’origine de mon retour, finalement, même si ça a pris le temps, et que c’était contre sa volonté, il est quand même venu indirectement, chercher Rose.
 
Puis, je soupire, alors que l’ascenseur arrive à sa destination. Décidément, il faudra que je voie pour faire augmenter sensiblement sa vitesse. Mais, il marche, c’est déjà ça, tous les modules ne sont pas opérationnels, je ne vais pas me plaindre pour si peu.
 
Nous quittons la cabine, et nous engouffrons dans un couloir un peu obscur. L’éclairage n’a pas encore été rétabli dans son intégralité. Heureusement, le laboratoire n’est pas très loin.
J’aperçois un groupe de skaldes qui s’affairent sur une paillasse derrière une vitre, et je les salue d’un signe de tête, sans m’arrêter.
 
R : Ce sont les disciples de Jessie, ils apprennent à maitriser certaines sciences pour aider la scientifique en chef.
 
Puis, nous arrivons devant une grande porte, protégée par un code d’accès, que je tape machinalement, tout en laissant le scanner analyser mon ADN pour m’assurer du droit d’entrer. La lourde porte de rubélium s’escamote alors. Et nous entrons dans les locaux que mon amie hante.
 
La femme brune qui nous y attend est là, devant l’aeration, avec sa cigarette.
 
R : Tu ne devrais pas, tu vas te ruiner la santé.
 
Jessie : Je sais bien, mais, je n’arrive pas à m’en passer, et puis, si je détruis ce corps, je n’aurai qu’à me transférer dans un autre. Depuis le temps que je le fais, de passer de l’un à l’autre dès que l’actuel est trop usé, par le temps, ou le reste.
Elle écrase son mégot, et nous invite à entrer dans son bureau pour parler de l’avancée de ses recherches sur l’Archange.
 
R : Je te présente Jenny et Zezanne, mes deux meilleures amies, des filles vraiment exceptionnelles, les filles, voici Jessie, une scientifique kaled, de Skaro, ancienne consœur de Davros, et au moins aussi douée que lui. Tu peux parler en toute liberté, elles ont toute ma confiance
 
Jessie : Enchantée, mesdames.
 
--- Rose ---
 
Je regarde mon docteur avec de grands yeux écarquillés, puis, j’éclate de rire.
 
R : Aller voir Davros, elle est bien bonne. Et, s’il me prend pour Rowenalara, il se passe quoi ? Et puis, je ne suis pas certaine qu’il nous confierait de bonne grâce, les secrets de son peuple, et nous parlerait avec entrain des défaites cuisantes qu’il a reçu de la part des Skaldes, si défait il y a. Les secrets de Sexy, oh oui, elle m’a confié plein de choses sur toi, tous tes petits secrets honteux, tes petits défauts. Je n’en dis pas plus, ça ne serait plus des secrets, sinon.
 
Je ris de bon cœur, puis, je reprends mon calme.
 
R : Alors, je me souviens que tu as promis à Tony que le prochain voyage serait pour lui, alors, si personne n’a d’objection, cap sur l’Egypte. Oh, et si quelqu’un a une objection, elle est rejetée d’avance ! Allez, Tony, viens ici, que je te montre comment on dirige ce petit bijou. Ce qui aurait été beaucoup plus simple si la maitresse des lieux était là, quand même.
 
Mon petit frère se dirige dans ma direction, après avoir posé ses gâteaux, non sans m’en avoir proposé un que je déguste avec délectation.
 
R : Alors, tu tires cette manette là, pour déverrouiller les freins, ensuite, tu appuies sur ce bouton pour mettre les réacteurs temporels en route, et, en l’absence du petit loup, il faut tourner ces cadrans pour donner la date et le lieu d’arrivée. Evidemment, c’est en Gallifreyen, et je ne parle pas cette langue. Sans l’interface de traduction, c’est moins simple. Alors, on fa faire autrement.
 
Je sors mon tournevis, et compose les coordonnées manuellement grâce à l’objet, et, je reviens à mon speech.
R : Alors, maintenant que la destination est paramétrée, on tire cette manette, et, si le Tardis t’aime, tu vas entendre son petit chant.
 
Le son si caractéristique du Tardis se fait alors entendre, et nous nous dématérialisons. Puis, après quelques secondes de voyage en douceur, nous nous rematérialisons au milieu du site de Guizeth, toujours accompagnés du chant des réacteurs.
 
R : Une fois arrivés, tu penses bien à couper les connectiques, à remettre les freins, et couper le contact. Et, le plus important, remercier mon petit loup pour le voyage.
 
Je récupère ma clé, surtout maintenant que Tony est capable de le piloter, je ne tiens pas à ce qu’il ne fasse de bêtise. Et, je me dirige vers la sortie.
 
R : Et, on évite de se faire remarquer, Tony !

Alors, c’est parti, pour un petit voyage en Egypte, dans le monde des pharaons, et, au moins, cette fois ci, il y a quand même peu de chance d’y croiser Rowenalara ou ses amis, ou un autre fantôme de mon passé. Rose prend les commandes du Tardis, et je reste assez impressionné par la maîtrise qu’elle en a, la relation fusionnelle entre Sexy et elle a dû lui permettre d’entrevoir le fonctionnement de l’appareil et d’en comprendre les mécanismes bien mieux qu’avec n’importe quel cours magistral qu’on aurait pu lui administrer.  Et ce pilotage, en souplesse, et tout en douceur, chose que personne, parmi tous ceux qui ont piloté ce Tardis n’ont réussi à faire. Et pourtant, sans l’interface, le pilotage est à cent pour cent manuel, et, personne, à mon souvenir, n’aurait pu faire un trajet de la sorte, sans anicroche. Je reconnais bien là mon méchant loup.
 
Je m’assois dans un fauteuil, et je ferme les yeux, l’espace d’un instant, et je me coupe de la réalité. Je m’aveugle de la vérité, et j’imagine ce qu’il se serait passé, si Rose était restée en ma compagnie. L’invasion du maitre, et le retour de Rassilon, elle aurait certainement confronté son grand père, et l’aurait raisonné, comme elle a été capable de raisonner beaucoup de monde. La faille, et l’explosion du Tardis, nul doute qu’elle aurait sauvé son amie, sans trop de difficultés. Les trop nombreuses erreurs, errances, coups de colère, caprices, dont j’ai pu faire preuve avec mon visage précédent, je ne pense pas que j’aurais eu une telle attitude, si sa perte ne m’avait pas hanté ainsi.
 
Je laisse couler une larme, un peu abattu par la situation, en me disant que cette séparation a fait deux victimes, parce que tous les choix, toutes les erreurs que j’ai commises dès lors, qui ont amené à la création de Rowenalara, sont autant de blessures que je me suis infligées, et qui ne guériront jamais. J’en veux, à mon ancien moi, je me reproche ce nombrilisme stupide, cet hédonisme aveugle, persuadé que j’étais que, vu que j’allais disparaitre, que c’était ma dernière vie, que je pouvais tout me permettre, mais c’était tellement stupide, tellement puéril, que j’en suis tout honteux.
 
Heureusement, le Tardis arrive rapidement à destination. Et nous pouvons sortir dans le désert et la chaleur de ce fort beau pays. Et mes sombres pensées s’envolent rapidement.
 
12 : Evidemment, que les gardes robes sont conservées, comme si Sexy allait se débarrasser de tout ça.
 
Et, même si je ne devais conserver qu’une seule pièce dans ce Tardis, je garderais la chambre de Rose, en attendant, ou espérant, son retour.
 
J’éclate de rire en regardant Tony qui court et gesticule dans tous les sens avec tellement d’enthousiasme, il me rappelle quelqu’un.
 
12 : C’est marrant, comme il me ressemble, à moi, plus jeune, à courir partout, tout vouloir découvrir, être impatient. La fougue de la jeunesse, c’est quelque chose de beau. Mais, trouver des chameaux, ce n’est pas une si mauvaise idée que ça. Et un pharaon nommé Toutancarton, je n’ai jamais entendu parler d’un tel être. Si j’en crois mes lunettes, nous sommes en l’an 30 avant Jésus Christ, et le pharaon actuel, doit être Ptolémée le quinzième, le dernier pharaon, pour encore peu de temps.
 
J’aperçois, un peu plus loin, une sorte de village. Et, je prends le chemin pour y aller.
 
Pendant que je m’avance dans cette direction, Asuka a eu la présence d’esprit de retourner chercher une réserve d’eau, la petite rusée. Et, elle s’avance, un peu timidement vers ma jeune incarnation, qui vient de se taquiner avec le frère de Rose. On ne croirait pas voir la femme qui, quelques heures auparavant, se dressait face à un puissant seigneur du temps, et lui apprenait les bonnes manières à la façon Bushido.
 
A : Je n’aurai jamais la prétention de remplacer Rose, ni d’être à sa hauteur, mais, quand je vois le docteur aussi triste, aussi nostalgique, j’aimerais faire quelque chose pour l’aider. J’ignore quoi, mais, je ne veux pas qu’il me rende heureuse, qu’il m’exauce mes rêves, et que je reste apathique devant ce qui le tracasse, lui. Mais, que puis-je faire ?
 
Elle fait quelques pas, puis demande, un peu honteuse de poser une telle question.
 
A : C’est quoi un chameau ? Et un pharaon ?
 
Puis, elle se baisse, et ramasse une poignée de sable fin, qu’elle laisse glisser entre ses doigts, un peu étonnée d’en trouver autant. Décidément, à ses yeux, même sa planète lui semble regorger de mystères qu’elle souhaite découvrir, explorer, et se remplir les yeux de toutes ces merveilles pour que, le jour où son heure viendra, elle parte dans regret, heureuse d’avoir pu vivre tous ces bons moments.
 
Puis, elle reprend la route, pour ne pas se laisser distancer par les autres, qui sont déjà en route.

--- Rose ---
 
Je prends les commandes du Tardis, en faisant attention à faire de mon mieux, et ne pas tout casser, mais, je ne m’en sors pas trop mal. En revanche, je n’arrive pas à bien doser l’époque où nous sommes arrivés. Apparemment, nous sommes bien à l’époque voulue par mon frère.
 
