La forêt de la mort

Parfois, j’avais l’impression de ne pas être écoutée, et, là, c’était le cas. Je parlais de mon attitude dépressive de l’époque où j’étais en exil dans l’autre monde, où j’étais proche d’eux physiquement, mais où mon cœur, mon esprit, étaient partis si loin, que je n’avais pas été présente pour voir mon frère grandir. J’aurais dû être un modèle, un guide, et je n’avais été qu’une étrangère.

Il avait raison, Maman vieillissait, et j’aurais aimé qu’elle ait un endroit où finir ses jours en sécurité, loin des dragons, des cybermen, et autres. Mais, au fond, mon monde de naissance était bien pire, avec les Dalek, quelques seigneurs du temps restant, des créatures comme cette galienne, ou la grande intelligence, et même, la créature qui m’avait pris mes traits.

R : Oui, je sais, et je ne me fais pas d’illusions là-dessus, un jour, maman deviendra un fantôme qui veillera sur nous, et te hantera d’autant plus si tu n’es pas nickel avec moi ! C’est un peu ma malédiction, depuis que j’ai absorbé le pouvoir du loup, de ne plus vieillir, je vais voir ceux que j’aime être rattrapés par le grand sablier, sans ne rien pouvoir faire pour eux. Heureusement que tu seras là, parce que je sais que ça va être difficile pour moi.

R : Il me semble que le Tardis a détecté qu’une des personnes échouées dans cet enfer était une de tes connaissances. Je me demande de qui il s’agit, et si je la connais aussi.

J’espérais que ce ne soit pas cette Dana, qui m’avait bien exaspérée dans le vaisseau fantôme.

Puis, nous nous retrouvâmes en face d’un obstacle, avec quelque chose qui brûlait, mais, ce n’était pas une odeur de combustion de bois, et c’était quelque chose qui m’inquiétait un peu. J’avais déjà senti cette odeur, mais je n’arrivais pas à remettre le doigt dessus.

R : Un piège ? Evidemment que ça en est un, est ce que ce serait amusant, dans le cas contraire ?

J’essayais tant bien que mal de détendre l’atmosphère, parce que céder à la morosité, c’était le meilleur moyen de perdre espoir et, dans cet environnement, c’était la dernière chose à faire.

Je regardai le nid, un spectacle que peu de gens avaient dû avoir l’occasion d’admirer, un nid de Vashta Nerada, c’était à la fois horrible, et magnifique. Et, au fond de moi, je ne souhaitais pas devoir tuer ces êtres, certes, c’était des prédateurs, mais, nous étions chez eux, sur leur territoire, et, quelles que soient les circonstances qui nous y avaient amenés, ici, c’était nous, les intrus.
Rester calme, ne pas les provoquer, faire très attention à la combinaison, ne pas la déchirer, et faire ce que nous avions à faire au plus vite. Je me souvins d’une remarque, dans la bibliothèque du Tardis, quand j’avais dit en rigolant que nous pouvions remplir une forêt avec tous les livres qu’il s’y trouvait, et que le docteur m’avait fait une allusion aux ombres carnivores. Je comprenais pourquoi.
Et j’avançai dans la forêt de ronces, en faisant très attention, la moindre petite accroche pouvait être fatale, ce serait un point d’entrée privilégiée pour ces ombres affamées. Puis, nous finîmes par entrer dans le complexe, qui était aussi sombre et silencieux que le reste de la forêt.

R : Je me demande qui a été assez fou pour construire un tel truc sur la terre du Vasha Nerada, pourquoi, et, aussi, comment ont t’ils pu arriver à construire tout ça sans être massacrés.

Je m’avançai dans le couloir, et repris la main de mon docteur. L’atmosphère froide et humide me fit frissonner.

R : On se croirait dans une tombe, une crypte, ou un truc du genre. Je m’attendrais presque à croiser Spike et Drusilla au détour d’un couloir, ils seraient dans leur élément ici, les ombres mises à part.

Je lui souris, en me demandant s’il comprenait l’allusion. Les séries de ma jeunesse devaient lui être bien étrangères. Et, je me dis que si les loups garous existaient dans l’univers, vraisemblablement que les vampires aussi. Sans oublier le Diable, que nous avions eu l’occasion de rencontrer, en compagnie des oods.