Mais, je voulais juste plaisanter, quand j’ai pris les commandes, je ne m’attendais pas à ce qu’avec deux docteurs dans le Tardis, leur égo laisse une jeune femme prendre les commandes. Qu’est ce que ça aurait été si j’avais eu une collision, surtout si c’était une collision avec l’une ou l’autre des versions de Jenny. Je n’aurais pas eu fini de me faire taquiner.
 
R : Et voilà, nous sommes arrivés à bon port.
 
Et, je me retrouve dans mon ancienne chambre, où, rien n’a bougé depuis le temps. Je remarque cependant que quelqu’un a fait attention à veiller à la propreté des lieux, et supprimer la poussière. Entre le tableau dans la bibliothèque, et l’entretien de ma chambre, je me trouve touchée par ces attentions. Rose n’aura pas été complètement oubliée, au moins par ce petit Tardis.
Puis, je remonte, affublée d’une tenue traditionnelle Egyptienne, et je sors du Tardis, alors que mon frère est en pleine taquinerie avec mon docteur.
Je m’approche alors qu’il demande à mon époux ce que je peux lui trouver. Et, celui-ci répond qu’il n’en sait rien. Cette remarque me touche un peu, même si c’est pour plaisanter, il ne comprend pas ce que je lui trouve, alors que nous venons de voir ce que je deviendrai sans lui. Alors, je décide de jouer le jeu, et répondre sur le ton de la taquinerie, pour ne pas plomber l’ambiance.
 
R : Qu’est ce que je lui trouve ? Tu n’as pas ta petite idée, Tony, pour résumer, il a un Tardis, et ça, pour emballer les filles, il n’y a rien de mieux. Qui pourrait résister ? Ce serait comme mettre un enfant devant un magasin de bonbons !
 
Je le regarde, comme si c’était la dernière fois, comme si je ne devais jamais le revoir. Avec le regard de quelqu’un qui ne veut pas le perdre. Puis, je lui souris, et change vite de conversation.
 
R : Se baigner dans le Nil, j’espère que les crocodiles n’ont pas trop faim. Encore qu’une crevette comme toi, ça ne vaudrait pas le coup pour eux de te courser.
 
T : Alors que toi, avec tes grosses fesses, ils auraient de quoi becter !
 
Il me tire la langue, et je lui rends la pareille, et nous partons dans un fou rire. Avant que mon frère n’aille « subtilement » demander des nouvelles de son coup de cœur. Ah, mon Tony, amoureux d’une belle dame du temps. C’est tellement mignon et touchant.
Et le docteur du futur nous annonce que nous sommes à l’époque de Ptolémée 15, si mes cours d’histoire ne sont pas trop rouillés, il s’agit du dernier des pharaons, le fils de Cléopâtre.
 Puis, le docteur prend la route d’un village un peu plus loin, et nous avançons dans cette direction.
 
Mon docteur est en plein conciliabule avec la jeune japonaise, et, je donnerais cher pour être un petit scorpion et aller écouter ce qu’ils se racontent, mais, je ne veux pas interférer dans leur intimité.  Et puis, un scorpion, le frangin serait capable de le tuer pour le mettre dans une collection.
 
Alors que je m’avance, mon frère me rattrape.
 
T : C’est qui, le vieux monsieur ?
 
R : Le vieux monsieur, comme tu dis, c’est le docteur, le même que celui que j’ai épousé, mais quelques siècles plus vieux. Tu vois, quand un seigneur du temps meurt, il ressuscite, avec un autre visage, et une personnalité légèrement différente. Et, entre mon docteur, et celui-ci, il y a eu deux « morts »
 
T : Ca explique pourquoi il y a un autre Tardis, et, pourquoi tu n’es pas là, ou plutôt celle que tu seras plus tard ? C’est pour ça que tu es toute tristounette ?
 
Alors, ça se voit tant que ça que je ne suis pas dans mon assiette ? Il va me falloir faire plus attention.
 
R : Ne t’inquiète pas, tout va bien, et, la future moi, comment dire, nous venons de la quitter.
 
T : Ah, et ça allait bien pour elle ?
 
R : Elle avait l’air d’avoir la santé, en tout cas. Je suis devenue quelqu’un de plutôt brillant, avec le temps.
 
T : Je n’en doute pas, tu es ma sœur, qui me rend fier, la plus mieux bien brillante de l’Univers !
 
J’éclate de rire, alors que nous continuons notre route.
R : Regarde bien, si tu ne vois pas un scorpion caché dans le sable !
 
Et, mon petit frère se met à scruter le sable, et les bordures du chemin, avec beaucoup de curiosité. Je suis heureuse de le voir avec ses petits yeux brillants, visiter la région, et se remplit la tête de beaux souvenirs qui lui resteront dans la tête pour le reste de sa vie. Tout ça me fait un peu oublier les moments difficiles de ces dernières heures.

J’écoute Rose et son frère qui se chamaillent un peu, avec beaucoup de nostalgie, et encore plus de regrets. Cette jeune femme, qui avait une vie agréable, auprès de sa mère, de son petit copain, aussi, même si c’était un véritable idiot, ou pas, certainement l’ais-je un peu méprisé, par simple rivalité. Rose méritait mieux que lui, mieux que moi, aussi, mais, existe-t-il quelqu’un digne d’elle, dans tout le temps et l’espace ?
Je continue d’avancer un peu, plus vite, pour rester en avance sur tout le monde, pour ne pas montrer mon visage, qu’on ne lise pas en moi, tous ces remords que je peux avoir vis-à-vis d’elle.
 
Pendant ce temps, Asuka se retrouve un peu déçue de ne pas avoir de conseil qui lui plaisent pour pouvoir rendre un semblant de sourire au docteur.
 
A : Puissiez vous avoir raison. Et que ça aille vite mieux, pour lui. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de moi, le jour où Rose reviendra, mais, je m’en moque, j’aurai vécu mon rêve avec intensité, et j’aurai été comblée, aussi longtemps que ça aura duré.
 
Puis, ses yeux s’illuminent à l’explication de ce qu’est un chameau. Elle s’imagine avec une sorte de cheval qui aurait deux bosses sur le front, et le grotesque de l’animal, tel qu’elle l’a imaginé, la fait sourire.
 
A : Je suis impatiente de découvrir cet animal, ça doit être plutôt amusant. Et, je suis curieuse de découvrir les coutumes des peuples qui habitent en ces contrées. Comme je le suis de découvrir tout ce que vous, dans votre avenir, souhaiterez me faire découvrir. Et, si j'ai des questions, je n'hésiterai pas à les poser.
 
Elle sourit, et lance, avec légèreté, une poignée de sable fin, au loin, et regarde le motif qui se dessine dans les airs au grès de la légère brise qui s’est levée. Puis, elle se précipite dans ma direction, elle n’oublie pas la demande de ne pas l’abandonner que le docteur lui a faite plusieurs fois, depuis qu’elle a rencontré sa jeune version, sur Zordias.
 
Je m’avance en direction du village, et je pénètre dans celui-ci. Je scanne la région, et, tout me semble naturel, les humains sont des humains, et, aucune trace extra-terrestre, ici, ne semble être présent. Je souris, au moins, nous allons pouvoir profiter du climat, et permettre à Asuka et Tony de s’amuser.
Je pénètre sur la place principale, puis, je me dirige vers un étal, où je récupère quelques fruits locaux frais, puis, je me tourne vers Tony.
 
12 : Allez petit gars, va partager ça avec ta sœur et Asuka, je ne suis pas certain que la petite Bushi connaisse ces fruits.
 
T : Vous.. vous êtes vraiment le docteur ? Le même docteur qui a épousé ma sœur ? Comment avez-vous fait ?
 
Je remarque le double sens de sa question, mais, je préfère répondre dans le sens qui me convient le plus.
 
12 : Pour changer de tête de la sorte ? Ben, je suis mort, et, un seigneur du temps, quand il meurt, il change, et il revient différent. Moi, j’ai changé ainsi, en prenant un visage issu du passé de notre jeune ami, un visage pour ne pas oublier mon rôle, en ce monde.
 
T : Votre rôle ?
 
12 : Mon rôle, celui de sauver, autant que faire se peut, de sauver des vies. Comme j’ai su sauver, grâce à une femme nommée Donna, la vie de celui qui portait ce visage, et de sa famille, lors de l’éruption de Pompei.
 
T : Sauver des vies, c’est aussi ce que ma sœur considère comme une priorité. Et moi, si je peux aider à sauver des gens, moi aussi, je le ferai, comme avec les dragons.
 
Puis, il se précipite en arrière, pour aller partager les fruits avec les filles. Un grand sourire sur le visage. Sacré Tony. Son enthousiasme et son insouciance sont assez communicatifs, et je me sens beaucoup mieux, après avoir parlé quelques minutes avec lui.
 
Puis, je remarque l’enclos d’un chamelier, et, je me dirige dans sa direction. Nous sommes à plusieurs kilomètres d’Alexandrie, sans Alexandra, et nous aurons bien besoin de montures, si nous voulons rallier la capitale, et avoir une chance de faire voir le pharaon et la reine d’Egypte à nos jeunes amis.
 
Asuka prend une datte, et porte le fruit à sa bouche, elle est un peu surprise par le côté très sucré de ce met, et, elle finit par s’y habituer. Et, elle mange le tout, avant de jeter le noyau.
 
A : C’est très bon, décidément, il y en a des choses que je ne connais pas.
 
Puis, après avoir goûté d’autres fruits, elle fait quelques pas en direction des enclos. Et, finit par se figer, en remarquant les chameaux, un peu plus loin, qu’elle reconnait rapidement à leurs bosses sur le dos.
 
A : Oh, ils sont très beaux, et, très différents de ce que je pouvais m’imaginer.
 
Elle se met à sourire, en me rejoignant.

--- Rose ---
 
J’aperçois un scorpion assez imposant, un peu plus loin, sur un talus, et j’appelle le petit frère.
 
R : Regarde, Tony, le joli scorpion.
 
Je lui souris, et nous nous rapprochons, prudemment. L’affreux jojo semble fasciné par la bête, mais ne la touche pas.
 
T : Il est vraiment beau, tout noir. Allez, mon grand, va vite rejoindre ta petite famille qui t’attend.
 
Je sens qu’il tente surtout de se donner une contenance, parce qu’il a quand même peur de ces animaux qui ne sont pas connus pour leur absence de danger. 
 
Asuka est en train de discuter avec mon docteur, et, Tony se précipite en direction de sa version plus ancienne, et, je me retrouve un petit peu seule. Ca ne me dérange pas. Je regarde le scorpion qui s’éloigne, vivant sa petite vie de scorpion, bien loin de nos soucis d’humains.
 
Et nous arrivons au village, et je passe la porte, quelques minutes après le docteur et Tony. Et, mon frère revient avec quelques fruits qu’il partage avec Asuka et moi. Je me grignote quelques baies, du bout des lèvres, je ne suis pas vraiment en appétit, le gâteau dans le Tardis m’a un peu rassasiée. Puis, nous partons en direction d’un parc à chameaux, où Asuka semble être en extase devant ces bêtes. C’est vrai qu’ils sont impressionnants pour quelqu’un qui n’en n’a jamais vu. Et, je la regarde avec un peu d’envie, elle a de la chance, quand même, d’avoir tout à découvrir, d’avoir tellement de motifs d’émerveillements, au côté de mon docteur. Et, je me souviens des paroles de Rowenalara, quitte à être abandonnée, il aurait mieux valu que ce soit pour une personne comme Asuka, pensait-elle. Et, je me demande si c’est juste par colère qu’elle parlait, ou bien était-ce en raison de la noirceur de l’âme de cette personne.
La certitude que j’ai, c’est qu’Asuka me parait être une personne vraiment brillante, intelligente, et bourrée de qualités, au moins, mon docteur ne sera pas seul, dans son avenir.
 
Puis, je remarque que mon docteur est resté tout seul, aussi, je file le rejoindre, en souriant.
 
R : Et bien, beau gosse, on se plait, ici ? On profite de l’atmosphère égyptienne ? On est quand même pas mal, ici, loin de la pollution des ères industrielles. Tu racontes quoi de beau ? As-tu apprécié le voyage en Tardis, ça doit être rare quand quelqu’un t’emmène, et que ce n’est pas toi au volant.
 
Je prends une petite inspiration.
 
R : J’ai parlé un peu à Rowenalara, tout à l’heure, pendant qu’Asuka affrontait Borusa. Apparemment, elle t’a parlé un peu, dans le Tardis, et, elle se sentait un peu coupable de t’avoir envoyé bouler. Elle me donne l’impression de ne pas trop savoir comment se comporter vis-à-vis de toi.
 
Puis, nous nous approchons de l’enclot des chameaux, et je m’en choisis un joli, qui répond au nom de Bonthor, sur lequel je m’installe confortablement. Et nous prenons le chemin de la capitale.
 
Bien assise sur l’animal, je laisse mes idées vagabonder, et, je pense à mon moi futur, ses objectifs, ou mes objectifs futurs, plutôt. Ce qu’elle a pu vivre, et, je souhaite vraiment l’aider, pour m’aider aussi, je souhaite lui donner des raisons de sourire, car, ces raisons, ce seront mes raisons aussi.
 
Et, nous faisons route, en direction d’Alexandrie, Tony s’amuse à faire des embardées à son chameau, et aller un peu dans tous les sens, Asuka semble beaucoup plus sage.
 
--- Rowenalara ---
 
Nous sommes toujours dans le laboratoire de Jessie, où Jenn et elle, discutent des technologies mises en place par la scientifique, et de l’histoire de cette planète, et, j’apprends beaucoup de choses la concernant. J’ignorais qu’ici, une prophétie avait annoncé que ce serait le lieu du tombeau du docteur.  Je comprends pourquoi celui-ci aurait eu du mal à venir ici, et, je me dis que c’est plutôt un bien pour moi. Finalement, je les laisse discuter toutes les deux, et je sors dans le hall, où je me prends un verre d’eau auprès d’une fontaine qui est posée là à cet effet.
 
Je m’assois dans un fauteuil, et je ferme les yeux quelques minutes, hantée par le souvenir du seul homme que je n’aimerai jamais, mais, qui m’a abandonnée pour une je ne sais pas quoi.
 
Je rouvre les yeux, la lumière de ce hall tremblote un peu, la puissance de ce vaisseau n’est pas encore optimale, mais, je distingue, en face de moi, une silhouette, celle de la toujours aussi discrète, Zezanne.
 
Z : C’est plutôt sympa, ici, mais un peu impersonnel. As-tu un petit pied à terre sur la planète ? Quelque part que tu pourrais véritablement considérer comme ton petit chez toi ?
 
R : Oui, j’ai un petit pavillon dans une forêt, proche d’une cascade. Lorsque le jour sera levé, je te ferai visiter, ce n’est qu’une question de quelques heures.
 
Z : Oui, ce sera peut-être mieux, au moins, tu pourras récupérer un peu, tu m’as vraiment l’air vannée.
 
R : Oui, quelques heures de sommeil, ce ne sera pas de trop, surtout que je vais avoir le projet Archange à commencer, dès que possible, et que je risque d’avoir besoin de toute mon énergie.
 
Z : Oui, alors, tu veux y aller tout de suite ? On visitera à ton réveil alors.
 
Elle me tend la main, et m’aide à me relever, et, nous nous dirigeons vers la plate forme de téléportation, en laissant Jenn un peu derrière nous.

Nous voyageons tranquillement à dos de chameau, et soudain, la version jeune de moi se lance dans une course avec Rose. Il se retrouve immédiatement suivi par Tony qui a envie de s’amuser aussi. Je les regarde filer comme le vent, alors qu’Asuka se porte à ma hauteur. De mon côté, je n’ai pas envie d’épuiser ma monture tout de suite, nous sommes encore loin d’Alexandrie, et, la pauvre bête n’a pas forcément envie d’un effort intensif.
 
Je lui fais quand même accelerer un peu le pas pour conserver les autres dans mon champ de vision. Puis, Asuka vient se porter à ma hauteur.
 
A : Que se passe t’il ? Qu’on t’ils besoin de fuir ?
 
12 : Le docteur a toujours quelque chose à fuir, parfois je me dis que j’aurais mieux fait de me faire surnommer le fuyard. Et, là, ils ont besoin de s’échapper un peu, prendre quelques minutes de leur temps pour trouver de la légèreté, pour fuir la lourdeur de tout ça. Mon jeune moi n’a pas eu à porter toutes ces années, le fardeau de tant de nos erreurs, même si, lui-même en a de lourds, sur les épaules. Et Rose, regarde la force de caractère qu’elle a, rencontrer son futur, connaitre son avenir, découvrir que ses espoirs sont vains, que son avenir est ténèbres et tristesse, et qu’elle ne peut rien y faire, et, pourtant, à aucun moment, elle ne se laisse abattre, elle continue sa voie, et profite de ces moments, auprès de quelqu’un qui, pourtant, elle le sait, la décevra.
 
A : Pour avoir vu son futur, je ne comprends pas trop, elle va devenir une personne brillante, vraiment admirable, un modèle pour beaucoup de monde. Celle qui a sauvé plus de vies que je ne saurais en compter, et, ça, pour moi, ça compte.  Mais… Elle s’est retrouvée dans une guerre, prise dans le conflit, et, elle a dû en voir tomber des gens à qui elle s’est attachée. Elle aurait dû se détacher de ses compagnons, et, pourtant, avez-vous remarqué, sa remarque à Borusa ? Ce qui lui importait, à ses yeux, c’étaient les enfants du judoon qu’il avait tué. Ce n’est pas une réflexion de vétéran d’une terrible guerre, c’est celle d’une personne qui a su préserver son humanité. Et, cette empathie, ça a dû la faire souffrir, la briser.
 
Je reste silencieux, en effet, elle a vraiment dû vivre l’enfer, pendant que mon incarnation précédente galérait, de son côté. Mais, si elle avait été là, ces galères auraient été traversées ensemble, et plus aisément, j’en suis persuadé.
 
A : Mais, je ne comprends pas, que vous est-il arrivé ? Pourquoi est-elle restée en arrière ?
 
12 : C’est une longue histoire, une très longue histoire… Nous avons été séparés, et j’aurais dû aller la chercher. Cependant, des nœuds temporels, des points fixes ont fait en sorte que je ne puisse le faire immédiatement. J’ai dû m’affronter avec deux des plus pénibles seigneurs du temps, dont le fondateur de notre peuple, le propre grand-père de Rose, et, ça s’est fini par ma régénération. Une histoire dans laquelle je n’ai pas été à mon avantage, et où, sans l’aide de plusieurs personnes, je ne me serais pas tiré. Et, ça s’est fini par la fin de celui que j’étais. La fin de notre douzième régénération, pour en arriver à celle qui aurait dû être la dernière.
 
A : La dernière ?
 
12 : Un seigneur du temps, n’a droit qu’à douze régénérations, soit, treize visage. Celui qui est là-bas, est le dixième visage à porter le nom de docteur, en plus d’une incarnation qui n’a pas été reconnue en tant que tel, et pourtant, s’il y en avait un qui méritait le titre de docteur, c’était bien lui ! Et, il a eu une régénération en cours de route, dans laquelle il a conservé la même apparence. Il a ainsi pris nos onzième et douzième vies, il n’en restait qu’une. Ce dernier docteur avait une mentalité très égocentrique, hédoniste, nombriliste et coléreuse, il se comportait comme un enfant, ce qui change de moi qui raisonne parfois comme un vieil aigri.
 
Je souris un peu tristement, et caresse un peu la tête de mon chameau.
 
12 : Il savait qu’il était le dernier, et que son existence devait s’achever sur une planète nommée Trenzalore, il a choisi d’oublier son passé, et de se contenter de vivre en docteur, en mode amusement. Pour lui, Rose n’était qu’un échec de son passé, et, il n’a pas cherché à la récupérer. Je n’ai pas cherché à la sauver.
 