Je sortis de mes pensées, et nous continuâmes dans le couloir.

Je rigolai sous cape, en effet, il ne savait pas qui étaient Spike et Drusilla, et nous arrivâmes dans un espace étrange où une créature dont la nature échappait même à mon docteur nous barrait la route. Et, même s’il se mit à faire des plaisanteries sur ce qu’il pouvait y avoir dedans, je ne le sentais pas rassuré.
Je regardai la sphère, en effet, on aurait dit une sorte de cocon tout visqueux, tout répugnant. Mais, si j’avais appris quelque chose de mes voyages, c’était bien que les apparences étaient trompeuses, et je me demandais, pour ma part, ce qu’il pouvait se trouver dedans.
Mais mon docteur proposa qu’on fasse demi-tour, et qu’on tente de trouver une autre entrée, aussi, je le suivis dans le couloir, et nous nous rendîmes dans la forêt, de nouveau, au milieu de ces ombres carnassières. Et, nous avançâmes dans l’obscurité de ces bois.
Au fond de moi, je n’avais pas peur, parce que j’étais avec mon docteur, et, tant que je restais près de lui, je ne craignais rien, aussi, je serrai sa main encore plus fort, quitte à lui broyer les phalanges. J’étais à l’affut de n’importe quel bruit, bien que je sache que les Vashta Nerada, c’était la mort silencieuse. Et j’étais focalisée sur nos ombres, craintive d’en voir une qui n’était pas naturelle.

Je ressentais leur présence, là autour, et j’espérais ne pas avoir besoin de me servir de cette arme, je ne voulais pas leur faire de mal.
Nous avancions sur une espèce de petit chemin escarpé, heureusement, moins de broussailles et de risques de déchirer la combinaison, même si je savais bien qu’il ne me fallait surtout pas baisser ma vigilance, et faire moins attention. Cette tenue était la seule barrière entre moi et des millions de créatures voraces qui me mettraient volontiers au menu.
Nous finîmes par arriver à proximité d’un nouveau nid, toujours d’une beauté sinistre. Et je regardai mon docteur, en attendant de savoir ce que nous devions faire.

Je pris la torche, et je l’éclairai du mieux que je pouvais, puis, je le suivis, avec une grande prudence et une immense attention, et soudain, un cri de mort, glaçant résonna, et je ne pus refreiner un frisson. Et, le docteur m’entraîna en direction des voix que nous entendions, et, en arrivant, nous nous retrouvâmes braqués par des hommes en armes, la chose à ne pas faire.
Je levai quand même les mains, en signe d’apaisement, pour ne pas commettre de bain de sang, et un second homme apparut, et, à ce moment là, j’en restai figée, l’homme que j’avais en face de moi, je le reconnaissais, ça avait été notre ennemi pendant un moment, puis, il avait rejoint notre famille en retrouvant son cœur.
Je ne pouvais quitter cet homme des yeux, mais, comment était ce possible, et, il semblait prendre les choses avec une certaine désinvolture. Et, il parla du truc étrange que nous avions vu un peu plus tôt, et j’étais curieuse de savoir ce dont il s’agissait.

Je n’eus pas le temps de poser la moindre question qu’il montra un squelette proprement nettoyé, du travail de Vasha Nerada, des trucs que je détestais vraiment, mais, qui pouvait reprocher à ces créatures de se nourrir ? Nous étions ici comme des gazelles qui s’aventureraient sur le territoire des lions. Et, nous reprîmes la route, alors que je frissonnai à nouveau.

Et, alors que nous nous dirigions dans les couloirs, je décidai de poser les questions qui me trottaient dans la tête.

R : Un enigm, qu’est ce ? Et, Epsilon, il va falloir que tu nous explique ce qu’il s’est passé, et, comme se fait t’il que nous te retrouvions ici, dans cet endroit étrange, alors que la dernière fois, tu plongeais dans la fissure de la réalité pour m’éviter d’avoir à le faire, et, je n’oublierai jamais ce geste.

Je me disais qu’avec l’obscurité, personne n’avait dû remarquer le joli maquillage que m’avait fait mon frère, et cette pensée m’amusa. Les choses était tellement angoissantes dans cet environnement, que des pensées heureuses, ça me faisait du bien.