A : Mais, comment ? Pourquoi êtes-vous là, si votre ancien vous était censé être le dernier ?
 
12 : Treize visage, il fallait treize visages, pour sauver notre planète, Gallifrey, et, en accomplissant cette prouesse, notre peuple a pu nous offrir, en retour, une nouvelle réserve de régénérations. Mais, ça, ce fut grâce à l’intervention de l’une des personnes les plus importantes de mon existance, Clara, la fille impossible. Mais, nous en parlerons plus tard.
 
Je lui souris, et relance mon chameau, suivi par ma jeune amie. Apparemment, Tony a trop fait courir sa monture, et celle-ci semble trainer un peu le pas.
 
12 : Qui veut voyager loin, préserve sa monture, on ne t’a pas appris ça, jeune homme ? Qui veut faire une pause ? Il y a une oasis pas très loin !

--- Rose ---
 
Je le regarde avec amusement, et je lui souris d’un air taquin. Puis, je caresse ma monture.
 
R : Tu as entendu, ma belle, le docteur pense que tu es la plus belle femme de l’univers. Et, je suis d’accord, tu dois en faire craquer des chameaux. Qu’a dit Sexy sur ta personne ? Que, dans certaines circonstances, il t’arrivait de ronfler ? Ou que tu faisais des cauchemars mettant en scène maman ?
 
Je le regarde avec un petit air amusé. J’ai bien envie de le taquiner un peu, moi.
 
R : C’est surtout que nous avons des éléments communs, avec le Tardis, et, j’ai l’impression que le pilotage me parait de plus en plus naturel, qu’il m’est de moins en moins difficile d’appréhender sa conduite, grâce à ça. Et, vu que nous sommes de vraies amies, en plus, elle a pu me confier quelques astuces pour que nos trajets se passent au mieux.
 
Je m’interroge d’ailleurs, est ce que l’autre arrivera à s’entendre avec mon petit loup comme je le fais, est ce qu’elle arrivera aussi à me prendre ça ? Ca m’énerve, tout ça, de ne pas savoir, vu qu’apparemment, je la surpasse sur tout, pourquoi m’a-t-elle remplacée ? Même Rowenalara ne semblait pas avoir de réponse à cette question. Mais, certainement que je la regarderai avec un regard tellement empli de jalousie que je ne saurai être objective.
Puis, il me parle de mon avenir, il se sent comme un souvenir pénible, pour elle, ce que je peux concevoir, même si, pour moi, l’imaginer en tant que tel, c’est une quasi impossibilité. Mais, c’est de mon avenir qu’il est question.
 
R : Je ne sais pas, si quelque chose, ou quelqu’un nous a imposés de venir rejoindre ton futur sur sa ligne temporelle, c’est certainement dans un but précis, et, je pense que, si nous sommes encore là, c’est sans doute que nous aurons encore un rôle à jouer dans cette histoire. Quelque chose en rapport avec ce mysterieux archange, peut-être ?
 
Puis, il lance son chameau à grande vitesse, immédiatement poursuivi par Tony, et je me lance à leurs trousses. Le vent dans mes cheveux me fait le plus grand bien, et la sensation me fait oublier, l’espace de quelques minutes, mes interrogations.
 
Puis, après quelques minutes à grandes enjambées, les chameaux commencent à fatiguer quelque peu. Et, le docteur du futur nous rattrape à son rythme.
 
R : Bon, chéri, je crois que ton destrier était le plus rapide. Félicitations.
Puis, le docteur un peu plus âgé propose de faire une pause pour faire souffler les bêtes, ce qui est une bonne idée, aussi, je me dirige vers l’Oasis qu’il a désigné, et je laisse mon chameau récupérer un peu, et j’en profite pour me désaltérer un peu, moi aussi. Non sans avoir donné à mon docteur le bisou qu’il m’avait demandé un peu plus tôt.
 
Alors que je m’éloigne, mon très cher petit frère s’est approché de mon docteur, avec une question qui lui brûle les lèvres.
 
T : Docteur ? Depuis tout à l’heure, je ne fais qu’entendre le mot Rowenalara, ça veut dire quoi ?
 
Je prends encore quelques minutes, de mon côté, au bord de l’eau, en faisant attention à ce que mon petit lutin ne vienne pas me pousser, ou m’éclabousser, ce serait dommage d’abimer mon joli vêtement. Mais, le frangin est parti discuter avec mon docteur. Je n’entends pas leur conversation, mais, je suppose qu’il doit encore chercher à se renseigner sur Jenny, il est tellement mignon.
 
--- Rowenalara ---
 
Nous finissons par nous téléporter sur mon monde, devant mon petit pavillon, dont je fais faire une rapide visite à Zez, avant que nous n’allions dormir. Jenny finit par nous rejoindre, un peu plus tard, mais, je ne m’en rends pas compte, plongée que j’étais dans les bras de Morphée.
 
Encore un sommeil empli de rêves bleus, bleus comme la boite qui me manque tellement, et l’homme qui la dirige avec. Toujours les mêmes rêves pénibles, depuis que je suis revenue, que Maldovar m’a appris cette horrible nouvelle, les mêmes images qui me hantent.

 
--- Rose ---
 
Après quelques temps de repos, les chameaux ont retrouvé leur pleine forme, et nous sommes prêts à repartir. Et nous chevauchons tranquillement en direction d’Alexandrie, dont la majesté me saute au visage.
 
R : Le grand phare l’Alexandrie, tu le vois, petit frère ? L’une des sept merveilles du monde.
 
T : Le phare, la bibliothèque, cette ville est magique, c’est pour ça que je voulais venir ici. J’ai déjà étudié la théorie à l’école, alors, la partie barbante, on évite, moi, je veux visiter ce que je n’ai pas vu dans les livres !
 
Et ce lascar remet son chameau en marche, et nous ne tardons pas à nous retrouver dans les rues de la cité. Des rues emplies d’une foule cosmopolite. Je me demande bien ce qui nous attend dans la cité.
J’espère que, pour une fois, notre séjour soit tranquille, j’ai une grande envie de décompression, avec tout ça.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Au moins, cette courte pause aura permis à tout le monde de récupérer un peu, je m’approche de mon jeune moi, en pleine discussion avec Tony, et j’entends la discussion. Je me dis qu’il a eu raison de ne pas lui cacher la vérité.
Mais, à quel moment ais-je merdé ? Quand ais-je bien pu décider que, pour moi, le mensonge devenait la norme ? Était-ce juste l’apanage de son visage suivant, tellement proche de notre septième incarnation sur ce point-là…
 
Puis, je le vois un peu abattu, lâché par un Tony au regard fâché, et, je me décide à m’approcher de lui, pour le réconforter. Lorsqu’Asuka m’intercepte.
 
A : Docteur, je pense qu’il a besoin de rester un peu seul, pour le moment.
 
Je le conçois aussi, et je décide de repartir. La jeune japonaise, de son côté, retourne faire le plein de ses réserves d’eau, pour ne pas être prise de court. Décidément, elle est redoutablement prévoyante, sous ses petits airs innocents, son apparente timidité, je le remarque régulièrement, elle a quelque chose de spécial, cette demoiselle.
 
Et, nous reprenons la route, pour arriver à Alexandrie. Je laisse mon chameau dans l’enclos, suivi d’Asuka, qui semble avoir des regrets de le laisser déjà. Je la rassure en lui promettant que nous les reprendrons au retour pour une autre balade. Et son visage s’illumine.
 Peut-être n’échouerais-je pas avec elle, et qu’elle aura une expérience des voyages aussi longue et agréable qu’elle le souhaitera. Il y en a eu tellement peu de personnes ainsi, qui ont pu me quitter pour vivre leur vie. Puis, nous repartons dans la ville. J’aperçois mon jeune moi, un peu isolé, alors que Rose et Tony, s’éloignent de leur côté. Je propose à Asuka d’aller les rejoindre, qu’ils se retrouvent entre jeunes, tandis que nous, les docteurs, nous pourrons nous balader en tête à tête avec moi-même.
 
Je m’empresse d’aller rejoindre mon jeune moi, et je le prends par l’épaule. En tâchant de lui sourire un peu, même si c’est forcé.
 
12 : Et bien, poto, tu fais bien grise mine. Tu ne devrais pas, tu n’as rien fait de mal. S’il y en a un qui mérite des baffes, c’est plutôt moi, moi, les bêtises, je les ai déjà faites. Laissons les jeunes s’amuser, et allons donc nous boire un verre. S’il y a des choses qui te tracassent, on peut en parler, même si je ne peux pas te promettre de répondre à tout, parfois la mémoire, et le désir de se mentir à soi même, ça altère la réalité des souvenirs.
 
Je comprends sa souffrance, de découvrir ce qu’il va faire, et ne rien pouvoir y changer, ce n’est pas cool. C’est à cause de cette incarnation, de ce visage, et de ses actes, que je n’ai cessé et que je ne cesse toujours de me demander, suis-je un homme bon ? Et, merci à Danny Pink, le prof de gym, de m’avoir aidé un peu à répondre à cette question.
 
12 : Les erreurs, on dit que c’est par elle qu’on progresse, et ce n’est certainement pas faux, mais pour ceux qui les ont subies, les erreurs, quelle importance que l’erreur ne sera jamais commise à nouveau ?
 
Je pense à Rowenalara, quelle importance, pour elle, que le docteur n’abandonne plus personne, après elle, ce qui, en plus ne fut pas vraiment le cas. Surtout qu’il l’a déjà abandonnée plusieurs fois, autrefois, en essayant de se convaincre que ce n’était pas une mauvaise solution. Rose a appris à un vieux vétéran d’une horrible guerre, un homme brisé par ce qu’il croyait avoir commis, un génocide, elle avait pris une incarnation de la colère, pour lui réapprendre l’estime, la compassion, et même l’amour. Et, tout ça pour quoi ? Pour qu’en retour, le docteur lui apprenne la déception, la tristesse, la solitude ?
 
12 : On va éviter de se morfondre, qu’as-tu envie de faire, entre docteurs ? Visiter la ville ? Le phare ? Aller au palais revoir Cléopâtre ?  Il faut en profiter, vue l’époque, il ne doit plus lui rester longtemps à vivre.
 
Je repense à ses derniers instants, qui ne furent pas des plus agréables. Mourir du venin d’un serpent, ce n’est pas la façon la plus douce d’en finir. Heureusement pour elle qu’elle était moins stupide que Mithridate, le roi du Pont. Encore une histoire à laquelle je n’ai pas assisté, il le faudra peut-être, un jour.
 
Pendant ce temps, Asuka rattrape Rose et Tony.
 
A : Puis je me joindre à vous, ou, si vous préférez rester en famille, je peux vous laisser, et aller visiter la grande bâtisse, là-bas, que j’ai cru comprendre être une bibliothèque. Le docteur voulait rester à se parler entre ses différentes époques, ce que je trouve très compliqué.
 
Elle regarde au loin, des oiseaux qui s’envolent et se mettent à tourner dans le ciel, en quête d’une proie.

--- Rose ---
 
Mon frère vient me rejoindre, sitôt arrivés dans la cité, et, au regard qu’il me lance, je comprends qu’il a compris pour Rowenalara. Je lui souris.
 
R : Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer. Alors, profitons de l’Egypte, de te permettre de regarder des endroits, des gens que personne de ton école ne pourra jamais observer. Alors, pourquoi se préoccuper de ce qu’il ne s’est pas encore passé.
 
T : Mais, ça ne te dérange pas plus que ça, de savoir que nous sommes accompagnés par quelqu’un qui se fout de ta gueule ?
 
R : Je ne connais pas ses raisons, il n’a sans doute pas eu le choix.
 
T : On a toujours le choix.
 
R : Parfois, le choix qu’on a, c’est entre deux mauvaises solutions, et, parfois, il faut se résoudre à choisir celle qui peut paraitre la moins mauvaise.
 
Je me demande si mon frère est convaincu à un argument avec lequel j’essaie de me convaincre moi-même. Mais, Asuka vient nous rejoindre, je trouve ça sympa de sa part, et, ensemble, nous continuons notre chemin en direction de la grande bibliothèque. Et, une fois sur le parvis, Tony se met à galoper de partout, en observant les enluminures, et les colonnes qui caractérisent cette bâtisse.
 
R : On voit qu’une grande partie a été refaite par les romains, après les dégâts causés par les affrontements des guerres de césar.
 
Asuka me regarde avec de grands yeux ronds
 
R : Jules César, un roi d’un peuple qu’on appelait romain, qui a conquis une grande partie de ce continent. Et, au cours de ces guerres, une partie de cette bibliothèque a été détruite et les parchemins brûlés.
 
A : Et on ne peut pas revenir en arrière et empêcher ça ?
 
R : Malheureusement, on ne peut pas réécrire toute l’histoire, et corriger ce qui n’a pas lieu d’être corrigé. Dans ce cas, c’est le cours naturel de l’Histoire qui s’est déroulé, les humains ont écrit leur propre destinée, il ne serait pas normal de revenir interférer. En plus, si nous empêchions que ça arrive, nous ne pourrions pas savoir quelles seraient les retombées à venir sur l’évolution du monde, qui irait peut-être dans un mauvais sens, un sens dans lequel la personne qui aurait changé cet évènement ne serait pas née, et n’aurait pas pu créer ce changement, ce qui est un paradoxe et interdit par les lois du temps.
 
Pendant ce temps, mon frère est entré dans la bibliothèque, et il commence à fureter un peu entre les étagères. Et, il finit par se saisir d’un papyrus, et commence à le regarder. Il reste très étonné de comprendre le texte écrit sur la feuille, et, il se fait plaisir de découvrir des choses. Tony joue les fortes têtes, en apparence, mais, en réalité, c’est un jeune homme qui aime apprendre.
 
Finalement, il se dirige vers un office, sur l’aile est, alors qu’au même moment, Asuka et moi, entrons par l’entrée principale. Et, je me régale de voir la jeune femme observer les lieux avec tant d’émerveillement que c’en est touchant.
 
Tony, de son côté, va pour passer la porte, lorsqu’il remarque un jeune de son âge, assis sur un banc, dans un coin discret qui le hèle.
 
? : Hey vous !
 
Tony s’approche
 
T : Oui, je peux faire quelque chose pour vous ?
 
? : Vous êtes fou de vous promener ainsi dans ces lieux ?
 
T : Mais pourquoi ?
 
? : je ne sais pas d’où vous venez, mais, dans ces contrées, les gens qui ont votre couleur de cheveux, ils sont exécutés. Venez avec moi, nous allons faire ce qu’il faut.
 
Et le garçon emmène Tony dans l’arrière salle, et dans des couloirs sombres. De mon côté, je commence un peu à m’inquiéter de ne pas retrouver ce garnement. Mais, nous ne sommes pas en terres hostiles, normalement.
 
R : C’est assez grand, ici, mais mon frère n’est pas totalement idiot, il réapparaitra bien à un moment ou l’autre.
 
Je sors quand même mon tournevis, discrètement, en quête d’une menace, mais, pas trace d’activité suspecte, de plus, Tony semble s’affairer dans une salle annexe. Et, je continue à visiter, sans trop faire attention, sur le moment, aux deux hommes en costume noir qui semblent chercher quelque chose, ou quelqu’un en ces lieux. Asuka, de son côté, a suffisamment d’expérience guerrière, pour reconnaitre un assassin quand elle en voit un. Et, elle décide de me fausser, elle aussi, compagnie, pour filer ces deux hommes qui ne lui disent rien qui vaille.
 
--- Rowenalara ---
 
Je me réveille, après un sommeil agité, et je remarque une présence. Je saisis mon arme et mets la silhouette en joue
 
J : Doucement, ce n’est que moi, tu avais un sommeil agité, et tu as crié plusieurs fois, aussi, je suis juste venue auprès de toi, te tenir la main.
 
Je me réveille un peu plus, de toute manière, l’aube va bientôt se lever. Et, j’emmène mes copines faire un tour au niveau de la cascade, se détendre un peu dans l’eau chaude des lieux. Et, quelques minutes plus tard, nous barbottons tranquillement. Ces moments passés ici, me rappellent mon voyage de noce, l’époque où je pensais que mes rêves se réalisaient enfin.
 
Z : Es tu certaine de la faune et la flore, ici ?
 
R : Evidemment, la planète était dans un état catastrophique, à notre arrivée, et nous avons dû importer des animaux et des plantes depuis d’autres planètes. Tout ce qui est ici animaux et végétaux, c’est nous qui l’avons planté ou déposé. Regarde les champs, là bas.
 
Un troupeau de tricératops paît tranquillement un peu plus loin.
 
J : Je me souviens, en effet, ton histoire d’amour avec un tricératops, sur la Terre du crétacé.
 
Je lui souris, même si, ce sont les souvenirs de Rose, qu’elle évoque, pas les miens. Et, je replonge un peu dans l’eau, aux reflets pailletés, rapidement imitée par mes deux comparses. Qu’est ce que ça fait du bien, parfois, de se détendre sans craindre de voir débarquer un Dalek, un Tardis, ou je ne sais quoi.

Je m’installe en face de lui, en humant l’arôme de la boisson, en effet, si elle est à moitié aussi bonne qu’elle sent bon, ça sera un délice.
 
12 : En ce moment, j’ai l’impression de subir les évènements, bien plus que d’habitude, et ça m’énerve. D’habitude, j’ai toujours un espoir, une petite idée de quoi faire, mais, là, depuis que nous sommes arrivés sur Zordias, c’est incompréhensible, j’ai l’impression d’être un spectateur, que toutes les décisions, tous les évènements sont décidés par d’autres, et que je dois, tant bien que mal suivre le mouvement. Je vois Rose, et son alter ego Rowenalara, pourtant moins expérimentées que nous, et qui semblent maîtriser la situation. Et, que dire d’Asuka ? Cette jeune femme qui a su donner une leçon à deux seigneurs du temps expérimentés. Que se serait-il passé, si nous n’avions pas mis notre nez dans toutes ces histoires ? Et bien, je pense que la ligne temporelle de l’Univers ne serait pas aussi longue, car chacune des personnes que nous avons croisées, qui nous est accompagnées, a été l’espace d’un instant, la personne la plus importante de l’Univers. Que ce soient des personnes qui ont, en apparence, eu un impact fort visible sur notre destin, telle Rose, Péri, voire Sarah Jane, ou des personnes beaucoup plus discrètes, dont tu ne te souviens certainement pas telles Sally Sparrow, ou chacun des échos de la fille impossible. Et, ce sont ces personnes qui nous ont donné l’impression de maîtriser la situation.
 
Je le regarde avec un regard amusé.
 
12 : Encore un petit spoil pour le fun. Te souviens tu du début de nos aventures ? Tu te souviens pourquoi tu as choisi Sexy, et non un modèle plus récent, comme le type 70 que tu voulais prendre au départ ?
 
Et que je piquerai quand même plus tard, et qui sera récupéré par Clara et Ashild’r.
 
12 : De toute façon, la question ne se pose même pas, notre curiosité naturelle ne nous aurait jamais laissé tracer notre route sans nous mêler de tout. Et ce n’est pas fini !
 
Je lui souris avec entrain, puis il me confie sa crainte de décevoir encore du monde.
 
12 : Pour le moment, tu n’as déçu personne, c’est plus tard, que, ton futur toi, se comportera comme un individu sans cœur, en oubliant celle qui lui a tout donné. Celle qui l’a sauvé de tout, des Dalek, des Cybermen, et, surtout, de lui-même. Celle qui l’aura aimé et respecté plus que le docteur, malgré son immense égo ne s’aimera et ne se respectera jamais. Alors, les déceptions, les regrets, laisse les moi, c’est à moi d’assumer ses erreurs, comme toi, tu portes les erreurs supposées du vieil homme qui a combattu lors de la guerre du temps. De ce héros qui était prêt à faire ce qu’il fallait faire, et l’assumer alors qu’il n’était pas possible de faire autrement.
 