Et, je continuais à compter les ombres. Et, je n’en voyais toujours aucune supplémentaire, chez personne, et c’était déjà une bonne chose. Nous ne devions pas être bien loin du générateur. J’espérais qu’on puisse vite quitter cette horrible planète.

Je l’écoutai expliquer ce qu’était un enigm, une légende bien réelle. Mais, au fond, qu’est ce que c’est qu’une légende, si ce n’est un souvenir auquel on a cessé de croire, que, parfois, on romance un peu, mais, qui reste basé sur un fond plus ou moins précis de vérité. J’appréciai entendre parler Epsilon, parce qu’il avait beaucoup de vécu, d’expérience, et qu’il en faisait profiter ses auditeurs, et, même si j’avais toujours cette colère latente au fond de moi, pour Kidan, et pour ses autres victimes, je voulais faire l’effort de lui laisser une chance de rédemption.

R : Et cette créature a t’elle des faiblesses ? Si son regard est aussi perçant, je suppose qu’une lumière vive doit être trop puissante et lui faire du mal, les armes Dalek, certainement, je ne pense pas qu’il existe quelque chose qui y résiste.

Malheureusement, Jenny et son habituel canon Dalek n’était pas là, il allait falloir la retrouver. J’espérais que cette armée lancée à sa recherche progresse bien et qu’on ait rapidement une bonne nouvelle.

Et, étrangement, Epsilon ne répondit pas à ma question sur sa présence ici, peut-être n’en savait t’il rien, qu’il s’était réveillé ici, sans trop savoir. La déesse du temps était parfois capricieuse, et parfois maniait l’humour avec un certain brio. Mais nous venions d’arriver à la porte du générateur.

Le docteur l’ouvrit, et, il me lâcha la main, ce qui ne me rassura pas, mais il avait besoin de sa liberté de mouvement, et je le regardai qui mettait en route les différents éléments du générateur, puis, Epsilon fit une remarque au docteur, qui s’en offusqua, et quitta la pièce.

Je souris, décidément, il se comportait avec son frère comme il le faisait avant, et, de la même manière qu’il le faisait avec Jenny, avec emportement et conflit. Était-ce sa manière de montrer à sa famille son affection ?

R : Sinon, vous êtes arrivés comment sur cette planète, vous avez un vaisseau, je suppose. Et, je suppose aussi qu’il est inutilisable, sinon vous ne squatteriez pas ici. A moins que vous ne soyez à la recherche de quelque chose. Mais vous ne m’avez pas l’air de chercheurs, d’archéologues ou autres, pilleurs, j’en déduis que vous avez été attirés ici par le noyau magnétique de cette planète. Est-ce que je me trompe ?

Je regardai Epsilon et son acolyte, en me demandant où il pouvait avoir rencontré cet homme qui était devenu bien silencieux, depuis que le seigneur du temps lui avait demandé de baisser son arme, et, je me demandai aussi de quelle race il était.

R : Bon, on va rejoindre le docteur ?

Alors, Epsilon, de son côté, semblait avoir encore les souvenirs de son existence, et ça me rassurait, même si je ne comprenais par trop comment c’était possible. Et il me demanda ce qui lui brûlait certainement les lèvres depuis qu’il m’avait aperçue.
Je lui souris.
 
R : Tu n’as pas lieu de t’inquiéter, la dernière fois que j’ai vue Sérénity, c’était sur Terre, à l’époque de la table ronde, elle et Mary ont pris le relais de Merlin, depuis son décès, et, elle va très bien, votre enfant aussi. Elle est brillante, et en plus, très bien entourée, et je n’ai pas de doute qu’à ton retour, elle le sera encore plus.
 
Je me demandais comment j’allais devoir faire, si Sérénity ne se souvenait plus de lui. Mais, je sentais que leurs quatre cœurs étaient tellement liés que, même si le Temps lui-même refusait, leurs liens ne rompraient pas. Mais j’avais encore le fragment du temps, et, je me demandais si je devais lui en parler. Finalement, je décidai de me taire, je ne savais pas vraiment qui était cet homme, et comment il était revenu. Ca aurait pu être un piège de la gallienne, ou de quelqu’un d’autre.
 
Les autres voulurent partir en quête des pièces necessaires au Tardis, et, pendant ce temps, je regardai autour de moi, la pièce du générateur. Et, une idée me vint.
 