Mes pensées se tournent, l’espace d’un instant, vers  cette incarnation que nous avons voulu oublier, alors qu’aucune autre incarnation n’aurait mieux fait qu’elle. Puis, je repense à Rowenalara
 
12 : Rowenalara… Elle doit vraiment nous détester, elle doit penser qu’il n’y a pas de différence entre  Davros, Borusa, ou moi. Chacun pense agir pour le bien, mais, dans notre sillage, il y a des cadavres, des morts, de la désolation. Mais, peut-être que, pour moi, par son arrivée, l’heure du jugement arrive, me retrouver face à la seule personne qui m’ait vraiment aimé, du plus profond d’elle-même, qui a été capable de survivre à tout pour me retrouver, alors que, moi, je traçais ma route, je m’amusais des sentiments d’autres humains, comme Martha, ou Amy. Parce que je savais que, de toute façon, mes cœurs ne battraient jamais pour quelqu’un d’autre qu’elle.
 
Et que le seul véritable « je t’aime » que je n’aurai jamais dit, il aura été prononcé dans le vide, alors que le signal se coupait. Les trois mots les plus importants de toute mon existence, seul le Tardis les aura entendus.
 
Je déguste mon thé, pensif.
 
12 : Après tout, peut-être est-ce ça. La fin de la douzième heure se rapproche, sans doute, et, si je devais être amené à finir en tant que Valeyard, à devenir ce destructeur, elle t’a fait une promesse, te souviens-tu ? Rose t’a promis que vous l’affronteriez ensemble. Peut-être est ce qu’elle réapparait maintenant, parce que ce moment approche. Et, qui d’autre qu’elle pourrait bien sauver l’Univers d’une telle menace ? Qui d’autre qu’elle pourrait juger et atteindre le Valeyard comme elle a été capable d’atteindre le cœur d’un vieux seigneur du temps endurci par la guerre ? Et, même, s’il n’y avait pas d’autre choix, si je devais périr une bonne fois pour toutes, que ce soit de la main de celle que j’ai blessée, à hauteur de l’amour qu’elle m’a donné. Ce serait justice que ce soit elle qui me juge, et m’administre le châtiment final.
 
Si ce moment, inéluctable doit arriver, en effet, je préfère que ce soit de sa main, plutôt que de celle d’un Dalek anonyme, ou d’un cyberman. J’avais pensé, que ce serait amusant, que nous partions, définitivement, ensemble, le Maitre, et moi, dans un dernier duel, mais, de sa main à elle, ça me semblerait être, quelque part, une forme de rédemption.
 
Je finis mon thé, et je me relève. Je me suis vraiment régalé.
 
12 : Bon, ce n’est pas tout ça, mais, si la douzième heure touche à sa fin, autant en apprécier chaque minute, et si ce n’est pas le cas, autant en profiter aussi. Où souhaites tu aller ?
 
Je regarde en direction du grand phare, de la cité imposante. Une preuve du génie humain, quand ils s’en donnent les moyens.

--- Rose ---
 
Je tourne la tête, après quelques secondes, pour me rendre compte qu’Asuka n’est plus là non plus, décidément, ça commence à faire beaucoup, les docteurs, Tony, Asuka, maintenant, tout le monde m’a abandonnée, subitement. Je finis par être agacée, et j’envoie un petit message à mon docteur pour savoir ce qu’il fait, puis, je sors de la bibliothèque, et je me dirige machinalement vers le phare, qui me semble être sympa à visiter. Et, comme le palais n’est pas loin, je pourrai faire d’une pierre deux coups.
 
Je laisse mon esprit vagabonder, quelque peu, je repense à ma rencontre avec le docteur, celui qui avait de grandes oreilles, et ce qui fut, pour moi, une renaissance. Puis mes pensées se tournent vers ceux que j’ai rencontrés, que ce soient des gens comme Harriet Jones, comme Jack Harkness ou d’autres. Et, pendant ce temps, je marche tranquillement, jusqu’au moment où, j’aperçois, un peu plus en contrebas, de l’autre côté d’un canal, deux hommes encapuchonnés de noir, qui s’avancent inexorablement vers un duo de jeunes hommes. Et, au loin je remarque que l’un des deux est mon très cher petit frère.
 
Tony, de son côté, s’est carapaté avec son nouveau copain, et, finalement, ils sont allés se cacher dans un quartier plus du genre de cour des miracles. Un endroit où on ne risque pas d’être chassé si on est différent, et, où il est assez facile de disparaitre, et de trouver des solutions pour ne pas être mis en danger. Puis, après avoir demandé l’aide d’un teinturier, l’ami de Tony l’a emmené, le temps que celui-ci prépare son matériel, se poser au bord du Nil, à observer des crocodiles qui paressent un peu au soleil. Tony s’amuse de les voir bailler, qui semblent tellement amorphes, alors qu’au moindre signe d’une proie, il sait que les créatures vont se précipiter avec une rapidité insoupçonnée.
 
Son ami lui apprend qu’il s’appelle Caius, et qu’il est le fils d’un soldat romain, et d’une femme originaire de la cité d’Alexandrie. Ce qui ne choque pas trop le jeune homme, qui lui répond que, lui-même vient de bretagne, ce qui semble surprendre l’autochtone. La campagne de Bretagne a toujours été un bourbier duquel Rome ne s’est jamais dépêtré. Et, ils ne font pas trop attention aux deux êtres suspects qui s’approchent d’eux.
L’un des deux hommes glisse la main sous sa tunique, et saisit le manche d’un poignard, puis il s’avance lentement, en veillant à ne pas attirer l’attention, de Tony et de son jeune ami.
 
--- Rowenalara ---
 
Après quelques brasses, je me sens tellement plus détendue, et prête à me lancer dans le projet Archange. Je ressors de l’eau pure, et me rhabille tranquillement. Puis, je retourne dans la maison, préparer un petit déjeuner.
 
J : Toi et la nourriture, on ne te changera pas ! Sacrée princesse !

R : Et oui, une Skalde, ça bouffe presque autant qu’une humaine.
 
Nos regards se croisent, et nous partons dans un petit fou rire. Et, après quelques minutes de complicité, je finis par reprendre mon serieux.
 
R : Alors, as-tu sympathisé avec Jessie ? C’est la personne la plus intelligente, scientifiquement, qu’il m’ait été donné de rencontrer, et, honnêtement, je suis heureuse de l’avoir dans mon camp.
 
Zezanne apparait, elle aussi, j’ai du mal à ma faire à ce visage, mais, ça lui va plutôt bien, à la nouvelle architecte des ombres.
 
Z : Si, quand je suis partie sur Schouffan, enquêter sur des expériences contre-nature, on m’avait dit que ça allait se finir en soirée en famille, je ne l’aurais pas cru, surtout avec ma grand-mère préférée. Mais, si, en plus, on m’avait dit que j’allais aller passer du bon temps sur Trenzalore, ou plutôt Netheria, alors là, j’aurais envoyé celui qui m’aurait dit ça, directement chez un psy !
 
R : En effet, c’est assez déroutant, moi non plus, je ne me serais pas attendue à vous retrouver, lorsque je suis partie chercher des cristaux sur la planète Zordias. Cette quête de cristaux qui m’a amenée à Chouffan.
 
Z : Et, ces cristaux, ils servaient à quoi ?
 
R : C’est pour le projet Archange, que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer.
 
Z : Certes, mais, je ne sais toujours pas en quoi consiste ce projet.
 
R : Et, bien, maintenant que c’est presque prêt, je peux vous montrer certaines choses. Si vous souhaitez m’accompagner, je pourrai vous en montrer un peu plus. Alors, direction le labo de Jessie, dans le Minas Tirith.
 
Et, je prends le chemin de la plate-forme de téléportation, que j’active d’un coup de sonique, ce qui me permet d’arriver, toujours flanquée de mes comparses, sur le plateau principal du vaisseau. Un coup d’œil rapide sur le terminal me permet de voir que Biggs et Wedge sont de retour.

En effet, être un être sans scrupules ne serait plus être le docteur, même si, certaines de mes incarnations ont été à la limite, voire au-delà de celles-ci. Notamment les incarnations qui ont précédé la guerre du temps. Peut-être qu’avec un docteur plus conciliant, les choses se seraient passées ainsi, mais, nous ne le saurons jamais.
 
12 : Je ne sais pas si elle en est capable, mais, si le Valeyard se présente, si cette créature, et moi, ne sommes qu’une seule et même entité, ce dont je doute de moins en moins, je ne vois pas qui d’autre pourrait l’affronter, atteindre son cœur, et s’il est possible d’obtenir une solution pacifique contre lui, elle me semble être la seule personne, dans tout l’Univers, à toutes les époques, à avoir une chance de le réussir. En compagnie d’une certaine jolie boite bleue.
 
Je lui souris, à sa question sur ce que je compte faire.
 
12 : Je ne serais pas le docteur, si je fuyais dans une telle circonstance. Le docteur fuit ses souvenirs, il fuit les conséquences de ce qu’il ne peut pas réparer. Mais, si je peux faire quelque chose pour la soulager, pour chasser cette noirceur que nous avons infusée en elle, je le ferai. C’est mon rôle, en tant que docteur. Et, je suis presque certain d’être le dernier, j’ai vu lors du sauvetage de Gallifrey, tous les docteurs sont venus, et, ce visage était le dernier, celui qui a amené les dernières données nécessaires. Alors, à moins que le Temps n’ait encore des blagues à nous faire, je crains d’être le dernier visage.
 
Et, qui sait, peut-être se produira-il quelque chose de différent, la prochaine fois. Quelque chose qui rompe le cycle. Une incarnation qui ne veuille plus être le docteur, comme… Oublions… Ou une incarnation non humanoÏde, comme le fut ma nourrice.
 
Puis, mon jeune alter ego me parle de Cléopâtre. J’éclate de rire.
 
12 : En effet, Rose et Cléo, ça ferait des étincelles. Je n’ose même pas imaginer. Entre ces deux fortes personnalités, ça ne pourrait qu’aller au clash. Ca serait une sacrée joute verbale, et je craindrais pour Rose.
 
La différence entre les deux, c’est que miss Tyler n’est pas une tueuse, et, pour ça, je craindrais plus la reine d’Egypte, qui, elle, n’hésiterait pas à sortir la solution extrême, même si ce n’est pas l’ultime recours.
 
12 : Tu veux une histoire drôle, oui, j’en ai eu quelques unes, dans ma longue histoire. Par exemple, un jour, dans une incarnation précédente, j’étais parti voir ce bon vieux Beethoven, j’ai sonné à la porte, mais, comme il est sourd, il n’a évidemment pas répondu, je suis resté un moment à attendre devant la porte, à chercher une solution. Puis, une incarnation suivante a débarqué, et a tout simplement ouvert la porte. Je n’avais pas vérifié si elle était ouverte.
 
Je le regarde avec amusement, et finis par rire. Je n’oserai pas lui dire que l’incarnation en question, c’était la sienne.
 
Et nous marchons tranquillement vers la bibliothèque, lorsque j’aperçois Rose, un peu plus loin. Qui semble observer quelque chose de l’autre côté du Nil.
 
12 : D’après toi, c’est laquelle, de Rose ?
 
Je m’approche d’elle, sans trop m’inquiéter, ce serait surprenant qu’elles aient toutes deux la même tenue.
 
 
Pendant ce temps, les hommes en noir se sont dangereusement approchés de Tony et son ami. Poignards en mains.
Les deux jeunes hommes les aperçoivent, un peu paniqués, lorsque, soudain, une ombre apparait devant eux, avec une rapidité surprenante, et une jambe vient faucher les appuis de l’un des deux, qui tombe lourdement sur le sol. Le second se précipite sur la silhouette, mais, celle-ci esquive aisément l’attaque, et, d’un redoutable mouvement, le désarme en lui déboitant l’épaule.
 
Puis, les deux hommes encapuchonnés regardent leur assaillant, et se rendent compte que c’est une humaine, d’une race qu’ils n’ont jamais vue, et qui leur parait différente d’eux. Il se demande d’où une telle créature peut provenir, et, comment une si frêle personne aurait pu vaincre de la sorte deux assassins d’élite de leur trempe.
 
H : Etes vous… Un démon du Tartare ?
 
Asuka les regarde avec un sourire, et décide de jouer le jeu, de retourner leurs superstitions contre eux.
 
A : Oui, je suis un démon, un véritable démon, envoyé de l’enfer pour vous empêcher de faire du mal à cet enfant. Alors, vous allez retourner vers ceux qui vous ont envoyé tuer ces enfants, et leur dire que vos Dieux se soucient d’eux, et qu’ils les protègent.  Mais, pourquoi leur veulent-ils du mal ? Vous allez me répondre ?
 
Elle les regarde en prenant un air le plus démoniaque possible, en jouant avec son tantô, en faisant des effets de lumière avec le tranchant très poli de l’arme, qui, en comparaison des glaives grossiers en bronze, des soldats parait être d’une autre époque. Ce qui est le cas, mine de rien, la demoiselle a plus d’un siècle de plus que ses vis-à-vis.

--- Rose ---
 
J’observe le manège de l’autre côté, lorsque je remarque les deux hommes en costume sombre qui avancent vers mon frère et son accompagnateur. Et, je constate avec horreur que ces individus ont saisi des armes.
 
Je me prépare à créer un portail pour les envoyer directement le plus loin possible dans le désert si jamais, ils devaient passer à l’attaque, mais, décidément beaucoup plus vive que tout le monde, Asuka me devance, et les met hors de combat en moins de deux. Je la vois maîtriser ces deux hommes avec une maestria insoupçonnée.
Elle me rappelle un peu ma meilleure amie, dans sa façon un peu féline de se mouvoir, d’agir avec cette vivacité, en épargnant des vies qu’elle pourrait si facilement faucher. Je souris, et je profite de l’énergie entropique que j’ai créée dans le but de générer le portail pour protéger mon frère, pour me créer un accès pour aller de l’autre côté du Nil, en veillant bien à ce que personne ne puisse me voir agir.
 
En vérifiant, je constate que les deux docteurs sont en train de s’approcher, je leur souris.
 
R : Dépêchez-vous, messieurs, on risque d’avoir besoin de nous, de l’autre côté.
 
Je plonge dans le portail, en veillant bien à le maintenir ouvert pour eux, et, je réapparais derrière une pile de bric à brac là où personne ne pourra me voir apparaitre, je n’ai pas envie d’être brûlée comme sorcière. Et, j’entends Asuka se faire passer pour un démon du Tartare. Et les romains, décidément paniqués ne savent pas s’ils doivent s’enfuir. Mais, elle leur pose des questions.
 
Moi aussi, je voudrais savoir qu’est ce qui leur a pris de vouloir s’en prendre à mon frère. Alors, je reste cachée dans ma planque, en maintenant mon portail. Et, l’un des assassins répond d’une voix tremblantes.
 
C : Je m’appelle Camillus Dantoncus, et voici Gracchus Minimus. Nous sommes des assassins d’élite de la garde rapprochée d’Octave.
 
Je me souviens de mes cours d’Histoire, Octave, qui sera connu comme l’empereur Auguste, plus tard, l’homme qui a tué Marc Antoine sur le champ de bataille. Mais, que font t’ils là ?
 
C : Notre maitre veut prendre le contrôle de l’Egypte, et mettre un terme au régime des pharaons. Et, pour ça, il faut mettre un terme à la vie de celui qui représente une menace pour la toute-puissance de l’empereur, le pharaon Ptolémée ! Celui qui est le fils de Cléopâtre, mais surtout, le descendant direct de César !
 
Césarion, je comprends, mais, je ne veux pas accepter que ce jeune homme ne meure juste en raison de son ascendance, je repense à la mienne, et de qui je descends. Je regarde en direction de mon frère, qui écoute la conversation, sans trop comprendre ce dont il retourne. Puis, il tourne la tête vers son nouvel ami, d’un air interrogatif.
 
T : Mais alors, tu serais le pharaon ?
 
C : Malheureusement, oui, les dieux ont voulu que ce soit moi qui hérite de ce fardeau, et, c’est pour ça que, parfois, je m’habille comme quelqu’un du peuple, et je me mêle à la foule, pour avoir l’illusion d’une vie normale.
 
Je regarde Asuka, Tony, et les deux assassins, qui n’en mènent pas large, et, je me demande ce que vont décider les docteurs, après tout, nous sommes à l’époque de la chute des pharaons, et, sa disparition doit être écrite. Mais, je ne vois pas, ni mon frère, ni moi laisser un meurtre s’accomplir, sans intervenir.
 


--- Rowenalara ---


 
Après quelques minutes à marcher dans le couloir, nous en arrivons dans une salle ronde aux colonnes apparentes. Sans doute autrefois un vestibule de l’ordre papal. Et je salue quelques ingénieurs qui travaillent sur les réparations de cette partie du complexe.
 
La vie de ces être passe tellement vite que je me doute qu’ils ne verront jamais la fin du chantier, mais, moi, j’essaierai de ne pas oublier leur passage en ce monde. Je conserve d’ailleurs une bibliothèque avec le trombinoscope de tous les ouvriers qui ont travaillé ici. Par respect pour leur investissement à tous.
 
Nous arrivons à nouveau dans l’ascenseur, mais, cette fois ci, au lieu de descendre au niveau du laboratoire, j’active un bouton caché, qui fait apparaitre un scanner. Une fois que je suis analysée, et que mon accès est autorisé, nous descendons dans un étage inférieur.
 
Mes copines doivent se demander ce dont il s’agit, surtout en arrivant dans les locaux. Une sorte de laboratoire secret.
 
R : Voici le projet archange.
 
Ici, les lieux sont totalement opérationnels, et la lumière est presque naturelle, on peut ainsi distinguer une baie vitrée donnant sur un endroit dans lequel une sorte de laser traverse un cristal pour frapper un bloc de roche. Nous passons à côté de cette salle, et arrivons dans un couloir au bout duquel se trouve une porte blindée bien verrouillée.
Je désactive les défenses à l’aide de mon sonique. En me disant que cette protection ne serait que guère efficace en cas d’intrusion d’un docteur fouineur, mais, maintenant que le projet est finalisé, il n’y a plus aucune importance de savoir ce qu’il se trouve derrière.
 
Je déverrouille la porte, en saisissant une série de chiffres et lettres.
 
Z : Encore du haut gallifreyen ?
 
R : L’avantage, c’est que, comme presque personne ne parle cette langue, le nombre de personnes pouvant saisir le code est réduit, et dans ces personnes, peu pourraient le trouver, en plus.
 
Le code, qui est la transposition dans le calendrier de Gallifrey de la date de ma rencontre avec le docteur, date que je ne pourrai oublier, malgré le millénaire écoulé. Seul le docteur pourrait le saisir, mais, je me doute que, pour lui, cette date ne devait être qu'une parmi tant d'autres, où il a rencontré une personne parmi tant d'autres.
 
Je tire la porte et, la lumière qui s’allume automatiquement nous permet de voir ce qu’il se trouve à l’intérieur. Mes compagnes semblent surprises.
 
R : Les amies, je vous présente… L’ARCHANGE !

En observant Asuka qui semble bien contrôler la situation, je me demande si ma présence est si nécessaire que ça. En voyant ces personnes, Asuka, Rowenalara, Jenny, Zezanne, et, dans une moindre mesure, Kal, toutes ces personnes qui prennent le relais de l’œuvre du Docteur, en tellement mieux que nous. Toutes ces personnes qui ne sont pas la tempête, la bête ou tant d’autres noms qui nous ont été attribués, par crainte de ce que le Docteur peut représenter, dans toute sa fureur, je me sens comme un vieil outil devenu obsolète remplacé par une nouvelle génération plus performante, et moins dangereuse.
 
Je m’approche du portail créé par Rose, et m’empresse d’entrer à l’interieur, je ne veux pas que mon grand amour se fatigue trop à le maintenir longtemps. Et je vois avec envie et nostalgie, celui que j’étais l’embrasser. Ces moments me manquent tellement. Mais, ce n’est pas le moment de rêvasser.
 