R : Ce que je vous propose, c’est que je vous attende ici, non que je ne souhaite pas vous accompagner, mais, je me dis que si les générateurs se coupent, il vaut mieux que quelqu’un soit là pour les faire repartir, ça éviterait de perdre du temps, et de se mettre en danger bloqués un peu trop longtemps dans l’obscurité.
 
Je lançai un nouveau coup d’œil vers les ombres, et, soudain, je saisis mon appareil électrique, et en pulvérisai une qui s’était accrochée à mon docteur, celui-ci me semblait s’être un peu trop agacé et en avait perdu son attention.
Je le regardai avec un petit sourire, et me reculai, comme si de rien n’était. Après tout, c’était naturel, nous veillions l’un sur l’autre. Et, ce n’était pas cette petite bestiole qui allait nous séparer !

Le docteur se montra réticent à me laisser ici, mais, il était quand même plus sage que quelqu’un reste à proximité des générateurs pour les surveiller, être tous loin si ils lâchaient serait une catastrophe. D’ailleurs, Epsilon décida d’aller dans mon sens, en proposant de rester avec moi, même si, je me doutais bien que ce n’était pas par bonté d’âme qu’il souhaitait rester auprès de moi, mais, plutôt parce qu’il avait des questions qui le taraudaient, et, ça tombait bien, j’en avais, moi aussi.

J’aurais bien embrassé mon docteur, mais, avec ces combinaisons, ce n’était pas possible, et, tant qu’elle me protégeait, je ne comptais pas l’enlever. Mais, finalement, j’y fus un peu contrainte, lorsqu’Epsilon déclencha un champ électrique qui fit voler mes cheveux partout dans le scaphandre, et me masqua la vue. Et, comme il affirmait que nous ne craignions rien dans ce champ protecteur, je lui fis confiance.
Et je me retrouvai avec la tignasse qui partait dans tous les sens, entre ça, et le maquillage que m’avait fait Tony, je devais avoir l’air fine, moi. Cette pensée me fit sourire, quel dommage que je n’aie rien pour prendre une photo !

R : Et oui, les relations entre frère et sœurs, c’est pas toujours simple. Il suffit de regarder ce que m’a fait le mien, de petit frère.

Et, je lui montrai mon visage tout peinturluré, ce qui me sembla lui faire sourire. Puis, je me mis à répondre à ses interrogations

R : Suite à ta disparition, je suis allée, comme convenu entre nous, parler à Serenity, qui n’a pas été surprise, ni elle, ni Mary, elles avaient suffisamment d’expérience pour reconnaitre une réécriture de l’Histoire. Et nous sommes parties ensemble chercher l’éclat temporel pour réparer la fissure qui t’avait emmené, et restaurer le temps. Cet éclat se trouvait dans l’autre univers, et, quand nous sommes arrivées là-bas, le monde où était ma mère était attaqué par des créatures draconiques. Ces créatures étaient emmenées par Merlin, qui était sous l’influence d’une gallienne nommée Hennia, et qui contrôlait les dragons, au moyen d’excalibur.

Je m’interrompis pour aller relancer un des générateurs qui me semblait donner des signes de fatigue, et je revins continuer mon récit.

R : Après avoir récupéré le fragment, nous sommes arrivées à attendre le Londres de l’autre monde, et, ça a été la catastrophe, cette Hennia a réussi à prendre le contrôle de tous les seigneurs du temps présents, à l’exception de Serenity, dont tu peux être fier, et de ton arrière-grand-mère qui était restée dans le Tardis de Mary. J’ai tenté de faire face seule contre cette créature, tandis que Serenity occupait Mary, mais je n’ai pas eu le résultat escompté, et Merlin s’est éteint, tandis que cette gallienne s’enfuyait en enlevant Jenny.

Epsilon me regarda avec des yeux étonnés.
E : Tu as tenu tête à une gallienne ? Décidément, mon frère a choisi un sacré numéro ! Tu n’es pas la fille d’Ymir pour rien !

Je rosis légèrement, mais j’avais vu dans son regard que, quand j’avais évoqué le kidnapping de Jenny, il avait été affecté.