Et, en écoutant les discussions, j’apprends que le jeune homme avec lequel Tony a sympathisé, n’est autre que le pharaon Ptolémée, né Césarion, fils de Jules César et Cléopâtre. Le destin aime décidément bien jouer à ces petits jeux avec nous.
Asuka vient de mettre en échec la tentative d’Octave de tuer celui qui pourrait représenter une menace pour la naissance de son empire. Je me demande comment les choses vont se passer, maintenant. Mais, aux regards de Tony, et d’Asuka, je comprends que ces deux-là n’ont aucune intention de laisser les choses se dérouler telles qu’elles sont censées se dérouler.
 
Puis, suite à l’intervention de mon jeune ami, je le fusille un peu du regard, Asuka s’est évertuée à se faire passer pour un démon, une créature sortie de leurs croyances, ce qui lui aurait permis de faire un peu ce qu’elle voudrait d’eux, et, lui la présente juste comme une jeune femme. Je tente cependant de rattraper le coup.
 
12 : Apparemment, notre apparence humaine n’est pas utile, ici. Je suis Pluton, tout droit venu des enfers pour protéger ce jeune homme à la grande destinée.
 
Je regarde Rose
 
12 : Voici Vénus
 
Puis mon jeune moi
 
12 : Et Mercure. Vous connaissez déjà notre envoyée, à qui, je suppose, vous n’avez plus envie de faire. Alors, si je puis me permettre un conseil, COUREZ !
 
Je les regarde détaler comme des lapins, en me demandant comment les choses vont se dérouler, maintenant que les assassins d’Octave n’ont pas réussi leur coup. L’Histoire pourrait se réécrire, dans une guerre entre l’Egypte, et l’empire Romain, ce qui pourrait modifier le fil des conquêtes de Rome, et changer complètement le développement du pourtour méditerranéen, et, il y a un risque que ça fasse s’effondrer le cours du temps, si, d’aventure, les choses se passaient différemment. Et, une guerre, des morts, des orphelins, de la souffrance, encore et encore. Mais, encore un dilemme cornélien qui se présente à nous, la vie de cet enfant, ou celle de tous ces gens ? J’ai choisi ce visage pour me rappeler que je dois sauver des vies, et, quelle que soit la solution qu’il faudra que je choisisse, ce sera la mauvaise.
 
Alors que nous nous dirigeons vers le palais, je ressens quelque chose, comme si le temps rechignait à continuer son cours, comme si un paradoxe était sur le point de se produire. Je repense à Rose et son père, par exemple, ou le paradoxe créé par River au lac silencio. Deux boucles temporelles créées par des personnes qui ont voulu jouer avec les lois du temps, sans savoir dans quoi elles mettaient les pieds. Sans se douter de ce qui pouvait se passer en retour.
 
Asuka s’approche de moi.
 
A : Ca va, Docteur ? On dirait que quelque chose vous inquiète.
 
12 : Je ne sais pas, nous verrons, en sauvant le pharaon, tu as modifié le cours des évènements, une voyageuse du temps ne peut pas sauver quelqu’un de manière inconsidérée comme tu l’as fait, là, tu as peut-être brisé la trame temporelle, en sauvant quelqu’un qui devait impérativement mourir aujourd’hui. Nous sommes à la fin de l’ère des pharaons, suite à l’assassinat de César, Cléopâtre doit mettre fin à ses jours après la disparition d’Antoine, et de son fils. En empêchant ça, tu viens de réécrire l’Histoire.
 
A : Il va se passer quoi, alors ?
 
12 : Je ne peux pas dire, le cours du temps peut reprendre en corrigeant de fait cette incohérence, en faisant disparaitre Ptolémée d’une autre manière, dans un autre assassinat, ou par accident. Ou d’une façon qui lui siéra, ou bien, le temps peut se mettre en boucle, s’il ne parvient pas à surpasser le point fixe, voire s’effondrer. On pourrait même voir débarquer les reapers.
 
Nous arrivons sur le parvis du palais, Asuka semble très gênée de ce qu’elle vient de faire.
 
12 : Tu as fait ce que tu devais faire, Asuka, ne te reproches rien, nous trouverons une solution, nous en trouvons toujours. Et puis, un paradoxe dans un paradoxe, c’est une première pour moi, je suis curieux de voir ce que ça peut créer, pas toi, docteur ?
 
Je regarde mon jeune moi, puis Rose, et les deux jeunes. Tony semble déterminé à surveiller qu’il n’arrive rien à son ami, et je le vois surveiller partout. Je me doute qu’Asuka aussi a tous ses sens en éveil, et qu’elle demeure prête à mettre en échec toute autre tentative d’agression sur le garçon.
 
Nous finissons par entrer dans le palais.

--- Rose ---
 
Je me trouve fort flattée que le docteur m’ait comparée à Aphrodite, et, le regard qu’il me porte me conforte dans l’idée qu’il m’aime toujours, que, malgré le millénaire, malgré les autres personnes qu’il a pu rencontrer, il reste mon docteur, et je reste sa Rose. Et, je me conforte dans l’idée que, quoi qu’il arrive, mon rôle sera de ramener Rowenalara à la raison, l’aider à retrouver la Rose qui sommeille en elle. L’aider à me retrouver.
 
Je lui souris, d’un sourire plein d’espoir, pour lui donner confiance, et je le regarde mettre en déroute les deux soldats.
Puis, le jeune pharaon nous regarde avec un air surpris.
 
P : Vous êtes vraiment des dieux ? Des dieux de l’Olympe ?
 
R : Non, nous n’avons rien de divinités, nous sommes juste des voyageurs, nous venons du futur.
 
P : Mais, je vais mourir bientôt ?
 
R : C’est ce que disent les livres d’histoire.
 
Tony intervient alors avec véhémence, tout rouge.
 
T : Alors, nous allons changer ce qui est écrit dans les livres, nous n’allons pas nous laisser dicter notre conduite, juste parce qu’un connard d’archéologue a écrit ça dans un livre, qu’en savait-il ? Il n’y était pas. Je ne veux pas laisser mourir mon pote !
 
Je le regarde en souriant en coin. A l’instar de mon docteur, je vois que mon petit frère déteste les archéologues, et je me demande bien pourquoi. Une remarque du docteur, certainement, lui a mis cette aversion en tête. Et, je me revois, attristée devant la mort de tant de gens à qui je m’étais attachée, et je songe que ce sont devant ces pertes qu’on finit par perdre de vue, ce qu’on est vraiment, et, je veux préserver mon petit frère de cette souffrance.
 
R : S’il y a une solution, et, je suis certaine qu’il y en a une, nous la trouverons, Tony, en attendant, si nous veillons sur lui, on devrait pouvoir le garder en vie.
 
--- Bad Wolf ---
 
Le grand méchant loup regarde la scène, avec étonnement, le docteur a pu voir lors de l’affaire des guerriers de glace, sur mars, que lorsqu’une mort est écrite, dans un point fixe, alors, il n’y a rien à faire pour le contrarier. Et Rose, qui, malgré ce qu’elle a vécu avec Pete/Ymir, semble prête à chercher un moyen de contrer le paradoxe. Et, le Tardis interrompt ses pensées.
 
T : La solution est, ma foi, fort simple, pour moi, et avec tous leurs cerveaux si brillants, je serais étonnée qu’ils ne retrouvent pas le moyen de sauver ce jeune homme.
 
BW : Nous verrons bien, mais, en effet, c’est évident. En attendant, je suppose que la rencontre avec Cléopâtre peut être assez drôle à voir.
 
T : Oui, le spectacle vaut le détour, je suis contente que tu m’aie invitée à assister à tout ça.
 
--- Rose ---
 
Ptolémée se tourne vers le jeune docteur.
 
P : Mère, elle se porte bien, toujours soucieuse, depuis que Marc-Antoine a perdu, et a été tué. Et, trop sur mon dos, à me demander de me comporter en pharaon, à me demander de faire ceci ou cela. Parfois, j’ai l’impression d’être sa marionnette, qu’elle gouverne à travers moi. C’est bien pour ça que j’aime me carapater du palais, visiter les quartiers populaires. Et, jusqu’à aujourd’hui, personne n’avait tenté de m’y assassiner.
 
Il regarde le ciel, pensif.
 
P : Horus, protège-moi, et protège l’Egypte.
 
Puis, il retrouve brutalement son sérieux.
 
P : Oui, elle a toujours les lions que père lui a offerts, mais, désormais, elle a aussi un bassin à crocodiles pour faire disparaitre ceux qui la mettent en colère, les traitres, les espions, et autres.
 
Je le regarde, il semble avoir dit ça avec tellement de détachement, comme si la vie de ces personnes jetée en pâture aux crocos, n’avait aucune importance. Et, je lis dans son regard que c’est le cas. Question de culture, certainement, ainsi que de vécu. Et, voir un jeune homme aussi juvénile se désintéresser de la sorte du devenir du commun des mortels, je trouve ça triste.
 
P : Pour sa voix, oui, toujours sa grosse voix bien aigue, et son long nez. Elle ne change décidément pas.
 
Je manque partir dans un fou rire, en entendant cette remarque. Puis, je regarde ce petit monde se diriger vers le portail du palais de la reine Cléopâtre, et je me demande bien comment notre rencontre avec celle-ci va se passer.
Je grimpe les marches à leur suite.
 
--- Rowenalara ---
 
Zezanne me regarde avec des yeux ronds.
 
Z : Voilà qui explique le terme d’archange, même si j’ai du mal à comprendre quelle est la différence entre celui-là et les autres.
 
Je ne réponds pas, et je fais demi-tour. Puis, je remonte dans l’ascenseur, immédiatement suivie par les deux comparses bien interloquées. Je finis par sortir de mon mutisme.
 
R : Il y a un lien entre elle et moi. Et, je me dois de l’aider, même si c’est la dernière chose que je ferai, je lui dois.
 
L’ascenseur atteint l’étage des laboratoires.