R : Et, Merlin s’est éteint suite à cet affrontement. Nous sommes donc retournées à Camelot pour qu’il repose parmi ceux qu’il aimait, et qui l’aimaient, et qu’il ait un dernier adieu digne de sa légende. Et, à ce moment-là, Morgane a tenté d’attaquer, et Mary a voulu y rester pour continuer l’œuvre de son mentor. Serenity et Granma sont restées avec elle. Et nous avons été attirés ici, sans trop savoir comment. Voilà, tu connais le plus gros de l’histoire.

Je scannai les générateurs, et me rendis compte que ces appareils vétustes ne tiendraient pas très longtemps, même avec la meilleure volonté du monde. Une grosse heure, tout au plus, et je tentai d’en renforcer un, celui qui me semblait le plus faible, d’un coup de tournevis.

R : J’ai bien fait de rester ici, là on serait dans le noir, sinon.

Je me joins au fou rire d’Epsilon, puis, après qu’il m’ait parlé de Hennia, je le regardai, intriguée.
 
R : Alors, tu la connais ? Ne me dis pas que tu as quelque chose à voir avec sa création et ses mutations. Et, selon le Tardis, il se pourrait qu’elle ait des liens avec mon… Rassilon, tu crois que ce serait possible, qu’on lui ait injecté des cellules du fondateur ?
 
Je retournai ensuite faire le tour des générateurs, et les renforcer encore, ils chutaient à grande vitesse, décidément. Je m’inquiétais de plus en plus, est ce que le docteur et notre nouveau compagnon allaient parvenir à trouver ces pièces avant que les machines ne se taisent à jamais ?
 
R : Toi qui es un bricoleur de génie, as-tu une solution pour les maintenir mieux ?
 
Je me doutais bien que la ligne temporelle de ces machines touchait à sa fin, et que nous faisions plus de l’acharnement thérapeutique qu’autre chose dessus, mais, ça ne coûtait rien de demander. Je regardai plus en détail la machine que j’avais sous les yeux, et, je remarquai qu’en plus de la rouille, des racines de plantes avaient poussé dans les turbines. La nature reprenait ses droits et il n’y avait plus grand-chose à faire.
J’étais toujours très attentive aux ombres, mais le champ électrique qu’Epsilon avait mis en place me paraissait efficace, en tout cas, je ne ressentais pas vraiment la présence de ces créatures à proximité.
 
Je scannai Epsilon en me retournant, sans m’en cacher, de toute façon, il s’en serait rendu compte, et je remarquai qu’il y avait quelque chose d’étrange, il était comme une sorte de vase communiquant.
 
R : J’ai l’impression que tu n’es qu’en partie dans ce monde, ça explique des choses. Pourquoi personne ne se souvient de toi, tu as été effacé de la réalité, vu que la fissure t’a absorbé, mais, comme tu es encore en partie dans notre univers, je comprends pourquoi le temps n’a pas été totalement réécrit sans toi, et pourquoi, par exemple, malgré que tu sois sensé n’avoir jamais existé, ton enfant demeure en gestation. Parce qu’un lien avec toi-même ténu reste encore en ce monde. Tu es actuellement une source de paradoxe, est ce que je me trompe ?
 
Et, si je ne me trompais pas, l’Univers risquait de s’effondrer, nous le savions tous les deux, il fallait rétablir le temps au plus vite en remettant le fragment.
 
R : Et, il y a autre chose qui me turlupine, cet enigm, si j’ai bien compris, c’est une créature peu évoluée, qui ne doit donc pas maitriser la conquête spatiale. Et, je ne pense pas qu’elle soit originaire de cette planète, sinon, elle l’aurait conquise. J’en déduis que quelqu’un, ou quelque chose l’a déposée ici, je me demande qui, et, dans quel but ? Forcer les Vasha Nerada à l’exil, quitter leur planète et déferler sur l’Univers ? Qui serait assez fou pour faire ça, tout en ne les craignant pas.
 
Une pensée me vint en tête, un Dalek, un qui soit assez fou pour ça, et qui ne craigne ni enigm ni Vasha Nerada, Dalek Stratos. Mais ça pourrait être d’autres créatures toutes aussi barges, comme la Rani.

Je l’écoutais parler de cette gallienne, mais je ne comprenais pas certaines choses.
 
R : Mais, je ne comprends pas, Rassilon connaissait son existence, et, en tant que première née, elle aurait pu prétendre au trône, bien avant Ymir. Rassilon, dans sa folie, et son désir de pureté de sa race, pourquoi l’a-t-il laissée en vie, elle représentait quand même une sacrée menace pour son idéal. Et, par curiosité scientifique, moi aussi, une créature qui a subi de telles mutations, si elle devait être amenée à se régénérer, garderait t’elle les mutations, renaitrait t’elle sous la forme d’une dame du temps, ou d’autre chose ?
 
Je souris en pensant que, si elle avait la possibilité de se régénérer, elle risquait d’en avoir besoin, compte tenu de la quantité de créatures violentes qui avaient désormais une dent contre elle. Et, il me fit une démonstration du pouvoir de l’énergie huon. Je regardai sa petite action avec les yeux pleins d’étoiles.
 
R : Et bien c’est cool, je me coucherai moins bête, ce soir. Je suis toujours ravie d’apprendre de nouvelles choses qui pourraient me servir plus tard. Je serais curieuse de voir à quoi ressemble cet enigm, mais, je préfère ne pas me retrouver en face, je chercherai dans un bouquin. Mais, selon toi, l’énigm serait une sorte de Nerada mutant.
 
A ce moment là, mon docteur revint, seul, l’autre gars avait été choppé par la créature, ce qui me désola pour lui. Mais, je n’avais pas le temps de m’apitoyer, il allait falloir courir. Je remis quand même mon casque, au cas où, l’arrivée prématurée de l’enigm ne voulait pas dire que les vasha nerada allaient nous oublier pour autant. Et, le Tardis était relativement loin, et c’était quand même mauvais signe. Sans compter qu’avec tous ces prédateurs à nos trousses, paniquer et se perdre était la dernière chose à faire.
 
Mais le docteur avait fermé la porte derrière lui, je me demandai comment il comptait nous tirer de là. Surtout que je ne savais pas si je pourrais créer un portail dans ces conditions. Je le regardai, interrogative.

J’atterris dans le Tardis, un peu sonnée, mais, ça allait le faire, et je m’avançai vers la cabine, où le docteur m’expliqua le principe de la décontamination, qui était sensiblement le même que ce que j’avais dans les films de mon monde, films qu’autrefois je trouvais exagérés, et qui, désormais me paraissaient banals. Et, une fois seule à proximité de cette machine, je balançai, à regret, ma tenue de diego de la vega dans l’incinérateur, et j’entrai dans la machine, qui me purgea de tout ce qui n’était pas d’origine sur moi. Y compris mon maquillage et les jolis dessins que m’avait fait mon frère, il allait être déçu.

Je finis par sortir de la machine, et je me rhabillai. Mon petit Tardis avait eu la gentillesse de me donner un joli kimono en soie, super doux et confortable. Et, je ressortis dans les couloirs du Tardis où, bien évidemment, personne ne m’avait attendue. Je supposai que tout le monde devait dormir, ce qui me donna une idée.

Ah, Tony, tu ne m’auras pas deux fois !

Je retournai à la bibliothèque, cette fois ci, et le me posai dans le canapé, après avoir bien pris soigneusement soin de poser un seau de peinture jaune en équilibre sur la porte entrebâillée. Quand il tenterait de revenir me faire des misères, il allait avoir une surprise !
Je me pris un bouquin, que je commençai à feuilleter, tranquillement, j’étais quand même étonnée de trouver un écrit pareil dans la bibliothèque du Tardis, il s’agissait des écrits du professeur Calynis de Skaro, qui relatait ses aventures à l’académie, et les exploits de ses deux plus brillants élèves, Jessie et Davros. Il les comparait aux deux faces d’une pièce de monnaie, la vie et la mort, l’une était focalisée sur le désir de sauver des vies, réparer les dommages de la guerre, l’autre ne cherchait qu’à créer des armes qui feraient le plus de dégâts possible.

Apparemment, Davros avait réussi à tenir son objectif, et je me demandai ce qu’avait pu devenir cette Jessie. Mais la fatigue et les émotions eurent le dessus sur ces interrogations, et je finis par m’endormir d’un sommeil lourd et empli de cauchemars.

Je ne me rendis pas compte que le docteur était passé, ni que, gentiment, mon petit loup avait maintenu le seau en l’air pour lui éviter de tâcher son costume, ni qu’il était venu me mettre un plaid pour m’éviter d’avoir froid, une petite attention qui m’aurait touchée si je m’en étais rendu compte.
 
En revanche, je fus réveillée quelques heures plus tard par un cri. Et, je regardai mon frère, coloré en jaune poussin, en éclatant de rire.
 
R : Je crois qu’on a retrouvé Titi, il est où Silvestre ?
 
T : Oh, z’ai cru voir un gros minet ! Bien joué soeurette, tu gagnes cette partie. Mais la prochaine fois, je t’aurai.
 
Et nous éclatâmes de rire de concert, il était beau joueur, je ne pouvais pas lui enlever ça, mon petit frère. Et je regrettai d’autant plus de ne pas avoir passé plus de temps avec lui dans sa jeunesse, d’avoir plus pris le temps de le connaitre. Mais, nous pouvions profiter de ce voyage pour rattraper le temps perdu.
 
R : Allez, va te laver, et on va voir ce qu’on fait après.
 
T : D’accord, mais avant ça, un câlin !
 
Et il me sauta dans les bras, en me repeignant moi aussi. Finalement, il aurait encore le dernier mot, le chacal. Je retournai à ma chambre, me faire un brin de toilette, en pensant que les deux frères devaient être en train de se marrer à nous espionner sur le terminal. J’en avais oublié mon bouquin sur le sol de la bibliothèque, tant pis, je le récupèrerais plus tard.
 
Je sortis de la douche, toute propre, et ragaillardie, et je filai dans le couloir où mon « adorable » frère ne tarda pas à me rejoindre. Et, ensemble, nous finîmes par revenir à la salle de commandes.
 
R : Coucou, c’est nous. Vous faites quoi, entre hommes ? Et, au fait, où est John ? Encore perdu dans les couloirs ? Ou en train de faire plus ample connaissance avec ta petite fille ?
 
Tony me regarda avec des yeux de merlan frit, ça devait être de famille. Je le regardai avec un sourire.
 
R : Oh, ne t’inquiète pas, c’est ce que je t’expliquais avec les lignes temporelles. Et, là, je t’expliquerai plus tard, quand j’aurai tout compris moi-même. Mais, pour résumer, autrefois, le docteur, a adopté la mère de Zezanne
 
T : Oui mamie !
 
Et il éclata de rire ! Décidément…

Je voyais que le docteur s’affolait, ne pas savoir qui était cet individu l’inquiétait beaucoup. Et, je ne savais pas si je pouvais lui en parler.
 
R : Cet homme est un paradoxe, et je ne peux pas en dire plus sans faire courir un gros risque au continuum temporel. Surtout que je ne sais pas exactement ce qu’il en est. En plus, tant que le temps est blessé, faute d’avoir remis ce fragment en place, je préfère ne rien dire, même si ça me désole, plutôt que de tout casser. Mais, tu n’as pas de raison de t’inquiéter, si tu veux me faire confiance.
 
Et, finalement, le Tardis repartit. Et nous nous retrouvâmes dans l’espace. Je regardai mon petit frère qui ne comprenait rien, qui était cet individu qui venait d’apparaitre dans le Tardis, sans qu’il ne sache trop comment.
 
T : Il s’est passé quoi ? Je ne comprends plus rien.
 
R : Et voilà, c’est ça de se planquer dans un Tardis, on est rapidement dépassé par les événements. Mais je ne te cache pas que c’était pareil pour moi, au début.
 
Encore qu’au début, nous n’avions pas tant de relations que ça, et c’était bien aussi, de ne se retrouver que nous deux. Et, je repensai à cette époque.
 
R : Au fait, depuis mon retour, je n’ai pas eu de nouvelles de Sarah Jane, elle va bien, cette chère amie ?
 
Je me souvenais à quel point c’était tendu entre elle et ma satanée jalousie, mais le talent, et le brio qu’elle avait eu pour réussir à m’apprivoiser.
 
R : Bon alors, je propose qu’on aille remettre ce fragment à sa place, puis qu’on aille récupérer Jenny. J’ai promis à ma maman que dès qu’elle serait en sécurité, je passerai un peu de temps avec elle.
 
Je m’assis dans le fauteuil, en attendant que les seigneurs du temps décident de ce qu’ils voulaient faire, de leur côté. Et, je regardai mon frère qui ne savait pas trop où était sa place.